Les ministres de la Culture de l’UE se sont réunis en Conseil le 19 mai 2011. Le Luxembourg était représenté par sa ministre de la Culture, Octavie Modert.
Le Conseil est parvenu notamment à un accord politique sur une décision instituant une action de l'Union européenne pour le label du patrimoine européen, qui est attribué à des sites revêtant une grande valeur symbolique - et pas seulement esthétique - sur le plan de l'histoire et du patrimoine européens. Il s'agit notamment de monuments, de sites naturels, sous-marins, archéologiques, industriels ou urbains, ainsi que de paysages et objets culturels.
Ce label vise aussi à promouvoir les valeurs démocratiques et les droits de l'homme qui sous-tendent l'intégration européenne et à renforcer le sentiment d'appartenance à l'Europe chez les citoyens européens, et en particulier chez les jeunes.
Cette action est fondée sur une initiative intergouvernementale lancée en 2006, dans le cadre de laquelle soixante-huit sites situés dans dix-huit États membres différents ont déjà reçu le label. Afin d'améliorer sa qualité et son efficacité et de garantir son succès sur le long terme, cette initiative sera transformée en une action formelle de l'Union européenne.
Cette nouvelle action prévoit que chaque État membre aura la possibilité de présélectionner jusqu'à deux sites tous les deux ans et qu'un jury d'experts indépendants retiendra, pour l'attribution du label, au maximum un site par pays. Il ne s'agira pas tant d'assurer la conservation des sites - qui relève des dispositifs de protection existants -, que leur promotion et leur accessibilité, ce qui suppose de fournir des explications claires sur leur dimension européenne et d'organiser des activités éducatives.
Le label du patrimoine européen vise également à contribuer au développement économique et durable des régions, en particulier grâce au tourisme culturel.
Octavie Modert, qui se targue d’avoir favorisé et impulsé cette initiative auprès de ses collègues, s’est félicitée de l’orientation qu’a prise le label du patrimoine européen qui devient maintenant un projet communautaire. Il s’agit pour la ministre luxembourgeoise d’un "instrument idéal pour donner une visibilité à l’idée et aux valeurs européennes, un moyen pour rendre l’Europe tangible".
La Commission avait présenté sa proposition en mars 2010 ; ce texte a été examiné sous les présidences espagnole, belge et hongroise. Le Parlement européen avait adopté sa position en première lecture en décembre 2010. À la suite de deux réunions informelles de "trilogue" qui ont eu lieu en mars et avril 2011, le Parlement européen, la Commission et le Conseil sont parvenus à un accord sur le texte qui était soumis au Conseil en vue d'un accord politique. Le Parlement devrait adopter le texte du Conseil en deuxième lecture sans amendement, ce qui pourrait se faire à l'automne.
En 2013 et 2014, les États membres pourront donc proposer quatre lieux candidats au label. Des experts indépendants seront chargés d’étudier ces candidatures et de procéder à un choix. À compter de 2015, la sélection sera biennale. Chaque État membre pourra désigner jusqu’à deux sites à chaque fois, les experts n’en retenant qu’un seul. La participation au programme est facultative.
Les soixante-huit lieux ayant reçu le label lors du programme précédent pourront être candidats au nouveau label. Parmi ceux-ci figurent la maison de Robert Schuman à Scy-Chazelles ou encore les chantiers navals de Gdańsk, berceau du syndicat indépendant Solidarność, qui a contribué au déclenchement des événements ayant abouti à la réunification du continent après la Guerre froide.
S'inscrivant dans le cadre de leur plan de travail 2011-14 en faveur de la culture, les ministres ont ensuite eu un échange de vues sur la façon dont on pourrait mettre en place et faire fonctionner des services d'information sur la mobilité au sein de l'UE pour les artistes et les professionnels de la culture. Dans les conclusions qu'ils ont adoptées sur ce sujet, une série de mesures sont en effet suggérées visant à mettre en place un système dont la fonction serait de fournir des informations complètes, précises et actualisées sur des questions liées à la mobilité.
L'importance de la mobilité des artistes et des professionnels de la culture au sein de l'UE est une question que la ministre luxembourgeoise thématise de façon récurrente au Conseil, notamment dans l'optique d'un "marché intérieur de la culture" dont témoignent par exemple les nombreux échanges artistiques et culturels qui ont lieu au niveau de la Grande Région.
Octavie Modert estime qu’il s’agit là d’une question qui, dans la mesure où elle a trait à la libre circulation des artistes et des œuvres, doit logiquement être traitée par l’Union européenne. En ce qui concerne les services d'information à la mobilité, la ministre a soulevé un certain nombre de points ayant trait à la faisabilité de tels services et elle a fait état des expériences du Luxembourg concernant les contacts entre Ministère de la Culture et autres administrations concernées par les questions liées à la mobilité des artistes.
La contribution de la culture à la mise en œuvre de la stratégie Europe 2020 a également fait l'objet de conclusions des ministres de la Culture. Ils y soulignent le potentiel du secteur de la culture et de la création pour générer de la croissance et créer des emplois de qualité, et rappellent que la culture a donc un rôle important à jouer dans la réalisation des objectifs de la stratégie Europe 2020 et de ses initiatives phares.
En ce qui concerne par exemple l'objectif de la croissance durable, la numérisation du patrimoine culturel et des contenus créatifs contemporains, ainsi que leur accessibilité en ligne, notamment au moyen de la bibliothèque numérique Europeana, est décisive.
Enfin, après avoir annoncé que la ville belge de Mons serait capitale européenne de la culture en 2015 en novembre 2010, les ministres ont désigné la ville tchèque de Plzeň deuxième capitale européenne de la culture pour 2015.