A l’issue de la première journée du Conseil européen de printemps, qui se tient à Bruxelles les 24 et 25 mars 2011, Herman Van Rompuy, qui préside ce sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, a rendu compte à la presse des fruits de leurs travaux.
Le "Pacte Euro Plus" a ainsi été adopté dans le souci d’une qualité nouvelle de la coordination économique. Ce nouveau nom donné au Pacte pour l’euro marque, selon Herman Van Rompuy, la volonté des Etats membres de la zone euro d’en faire plus, mais aussi de s’ouvrir aux autres Etats membres de l’UE. Six pays ont d’ailleurs décidé de rejoindre le Pacte, à savoir la Bulgarie, le Danemark, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Roumanie.
Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont entendus de manière plus large sur un paquet global de mesures visant à améliorer les performances économiques des Etats membres : il s’agit d’un pacte de stabilité et de croissance renforcé en termes de surveillance budgétaire, d’une nouvelle surveillance macro-économique et de la mise en œuvre de la stratégie Europe 2020.
Cette première journée du Conseil a aussi permis aux chefs d’Etats et de gouvernement de lancer le semestre européen en donnant une orientation claire pour la préparation des budgets nationaux et des programmes nationaux de réforme pour l’année qui vient.
La décision finale sur l’ESM, sur lequel les ministres des Finances avaient trouvé un accord le 21 mars, a été adoptée pendant cette première journée du Conseil européen. L'Allemagne a finalement obtenu un étalement dans le temps des paiements des 80 milliards qui vont constituer le capital de base de l’ESM : les Etats verseront leur écot en cinq tranches égales à partir de 2013, au lieu des quatre tranches prévues initialement. Les dirigeants ont aussi scellé un accord sur un changement du traité européen pour autoriser la création du mécanisme permanent.
Il a aussi été décidé de faire en sorte que l’EFSF ait une capacité effective de prêt de 440 milliards d’euros, ce qui sera fait pour le mois de juin.
Les chefs d’Etat et de gouvernement ont aussi insisté sur l’importance de mener des stress tests crédibles : "les banques doivent faire ces tests, les gouvernements doivent se tenir prêts à réagir en fonction de leurs résultats", a ainsi indiqué Herman Van Rompuy au sujet de tests de résistance dont la publication des résultats est tout proche.
Si, à en croire les déclarations de José Manuel Barroso, il n’a pas été question au cours du sommet de déclencher un plan d’aide au Portugal, la situation du pays, dont le Premier ministre José Socrates a annoncé sa démission à la veille du Conseil européen suite au rejet par le parlement portugais du programme d’austérité qu’il proposait, a naturellement fait l’objet d’une grande attention. "Nous avons bien sûr discuté des récents événements portugais, mais nous ne considérions en aucun cas que le Portugal sauterait immédiatement sous la protection du mécanisme de sauvetage européen", a expliqué Jean-Claude Juncker à l'issue de la première journée du sommet européen, précisant cependant que "le Portugal ne sera pas laissé seul par les autres Européens".
En revanche, "nous avons dit très clairement que, quel que soit le prochain gouvernement portugais, il devrait faire de nouveaux efforts de consolidation budgétaire. Cela ne dépend pas de la composition du gouvernement", a ajouté le président de l’Eurogroupe qui s’est dit rassuré suite à sa rencontre avec le leader de l’opposition portugaise, Pedro Passos Coelho, dont le parti « colle aux objectifs » définis en matière de réduction des déficits.
Un peu plus tôt dans la journée, il avait indiqué qu’un montant de prêts de 75 milliards d'euros lui paraîtrait "approprié" dans le cas où Lisbonne devrait faire appel à l'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international. Mais la question reste "pour le moment théorique" dans la mesure où "il n'y a pas de demande des autorités portugaises".
Quant aux inquiétudes exprimées par les syndicats qui avaient appelé à une manifestation le 24 mars à Bruxelles, à laquelle ont d’ailleurs participé l’OGBL et le LCGB, Herman Van Rompuy, qui a participé au sommet tripartite qui s’est tenu dans la matinée, a insisté sur le fait qu’il s’agissait non pas de démanteler l’Etat social et la protection sociale, mais, bien au contraire, de les sauver.
"Ce que nous faisons, c’est de faire en sorte que nos économies soient suffisamment compétitives pour créer des emplois et maintenir les standards de vie de tous nos citoyens", a déclaré le président du Conseil européen. L’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES) à manifester contre l’austérité avait rassemblé à Bruxelles plusieurs milliers de personnes.
La situation en Libye a aussi été au cœur des discussions des chefs d’Etat et de gouvernement. Ils se sont dits prêts à l’issue de la première journée du Conseil à bloquer tous les revenus pétroliers et gaziers du régime de Mouammar Kadhafi, pour le priver de moyens de recruter des mercenaires notamment, et ils ont lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle fasse de même.
"L'Union européenne est prête à engager et à adopter de nouvelles sanctions, y compris des mesures pour s'assurer que les revenus du pétrole et du gaz n'atteignent pas le régime de Kadhafi", indique une déclaration adoptée à l'unanimité. En outre, ses Etats membres "vont faire des propositions similaires au Conseil de sécurité de l'ONU", souligne leur texte.
L'UE a déjà pris plusieurs séries de sanctions contre Mouammar Kadhafi, dont les dernières, qui visent en particulier la principale société pétrolière libyenne, la National Oil Corporation et cinq de ses filiales, sont entrées en vigueur le 24 mars 2011.
Les pays européens se sont dits par ailleurs prêts à "promouvoir le dialogue" avec les forces d'opposition au régime du colonel Kadhafi, y compris avec le Conseil national de transition (CNT).