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Economie, finances et monnaie
Les ministres des Finances de l’UE donnent leur feu vert au plan d’aide au Portugal tandis que Mario Draghi se voit désigné par l’Eurogroupe comme futur président de la BCE
16-05-2011


Les ministres européens des Finances se sont réunis à Bruxelles le 16 mai 2011 sous la présidence du président de l’Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Luc Frieden y représentait le gouvernement luxembourgeois. Une réunion intergouvernementale a tout d’abord réuni les ministres des Finances des 27 Etats membres de l’UE pour discuter de la mise en place du futur mécanisme européen de stabilité. "Nous sommes proches d’un accord sur le texte juridique", a indiqué Jean-Claude Juncker, annonçant qu’il devrait être finalisé pour une signature prévue fin juin. Les 27 se sont ensuite réunis en format Eurogroupe élargi pour décider à l’unanimité des modalités du programme d’aide au Portugal qui atteindra 78 milliards d’euros sur trois ans. La réunion de l’Eurogroupe a elle été essentiellement consacrée à la situation économique et financière de la Grèce, jugée "difficile" et qui fera l’objet de décisions en juin, lorsque les rapports de la BCE, de la Commission et du FMI auront étéLuc Frieden, Anders Bog et Christine Lagarde à Bruxelles le 16 mai 2011 © SIP / JOCK FISTICK communiqués et analysés. Le gouvernement grec a cependant d’ores et déjà annoncé qu’il se tenait prêt à prendre des mesures supplémentaires. Les ministres de la zone euro ont par ailleurs recommandé à l’unanimité la nomination de Mario Draghi à la succession de Jean-Claude Trichet au poste de président de la BCE. 

ESM et EFSF : les travaux progressent tandis qu’approche l’échéance de juin

Les ministres des Finances de l’UE se sont réunis le 16 mai 2011 pour poursuivre l’examen du projet de traité entre les Etats membres de la zone euro qui établira le futur mécanisme européen de stabilité (ESM). Le texte, sur lequel les ministres ont, d’après Jean-Claude Juncker, fait des progrès substantiels, reprend les caractéristiques détaillées qui avaient été fixées par le Conseil européen de mars.

"Nous sommes proches d’un accord" sur le texte juridique qui devrait être finalisé prochainement. S’il a reconnu que quelques points méritaient encore discussion, Jean-Claude Juncker a cependant assuré que le traité serait signé en même temps que l’accord cadre sur l’EFSF, d’ici la fin juin. L’objectif est en effet de démarrer au plus tôt le processus de ratification par les Etats membres, en sachant que l’ESM devrait être pleinement opérationnel pour la mi-2013.

C’est à 17 que les ministres des Finances de la zone euro ont discuté justement des amendements à apporter à l’accord-cadre sur l’EFSF pour mettre en œuvre les décisions du 11 mars 2011. L’objectif : augmenter la capacité effective de prêt du fonds, baisser les taux des prêts et permettre, à titre exceptionnel, des interventions du fonds sur les marchés financiers. Là encore, rien de définitif n’a été décidé, l’échéance de fin juin ayant été toutefois avancée.

Le gouvernement grec se tient prêt à prendre des mesures supplémentaires, tandis que les discussions sur un rééchelonnement de la dette ou sur une éventuelle aide supplémentaire restent ouvertes pour le mois de juin

Les ministres des Finances de la zone euro ont pu faire le point sur les programmes d’aide aux pays de la zone qui ont bénéficié. Pour l’Irlande, l’examen du premier rapport trimestriel sur l’avancement du programme mis en œuvre par ce pays semble avoir satisfait les ministres qui n’ont pas jugé nécessaire de faire plus de commentaires.

Jean-Claude Juncker à l'issue de la réunion de l'Eurogroupe du 16 mai 2011 © SIP / JOCK FISTICKPour la Grèce en revanche, Jean-Claude Juncker a souligné que la situation était difficile. Si les ministres attendent encore les conclusions de la BCE, de la Commission et du FMI pour se prononcer plus avant, ils ont toutefois pris acte avec satisfaction du fait que le gouvernement grec s’est dit prêt à annoncer prochainement des mesures additionnelles qui lui permettraient de respecter les objectifs budgétaires fixés par l’accord trouvé il y a de cela un an, et qui consisteraient essentiellement à une révision à la hausse du volume de privatisations prévues. Le commissaire en charge des Affaires économiques et financière, Olli Rehn, a quant à lui appelé les partis grecs d’opposition à soutenir les mesures du gouvernement. La reprise grecque n’est pas une "question partisane", a renchéri Jean-Claude Juncker qui a plaidé pour un consensus national large.

La situation de la Grèce fera l’objet de discussions lors de la prochaine réunion de l’Eurogroupe, en juin à Luxembourg, mais, en attendant, si Jean-Claude Juncker a exclu une fois de plus une restructuration de la dette grecque à grande échelle, il n’a exclu ni un rééchelonnement de la dette, ni l’éventualité d’une aide supplémentaire, options qui iraient cependant dans tous les cas de pair avec de nouvelles mesures. Mais, tant que les rapports de la BCE, du FMI et de la Commission n’ont pas été discutés, ces débats sont "prématurés", estime Jean-Claude Juncker.

