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Economie, finances et monnaie
Jean-Claude Juncker critique la concentration dans les mains des dirigeants européens du contrôle des politiques économiques nationales voulue par le "pacte pour l'euro"
15-03-2011


Le "pacte pour l'euro", adopté pour accélérer les réformes économiques dans l’UE et surtout la zone euro, n'apporte "aucune valeur ajoutée" et risque d'échouer, a estimé le mardi 15 mars 2011 le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, selon une dépêche de l’agence de presse AFP, à l’issue d’une réunion avec la commission des affaires économiques du Parlement européen.

Le pacte a été approuvé le 11 mars 2011 lors d'une réunion informelle des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro. Le pacte de l’euro poursuit 4 objectifs : renforcer la compétitivité, promouvoir l'emploi, améliorer la viabilité des finances publiques et renforcer la stabilité financière.

Jean-Claude Juncker devant la Commission Econ du PE, le 15 mars 2011 (source: PE)Pour Jean-Claude Juncker, "le pacte n'apporte pas de valeur ajoutée" par rapport à tous les instruments déjà existant en Europe pour garantir la discipline budgétaire et surveiller les politiques économiques nationales. "Tout existe déjà".

Avec cette déclaration, le président de l’Eurogroupe réitère des propos déjà tenus le 11 mars au micro de plusieurs stations de radio, où, répondant à la question de la valeur ajoutée du pacte, il avait répondu avec un mélange d’amertume et d’ironie que s’il y a "valeur ajoutée", du pacte pour l’euro, "c’est que les chefs de gouvernements s’occuperont eux-mêmes de ces dossiers et accéléreront peut-être le rythme des réformes structurelles". Et il avait ajouté : "Mais je ne mettrais pas ma main au feu pour cela."

Et continuant sur la trame de ces déclarations du vendredi 11 mars, Jean-Claude Juncker a estimé que le pacte pourrait échouer, précisément parce qu’il est prévu que les chefs d'Etat et de gouvernement se chargent eux-mêmes au bout du compte de contrôler leurs politiques économiques. "Il n'est pas évident que cela marche, cela dépasse l'horizon du possible", car les dirigeants ne pourront jamais examiner suffisamment en détail les différentes politiques nationales. "Si les chefs d'Etat et de gouvernement s'entêtent à le faire, ce pacte, comme tant d'autres, sera mort-né", a conclu Jean-Claude Juncker.

Contexte : Les grandes lignes du pacte pour l’euro

Renforcer la compétitivité : dans la mire des dirigeants l'évolution des salaires et de la productivité ainsi que les besoins d'ajustement en matière de compétitivité, même s’il  incombe à chaque pays de déterminer les mesures spécifiques à prendre pour renforcer sa compétitivité. Mais les réformes suivantes son prescrites : des mesures qui visent à assurer que les coûts évoluent en accord avec la productivité, dans le respect des traditions nationales en matière de dialogue social et de relations entre les partenaires sociaux, des mesures qui visent à renforcer la productivité

Promouvoir l'emploi : dans la mire des dirigeants se trouveront le taux de chômage de longue durée et de chômage des jeunes, et taux de participation au marché du travail. Parmi les réformes recommandées celle du marché du travail destinées à favoriser la flexisécurité, à réduire le travail non déclaré et à accroître la participation au marché du travail; l'éducation et la formation tout au long de la vie; les réformes fiscales, par exemple la réduction des charges fiscales pesant sur le travail, afin de rendre le travail financièrement attrayant tout en préservant le niveau global des recettes fiscales, et les mesures destinées à faciliter la participation au marché du travail des personnes assurant une seconde source de revenus.

Améliorer la viabilité des finances publiques : dans la mire des dirigeants se trouvent la viabilité des retraites, des soins de santé et des prestations sociales qui seront évalués en fonction du niveau d'endettement qu’ils peuvent générer en fonction des facteurs démographiques. Les réformes prônées consistent à adapter les systèmes de retraite à la situation démographique nationale, en adaptant l'âge réel de la retraite à l'espérance de vie ou en accroissant le taux d'activité, en limitant les régimes de préretraite et prendre des mesures initiatives appropriées pour l'emploi des travailleurs âgés (notamment les travailleurs de plus de 55 ans). Dans la mire des dirigeants se trouveront aussi les règles budgétaires nationales qui reprendront les règles budgétaires de l'UE figurant dans le pacte de stabilité et de croissance.

Renforcer la stabilité financière : dans la mire des dirigeants se trouvera le secteur financier, pour qui une réforme globale du cadre européen de supervision et de régulation est en cours.