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Economie, finances et monnaie
Jean-Claude Juncker plaide pour qu’un représentant d'un État membre de la zone euro prenne la succession de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI
19-05-2011


Le 19 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn présentait sa démission, ouvrant la voie à sa succession au poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI). Dans des interviews données à cette date au journaliste Frank Kuffer sur les ondes de RTL et à Arlette Chabot sur Europe 1, le Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe a émis son espoir de voir un Européen prendre la succession de Dominique Strauss-Kahn.

Jean-Claude Juncker a raconté comment, en 2007, "lorsque nous avions négocié l'arrivée de Dominique Strauss-Kahn à Washington", il avait "dit aux Américains, aux Japonais et à tous les autres, qu’il sans doute serait le dernier Européen pour longtemps à occuper ce poste, parce que nous avons été bien servis".

L’explication qui prévalait alors, Jean-Claude Juncker l’a rappelée sur les ondes de RTL : "Nous ne pouvons pas partager le monde en deux, les Américains d’un côté ayant la présidence de la Banque mondiale, les Européens de l’autre ayant la direction générale du FMI". "Le monde est devenu plus riche, plus complexe, plus multiple", avançait alors le Premier ministre, qui appelait à "comprendre que des voix s’élèvent au Brésil, en Afrique du Sud et dans d’autres parties du monde pour dire que le prochain directeur général du FMI doit être un non-Européen".

Pourtant, "aujourd'hui, toute réflexion faite", Jean-Claude Juncker annonce que "la situation a changé et nous devons expliquer cela à nos partenaires internationaux". "Voilà le directeur général qui démissionne et qui ne va pas jusqu'aux termes de son mandat. Voilà la zone euro se retrouvant à l'épicentre d'une crise mondiale", lance le président de l’Eurogroupe pour résumer la situation. La conclusion qu’il en tire désormais : "nous pensons qu'il faudrait tout de même un représentant d'un État membre de la zone euro pour prendre la succession de Dominique Strauss-Kahn".

Pourquoi ? "Parce qu'il faut avoir une connaissance intime des 17 pays de la zone euro", estime le président de l’Eurogroupe qui rappelle que "la zone euro n'est pas un État, c'est un cortège de 17 Etats avec leurs règles propres, leurs habitudes, leurs traditions". Par conséquent, il faut selon Jean-Claude Juncker, "avoir un savoir profond sur ce qui est vraiment la zone euro et d'une façon générale l'Europe, pour pouvoir mener à bien l'œuvre de redressement que Dominique Strauss-Kahn et nous-mêmes nous avons entrepris".

Et Jean-Claude Juncker, qui souhaiterait par ailleurs que "si un Européen est nommé", ce soit "pour un mandat plein", estime "évident qu'un directeur général originaire de la zone euro, connaissant tous les problèmes, tous les méandres des processus décisionnels très compliqués en Europe aurait une compréhension plus immédiate pour les problèmes qui sont les nôtres".

Pour la procédure à suivre, Jean-Claude Juncker explique qu’il faut d'abord "se mettre d'accord en Eurogroupe sur une candidature", puis "faire partager ce sentiment par l'Ecofin", sans oublier que "nous ne sommes pas seuls au monde". "Il faudra que nous lancions une consultation ample et vaste, que nous parlions aux autres actionnaires du Fonds, un certain nombre d'États membres du Fonds, pour ne pas donner l'impression que nous imposerions de l'extérieur, sans consulter, une candidature européenne", prévient Jean-Claude Juncker.

Interrogé par Frank Kuffer sur l’opportunité d’envoyer à la direction du FMI le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, qui assume cette fonction, a souligné d’une part que "pour aller assumer une tel mandat, il faut avoir envie de quitter le poste que l’on occupe" et d’autre part qu’il faut "des connaissances techniques et opérationnelles qui soient à la hauteur de la tâche". "Je ne me sentirais pas à la hauteur de la tâche", a conclu Jean-Claude Juncker.

Quant à une candidature éventuelle de la ministre française des Finances Christine Lagarde, qui est sur toutes les lèvres et qui a, depuis la date de ces entretiens, rencontré le soutien d’un certains nombres de gouvernements, Jean-Claude Juncker se montre réticent "à faire des spéculations" tant que les candidatures n’ont pas été officiellement soumises, que les discussions n’ont pas commencé avec les différents partenaires. Pour autant, devant l’insistance des deux journalistes, Jean-Claude Juncker a déclaré que "Christine Lagarde est une femme aux qualités exceptionnelles", précisant que "sa compétence professionnelle, y compris financière ne fait pas de doutes".

Le portrait qu’il brosse est élogieux : "Elle présente tous les éléments qui feraient d'elle une bonne candidate, parce qu'elle est une Française, comment dire, internationale. Elle connaît le monde, elle connaît les problèmes dans les différentes régions du monde. Elle a de l'entre-gens. Elle sait manier avec beaucoup d'élégance et les réflexions et les réflexes diplomatiques. Et une détermination conséquente.[…] Je vois qu'elle dispose d'une excellente réputation au sein du G20". Et d'en conclure : "ce serait à mes yeux une candidate idéale".