Dans l’interview qu’il a donnée le 14 mai 2011 au journal Münchner Merkur, Jean-Claude Juncker a affirmé avec force que "la sortie ou l’exclusion de la Grèce de l’euro ne sont pas des chemins viables".
Le Premier ministre et président de l’Eurogroupe pense que la Grèce ne sera pas capable de retourner par ses propres moyens sur les marchés financiers en 2012. D’une part la Grèce doit continuer à consolider sa situation et à faire des efforts pour rembourser la troisième tranche de l’aide de 100 milliards. D’autre part, il faut attendre les rapports de la Commission, de la BCE et du FMI pour pouvoir évaluer les efforts de la Grèce et décider de la suite des choses et notamment de l’éventuelle nécessité d’une aide supplémentaire.
Pour Jean-Claude Juncker, si les banques privées ne participent pas à l’aide à la Grèce, c’est parce que la BCE et le FMI y sont opposés. "Rien que la nouvelle qu’on y pensait a poussé à la hausse les taux d’emprunt", souligne Jean-Claude Juncker qui met aussi en garde contre les risques pour les systèmes bancaires nationaux.
Jean-Claude Juncker se demande ensuite si les contribuables allemands savent vraiment que l’aide à la Grèce ne leur a jusque là rien coûté. Il dit comprendre cependant que les contribuables des pays qui "disent d’eux-mêmes qu’ils se sont toujours comportés de manière vertueuse" soient préoccupés par le futur de la monnaie commune."Mais il faut éviter une panique sans fin" et tenir compte du fait que des processus d’adaptation sont en cours en Grèce, en Irlande et au Portugal. Le Premier ministre ajoute que si les Etats garants devaient être mis à contribution, le contribuable luxembourgeois paierait plus par tête que son voisin allemand.
La nécessité d’un gouvernement économique, souligne-t-il, n’est admise par des voix autorisées allemandes que depuis tout récemment. Il salue l’accent mis sur la coordination des politiques économiques et le fait qu’aucun Etat membre ne puisse mener des réformes économiques sans avoir consulté ses partenaires. Mais se consulter, cela ne veut pas dire que l’on fasse partout la même chose, précise Jean-Claude Juncker. Un exemple : on est d’accord à l’idée d’établir une relation entre l’âge de départ à la retraite et l’espérance de vie pour déterminer l’âge de départ à la retraite. Celui-ci ne peut donc pas, selon lui, être le même partout, puisque l’espérance de vie diffère selon les Etats de la zone euro.
Finalement, Jean-Claude Juncker se refuse "à penser en catégories Nord-Sud", "comme si ceux du Nord avaient toujours tout fait comme il faut". Ainsi, le ratio de la dette publique espagnole par rapport au PIB est moins élevé que celui de l’Allemagne. "Nous devrions cesser de nous présenter comme des donneurs de leçons devant les autres. Et nous devrions cesser de présenter les Etats de la périphérie Sud comme des Etats peu fiables et menteurs", juge Jean-Claude Juncker avant de conclure que "lancer continuellement des insultes aux Grecs n’aide pas à résoudre le problème de la Grèce".