La "coopération pleine et entière" avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), et de fait l'arrestation de l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladič, recherché pour crimes contrer l’humanité, et de Goran Hadžic, ancien président de la République serbe autoproclamée de Krajina, est une des conditions sine qua non, avec la réconciliation régionale et un rapprochement avec le Kosovo, pour que la Serbie puisse devenir candidate à l'adhésion à l'Union européenne.
L’arrestation, le 26 mai 2011, de Ratko Mladič est dans ce contexte un événement qui a été immédiatement mis en relation avec l’adhésion de la Serbie à l’UE.
D’abord par le président serbe, Boris Tadič, qui, en annonçant l'arrestation de Mladič, s'est dit convaincu d'avoir ainsi "ouvert la porte vers le statut de candidat, les négociations et finalement l'adhésion à l'UE". Il a ajouté : "Plus personne" au monde ne doute désormais que "la Serbie coopère pleinement avec le Tribunal de La Haye". La Serbie a déposé sa candidature à l'UE fin 2009 et espère obtenir le statut de candidat au bloc des 27 d'ici décembre 2011.
Le commissaire européen chargé de l'Elargissement Stefan Füle a convenu qu'un "grand obstacle" était levé sur la voie de la Serbie vers l'Union européenne. Mais "le travail doit s'intensifier sur les réformes qui seront la clé pour permettre à la Commission européenne de présenter une opinion positive", a-t-il averti. Stefan Füle doit remettre son rapport sur la Serbie en octobre 2011. S'il est positif, les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pourraient décider d'octroyer à la Serbie le statut de candidat, probablement en décembre.
Mais rien n’est moins sûr pourtant. Des extraits du projet de rapport du procureur du TPIY, le Belge Serge Brammertz, rédigés avant l'arrestation de Ratko Mladič, et qui ont été divulgués le jour même de son arrestation, jugent encore que les efforts de Belgrade pour interpeller les fugitifs n'étaient "pas suffisants". Entretemps, Serge Brammertz a toutefois reconnu que la Serbie avait rempli "une de ses obligations internationales".
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, dont le pays est traditionnellement parmi les plus critiques à l'égard des pays de l'ex-Yougoslavie – ce qui a causé des irritations entre les Pays-Bas et le Luxembourg, dont le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn s’engage fortement pour une perspective européenne des Balkans occidentaux - a tempéré en indiquant que cela ne signifiait "pas automatiquement" une adhésion de la Serbie à l'UE.
Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, qui était encore en Serbie le 17 mai dernier où il avait déclaré que la Serbie pouvait devenir candidat à l’adhésion à l’UE même si Ratko Mladič n’était pas arrêté, a accueilli avec enthousiasme la nouvelle de l’arrestation du général recherché depuis la fin du conflit.
Au journal "Le Quotidien", il a déclaré que l’arrestation du 26 mai "est une bonne nouvelle pour la Serbie, pour l'Europe et pour les droits de l'Homme" et qu'elle "démontre que la Serbie a tout fait, a mis une énergie, des moyens techniques et une volonté politique de coopérer avec beaucoup de services européens pour le retrouver". Pour lui, l’événement aura des répercussions positives sur la région. Jean Asselborn a salué le travail et la ténacité des procureurs successifs du TPYI, Carla Del Ponte, et, depuis 2008, Serge Brammertz, et le fait que l’Europe a toujours fait pression sur les différents gouvernements serbes. Jean Asselborn a eu des mots élogieux pour le président serbe Tadič, mais surtout pour le vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur, Ivica Dačić, qui avait lors de sa visite de travail au Luxembourg le 5 mai 2011 fait impression avec son annonce de mesures drastiques contre la corruption dans les administrations impliquées dans la chaîne de délivrance de passeports. "Je crois maintenant que le boulevard est ouvert pour (débuter) la procédure d'adhésion à l'Union européenne", a conclu Jean Asselborn, qui a ajouté que « cela va prendre encore des années, c'est évident, mais une entrave importante a été ôtée. »
Devenir candidat à l’adhésion à l’UE ne signifie cependant pas encore le début des négociations. Ainsi, l’ARYM, communément appelé la Macédoine, reconnue candidate en 2005, attend toujours l'ouverture de négociations, en particulier du fait de la controverse persistante avec la Grèce sur son nom.