Dans un entretien accordé à Dani Schumacher et publié dans le Luxemburger Wort daté du 5 mai 2011, le ministre luxembourgeois en charge de l’Immigration, Nicolas Schmit, fait le point sur le projet de loi 6218 qui va transposer la "directive retour", qui devrait être discuté à la Chambre au mois de juin et sur lequel la Commission des Droits de l’Homme vient de présenter un avis.
Il évoque aussi le projet de loi 6278, texte sur lesquels vont se prononcer les députés réunis en plénière dans l’après-midi du 5 mai 2011 et qui prévoit que dorénavant, en matière de droit d’asile, tous les recours contre des décisions devront être introduits dans le cadre d’une seule requête. Ce texte, qui modifie la loi de 2006 sur le droit d’asile, laquelle prévoit 13 cas permettant au Gouvernement de recourir à une procédure accélérée pour traiter ces dossiers, introduit un recours contre la décision ministérielle de statuer sur le bien-fondé de la demande de protection internationale.
Interrogé de façon plus générale sur la politique européenne en matière d’asile, Nicolas Schmit explique qu’une politique commune en la matière ne saurait être réalisée du jour au lendemain. "Il s’agit d’un processus de longue haleine", ajoute le ministre qui, rappelant que certains pays, comme la Grèce ou l’Italie, ont été confrontés à un afflux important de réfugiés, considère qu’un régime réellement commun sera nécessairement difficile à mettre en œuvre.
"Mais il nous faut préserver les conquêtes que nous avons réussi à mettre en œuvre", plaide Nicolas Schmit, qui reconnaît que cela ne se fait pas sans mal en raison des courants nationalistes que l’on peut observer dans nombre de pays et qui préféreraient que le droit d’asile soit à nouveau réglementé au niveau national. De l’avis du ministre, il ne s’agit pas là de la bonne voie à suivre, le risque étant que l’on arrive très vite à des conflits avec la liberté de circulation.
"La question qui se pose est 'voulons-nous Schengen ou non'?", résume Nicolas Schmit. "Si nous voulons un espace Schengen, nous avons besoin de frontières extérieures communes, que nous devons aussi contrôler ensemble. Et nous avons besoin de règles communes", répond-il à cette question, sans perdre de vue cependant que la pierre d’achoppement reste la question de "la répartition du fardeau". Et le ministre de conclure qu’une solution ne pourra être trouvée qu’avec beaucoup de patience, et pas à pas.