Pour Robert Dennewald, le Luxembourg doit miser en matière d’énergie et d’environnement "sur la sécurité et le réalisme". L’approvisionnement électrique à un prix compétitif et la réduction des gaz à effet de serre sont des sujets de préoccupation pour l’économie luxembourgeoise.
Dans ce contexte survient la catastrophe de Fukushima qui a selon Robert Dennewald "incité les décideurs politiques dans plusieurs Etats européens à reconsidérer leur attitude à l’égard de l’énergie nucléaire". En Allemagne, le programme de fermeture des centrales nucléaires va être accéléré. Dans d’autres pays européens, des projets nucléaires en cours "sont susceptibles d’être retardés, voire abandonnés".
Pour le patron des patrons luxembourgeois, ce genre de nouvelle option en matière de politique énergétique "doit s’insérer dans le contexte plus général du bon fonctionnement de notre société et de son économie". Bref, il pose deux questions : la sécurité des approvisionnements en énergie et leur compétitivité-coût et avance "quelques réflexions autour du futur paysage énergétique et de ses interrelations avec la politique climatique de l’Union européenne".
D’abord un constat et l’hypothèse à la base de prévisions: "Le nucléaire représente aujourd’hui quelque 28 % de l’énergie primaire allouée à la production d’électricité au sein de l’Union européenne. Les prévisions de l’Union européenne et de l’Agence internationale de l’énergie sur la future évolution du parc des centrales électriques et de son impact climatique sont basées sur l’hypothèse que l’énergie nucléaire continuera à contribuer substantiellement à la couverture des besoins."
Puis un premier jugement : "L’idée de vouloir remplacer rapidement une part significative de cette énergie primaire par la mise en œuvre de capacités d’énergies renouvelables ne me paraît pas très réaliste et ce ni en termes de délais, ni en termes d’envergure."
Robert Dennewald renvoie à l’objectif des 20 % d’énergies renouvelables dans l’UE à l’horizon 2020, des capacités de production d’énergies renouvelables qui "devraient être complémentaires" aux autres énergies selon les scénarios de référence retenus par l’UE, "le tout dans l’hypothèse d’une amélioration de l’efficacité énergétique de 20% sur la même période".
D’autre part, Robert Dennewald pense que "la volonté politique de sortir du nucléaire mènera, à court et moyen termes, à un recours accru aux sources fossiles et, plus particulièrement, au charbon et au gaz naturel." Et cela "se fera sentir au niveau des émissions européennes de gaz à effet de serre". Bref, "le besoin supplémentaire en quotas d’émission qu’un abandon partiel des capacités nucléaires susciterait auprès des producteurs d’électricité, ferait évidemment grimper les cotations, tant des quotas d’émission que de l’électricité, les deux étant intimement liés". La conséquence sera que "les secteurs couverts par le système des quotas, et plus particulièrement les industries intensives en énergie, ne pourront pas résister à un dérapage des coûts de l’énergie et du CO2 en Europe, alors que leurs concurrents externes n’y sont pas exposés."
C’est pourquoi Robert Dennewald met "en garde devant une intensification des engagements européens en termes de réduction des émissions » et prône l’idée « d’un moratoire dans les discussions politiques autour d’un éventuel renforcement des objectifs climatiques européens."
Ce moratoire devrait avoir selon Robert Dennewald pour objet d’évaluer les répercussions d’un abandon partiel du nucléaire au niveau des futures performances climatiques de l’UE, alors que le développement des énergies renouvelables a ses des limites techniques et économiques et que les techniques de neutralisation des émissions de gaz à effet de serre, tels que le captage et l’enfouissement du CO2, ne sont pas encore disponibles à grand échelle.
Tout cela ne veut pas dire pour la FEDIL que le développement des sources d’énergies renouvelables ne soit pas important. "Au contraire, la FEDIL soutient le gouvernement dans ses efforts de réalisation des objectifs en la matière, tant au Grand-Duché qu’à l’étranger" et estime "que les investissements efficaces endogènes et les partenariats avec l’étranger pourraient servir comme vecteur de développement du secteur luxembourgeois des écotechnologies".
Ce que la FEDIL critique, c’est "la focalisation du débat politique autour des seules énergies vertes" qui "ne représenteront (en 2020) que quelque 20 % de la consommation finale d’énergie au sein de l’UE". Pour la FEDIL ce "serait dès lors irresponsable de négliger les besoins de recherche, d’investissement et de dialogue international auxquels il faut répondre pour réussir le développement, la diversification et la sécurisation des approvisionnements en énergies classiques, ceci dans le sens d’un développement plus durable."