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FEDIL : Pour le patronat, l’Europe est un "bon outil" pour l’industrie luxembourgeoise et européenne
20-01-2011


FedilL’Europe et ses politiques économiques n’ont pas joué un rôle mineur lors de la réception du Nouvel An de la FEDIL, au cours de laquelle sont intervenus le 20 janvier 2011 Robert Dennewald, le président de l’organisation patronale, Arthur de Bok, le président de Goodyear Dunlop pour l’Europe, l’Afrique, et le Moyen Orient, et le Premier ministre Jean-Claude Juncker.

Robert Dennewald : en pleine crise,  "l’UE s’est révélée être une nécessité vitale" et "le catalyseur de réformes substantielles"

Evoquant la crise économique et financière, Robert Dennewald a déclaré que personne n’aurait pu soupçonner l’échelle et la magnitude avec laquelle le pacte de stabilité et de croissance serait mis à l’épreuve en 2010. Mais "l’UE s’est révélée être une nécessité vitale", a lancé le patron des patrons luxembourgeois, une UE qui est devenue "le catalyseur de réformes substantielles". Mais comme de nombreux défis restent encore, il a appelé le Premier ministre à persévérer pour que plus d’Etats membres passent aux réformes structurelles, alors que la reprise se matérialise en UE avec une croissance de 1,8 % en 2010 et une croissance de 1,7 % prévue pour 2011.

Reste que l’Europe garde un problème de rattrapage après la récession de 2009 et qu’elle doit maintenant affronter le problème de la hausse des prix du pétrole, des matières premières et possiblement de l’inflation. Le prix du pétrole surtout risque de ralentir l’économie globale dans un contexte où les cycles économiques se raccourcissent. Il faut selon Robert Dennewald en Europe innover rapidement et investir beaucoup, et du côté politique mener une réflexion stratégique. La stratégie Europe 2020 est pour lui une telle approche, comme l’est l’achèvement du marché intérieur et les réformes fiscales et de facilitation des opérations transfrontalières qu’il implique.

Le président de la FEDIL a pour le futur avancé quelques réflexions. La croissance dépend de l’accès aux ressources rares et de leur utilisation. Or, l’industrie consomme encore trop d’énergie et trop de matières premières. Recherche et innovation dans ce domaine sont indispensables en Europe comme au Luxembourg. Les Etats, grands consommateurs et grands investisseurs, doivent intégrer la notion de durabilité dans leurs marchés publics. Puis, "l’Europe se situe à la périphérie des marchés globaux". Elle doit donc, en tant que telle et dans les Etats membres, associer les entreprises, y compris les PME, à la quête de marchés et à une présence sur les marchés globaux. Finalement, la compétitivité coût doit devenir un élément plus important dans les relations sociales, au Luxembourg comme en UE.

Arthur de Bok a mis en avant la capacité de l’UE de répondre aux tendances économiques par sa capacité régulatrice et sa voix dans le dialogue global

Arthur de Bok, le président de Goodyear Dunlop pour l’Europe, l’Afrique, et le Moyen Orient, a souligné quant à lui, les signes de reprise au Nord de l’Europe, ceci malgré un environnement économique volatil et la défaillance des économies du Sud de l’Europe. L’euro, « stable et fort » a permis d’amortir le choc de la flambée des prix des matières premières. Mais il faut éviter pour ce représentant de l’industrie du pneu qui a besoin de grandes quantités de caoutchouc et de pétrole un euro surévalué.

De Bok a ensuite plaidé pour une législation européenne qui oblige les propriétaires de voiture à munir leurs véhicules de pneus d’hiver, une mesure qui serait à terme bonne pour la sécurité et la bourse du consommateur, la durée de vie de deux jeux de pneus se voyant prolongée par une utilisation alternante.

Face aux défis du réchauffement, de la gestion des déchets, de l’accès aux matières premières et du prix du pétrole, et la nécessité de réglementer au niveau continental et global dans ces domaines, "l’UE est un bon outil" par son marché intérieur, sa protection des consommateurs, le règlement REACH, par la voix forte qu’elle peut être dans les négociations globales. Son approche 20-20-20 sur la question du réchauffement climatique a le soutien de l’industrie, même si, pour réduire les émissions de CO2, il faut trouver des moyens intelligents qui permettent à l’industrie européenne de rester compétitive. La stratégie Europe 2020, et surtout son volet " innovation", rencontre également le soutien de l’industrie.