Le tableau plutôt sombre ébauché sur la situation grecque a cependant conduit Olli Rehn à ne pas perdre de vue tout ce qui a pu être réalisé depuis un an afin de préserver la stabilité de la zone euro.

Les ministres ont trouvé un accord à l’unanimité sur le plan d’aide au Portugal

C’est à 27 qu’un accord sur un programme d’aide au Portugal d’un montant de 78 milliards d’euros sur trois ans a pu être trouvé à l’unanimité. Les inquiétudes qui pesaient à l’issue des élections finlandaises du 17 avril ont en effet été levées en fin de semaine dernière, lorsque le parti des Vrais Finlandais, qui s’opposait à cette aide au Portugal, a renoncé à entrer au gouvernement.

Le FMI, qui assumera le tiers de l’aide financière, à savoir 26 milliards d’euros, a inscrit la question à l’ordre du jour de son Conseil d’administration pour le 20 mai prochain, mais un accord avait été trouvé avec les autorités portugaises le 5 mai sur le programme fixant les conditions d’un tel prêt.

Selon ce programme, "ambitieux mais réaliste", ainsi que l’a qualifié Olli Rehn, le Portugal doit prendre de nouvelles mesures de rigueur, restructurer et renforcer le capital de ses banques, procéder à des privatisations et à des réformes notamment du système de santé et de l'administration, avec l'objectif d'assainir et de renflouer ses finances publiques. D'après les prévisions données jusqu'ici par le gouvernement portugais, le déficit public devrait ainsi être ramené de 5,9 % cette année à 3 % du PIB en 2013. Le programme est "ambitieux" mais "préserve les groupes les plus vulnérables de la société", ont souligné les ministres européens des Finances dans leur communiqué. Il "s'attaquera de manière décidée aux défis budgétaire, financier et structurel auxquels est confrontée l'économie portugaise" et "aidera aussi à restaurer la confiance et à protéger la stabilité financière de la zone euro", insistent-ils, appelant "tous les partis politiques à assurer une application rigoureuse et rapide du programme".

Les deux autres tiers de l’aide financière proviendront pour moitié de l’EFSM, et pour l’autre moitié de l’EFSF, ce qui fait 26 milliards d’euros pour chacun. Le directeur l’EFSF, Klaus Regling, a ainsi annoncé à l’issue de la réunion qu’il se préparait d’ores et déjà à mobiliser les fonds nécessaires pour le Portugal. Trois émissions obligataires sontJean-Claude Juncker, Jean-Claude Trichet et Olli Rehn à Bruxelles le 16 mai 2011 © SIP / JOCK FISTICK prévues cette année, dont deux devraient avoir lieu avant les vacances d’été. Klaus Regling s’est montré confiant, au vu de la demande sur les marchés pour ce type d’obligations, dans la perspective de lever les fonds sans difficulté.

Mario Draghi succédera à Jean-Claude Trichet à la présidence de la BCE

Autre décision importante, prise elle aussi à l’unanimité, et qui met fin à des mois de pronostics et de spéculations, Mario Draghi, président de la Banque centrale italienne, a été désigné comme successeur au président sortant de la BCE, Jean-Claude Trichet. Cette proposition des ministres de la zone euro va maintenant être transmise à l’Ecofin pour accord avant de partir au Parlement européen. Les consultations avec cette institution devraient être finalisées pour le Conseil européen de juin.

Jean-Claude Juncker a souligné "l’excellente réputation internationale et européenne" de ce banquier central qui "a su prouver au fil de son parcours son attachement à l’euro, à l’Union économique et monétaire, à l’UE, à sa construction et à son intégration toujours en marche".

Une réunion marquée par l’absence du directeur du FMI

Cette réunion décisive de l’Eurogroupe s’est tenue alors que Dominique Strauss-Kahn, qui devait y représenter le FMI, était entendu par la justice américaine qui l’a inculpé et incarcéré suite aux accusations de tentative de viol et d’agression sexuelle portées contre lui. Jean-Claude Juncker s'est dit  "très triste et bouleversé", rappelant que Dominique Strauss-Kahn était "un bon ami". "Je n'ai pas aimé les images que j'ai vu à la télévision ce matin", a-t-il souligné. "M. Strauss-Kahn est dans les mains de la justice américaine, ce n'est pas à nous de faire des commentaires là dessus, mais cela me rend profondément, profondément triste", a ajouté Jean-Claude Juncker.

Le président de l’Eurogroupe s’est montré critique envers les responsables politiques européens, Allemagne et Belgique en tête, qui ont commencé à discuter de la succession de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI, appelant à ce qu’un Européen prenne la suite.  "Il est indécent de voir que certains gouvernements ont engagé ce débat, c'est un débat qui n'a pas lieu d'être", a estimé en effet Jean-Claude Juncker qui, "tant que Dominique Strauss-Kahn n'a pas démissionné", refuse de répondre à une telle question.