Le coût du travail est une des préoccupations des patronats européens. Dans son exposé, Arthur de Bok a expliqué qu’à cause de ce facteur, son entreprise pratiquait des déplacements d’usines vers les économies émergentes de l’Europe de l’Est. Dans peu de temps, la production de Goodyear dans l’Est de l’Europe dépassera ses volumes produits à l’Ouest. Le coût du travail en Pologne ne représente que 20 % de ce qu’il représente au Luxembourg, où Goodyear entretient 3 usines et sa plus grande entité de recherche en Europe. La Pologne est dans ce domaine plus compétitive que le Luxembourg, même si des mesures comme le chômage partiel, financé par l’argent public, ont aidé ses usines au Grand-Duché à affronter la crise.

Arthur de Bok a conclu son intervention en mettant en avant la capacité de l’UE de répondre aux tendances économiques par sa capacité régulatrice. Le volet industriel de la stratégie Europe 2020, la mise en avant d’une politique européenne des coûts, une harmonisation de certaines normes techniques – comme celle des prises électriques pour faciliter le marché des voitures hybrides – l’achèvement du marché intérieur, la mise en œuvre de REACH sans que ce processus devienne excessivement coûteux et ne mine la compétitivité de l’industrie européenne, l’accès aux matières premières garanti à travers un dialogue global, l’innovation et le libre-échange sont autant de volets de la politique européenne auxquels l’industrie , "qui est une partie de la solution", est directement intéressée.

Pour Jean-Claude Juncker avec sa balance de paiements, son coût du travail, sa consolidation budgétaire, l’innovation, le Luxembourg plus compétitif qu’on ne le dit

Jean-Claude Juncker a de son côté récusé l’idée que la plus grave crise économique depuis la deuxième guerre mondiale soit une crise de l’euro. Pour lui, il s’agit d’une crise de la dette souveraine dans une UE où la dette publique cumulée constitue 80 % du PIB annuel de l’UE. "Il n’y a pas d’alternative au retour à la vertu fiscale et budgétaire", a lancé le Premier ministre luxembourgeois. Pour lui, la crise de la dette persiste et elle requiert une réponse plus vaste, car il n’est plus acceptable que l’UE tombe d’un problème dans l’autre, ce qui risque d’arriver tant qu’elle ne se dote pas d’une stratégie d’ensemble. Une telle stratégie doit être mise sur pied d’ici mars 2011, et elle aura un impact sur l’UE comme sur le Luxembourg.

Le Premier ministre a également répondu aux critiques concernant la perte de compétitivité du Luxembourg. Il admet qu’il y a eu perte de compétitivité, mais pas que le Luxembourg ne le soit plus. Les exercices de comparaison des économies de l’UE a montré ces derniers jours encore que le Luxembourg fait part avec l’Allemagne et les Pays-Bas des pays qui ont la balance de paiement la plus excédentaire. Ce sont les pays surendettés comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal qui ont les plus gros problèmes. Le Luxembourg fait partie de 8 pays de l’UE qui sont cotés avec un triple A.

Le Luxembourg, dit-on, a le coût annuel par salarié le plus élevé, dit Juncker, pour aborder un de ses sujets de prédilection. Mais, répond-il, le coût horaire est inférieur à ceux de la France et de la Belgique. Et le coût horaire dans l’industrie et la construction est inférieur à celui de tous les voisins du Grand-Duché. Les coûts indirects du travail sont avec ceux de la Suède et du Danemark les coûts directs les plus bas de l'UE. 14 % au Luxembourg, 34 % en France, 22 % en Allemagne. Et ils n’augmenteront pas en 2011. La durée du travail y est plus longue.

Pour Juncker, le Luxembourg fait son travail dans le domaine de l’innovation. L’industrie le reconnaît. La consolidation budgétaire st en cours, et malgré cela, le taux d’investissement de l’Etat est le plus élevé par rapport au PIB dans l’UE.

L’augmentation du chômage par contre inquiète le Premier ministre, celle du chômage de longue durée et des jeunes surtout, mais l’emploi continue de croître, avec 1 % en 2009 et 1,8 % en 2010. L’inflation est légèrement trop élevée. Le prix de l’énergie risque de l’attiser.