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Economie, finances et monnaie
"Nous n'avons pas discuté d'une sortie de la Grèce de la zone euro, nous pensons tous que ce serait une option stupide", a déclaré Jean-Claude Juncker à l'issue d'une réunion informelle qui s'est tenue au Château de Senningen
09-05-2011


Lundi 9 mai 2011 au matin, les premières dépêches tombaient, annonçant, dès l’ouverture des bourses, la stabilisation du cours de l’euro. Il faut dire que la soirée du vendredi 6 mai a vu la monnaie européenne reculer subitement face au dollar et au yen. Le site d'information allemand Spiegel Online avait en effet publié sur son site une information selon laquelle "une réunion de crise secrète" devait se tenir dans la soirée à Luxembourg afin d’étudier une éventuelle "sortie de la zone euro" à laquelle serait en train de réfléchir la Grèce. Une information qui a provoqué une panique certaine sur les marchés.

La Grèce a pourtant démenti aussitôt "catégoriquement" toute intention d'abandonner la monnaie unique. "De tels articles constituent une provocation, sapent l'effort de la Grèce et de l'euro et servent des jeux spéculatoires", s'est insurgé le Ministère grec des Finances.

Au Luxembourg, le porte-parole du président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a démenti la tenue d'une réunion extraordinaire sur la Grèce. "Cette information est totalement fausse. Il n'y a pas de réunion de l'Eurogroupe en cours ou prévue ce week-end", a indiqué Guy Schuller.

Comme l’indique un communiqué diffusé dans la matinée du samedi 7 mai 2011, la ministre française des Finances, Christine Lagarde, dont le pays assume la présidence du G20, et Jean-Claude Juncker, en tant que président de l’Eurogroupe, avaient décidé de convoquer "les ministres de la zone euro de pays membres du G20 à une réunion informelle afin de discuter de questions relevant du G20".

La réunion, qui s’est tenue au château de Senningen en fin d’après-midi a donc réuni les ministres des Finances de l'Allemagne, Wolfgang Schäuble, de l'Espagne, Elena Salgado, de la France, Christine Lagarde, de l'Italie, Giulio Tremonti, ainsi que Jean-Claude Juncker.

Le ministre grec des Finances, George Papaconstantinou, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, et le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, ont aussi participé aux discussions.

Le communiqué diffusé au Luxembourg précisait en effet que, dans la mesure où la Grèce avait fait "l’objet de discussions approfondies lors de la réunion du G20 à Washington", Jean-Claude Juncker avait décidé d’y convier aussi le ministre grec des Finances afin d’avoir un "bref échange" sur la situation.  

"Nous pensons que la Grèce a besoin d'un programme d'ajustement supplémentaire", a déclaré Jean-Claude Juncker à l'issue de la rencontre

S’il ne s’est pas agi d’une "réunion de crise sur la Grèce", comme l’a indiqué de son côté le porte-parole du commissaire Olli Rehn, il a bien été question de la situation de la Grèce qui, un an après l’octroi d’une aide financière assortie d’un programme d’austérité, n’est pas aisée. Des chiffres publiés par Eurostat revoyaient récemment à la hausse le déficit public grec pour 2010, l’estimant à 10,5 % du PIB (et non plus 9,4 %), tandis que les rentrées fiscales n’atteignent pas les chiffres escomptés. Une mission d’experts de la Commission européenne, de la BCE et du FMI se trouve actuellement à Athènes pour "un examen ordinaire de la mise en œuvre du programme grec".

Le ministre grec des Finances a indiqué samedi que les discussions à Luxembourg avaient porté sur les "prochaines mesures" à prendre pour permettre à la Grèce de lever de l'argent à partir de l'année prochaine malgré le scepticisme des marchés financiers.

L'une des options évoquées a été d'avoir recours au fonds de stabilité créé par l'UE pour racheter des titres arrivant à échéance, a poursuivi Georges Papaconstantinou. "Nous avons besoin de prévoir les mesures que nous prendrons en 2012 et 2013, de telle sorte que la Grèce puisse soit accéder aux marchés, soit profiter de la décision récente du Conseil européen qui autorise le fonds européen à acheter des titres grecs", a déclaré le ministre.

"Nous pensons que la Grèce a besoin d'un programme d'ajustement supplémentaire", a déclaré quant à lui Jean-Claude Juncker à l'issue de la rencontre, annonçant que le sujet devrait être "discuté en détail" lors de la prochaine réunion de l’Eurogroupe qui est prévue le 16 mai 2011.

"Nous n'avons pas discuté d'une sortie de la Grèce de la zone euro, nous pensons tous que ce serait une option stupide", a ajouté Jean-Claude Juncker, selon lequel un abandon de la monnaie unique "est une voie que nous n'emprunterions jamais" dans la mesure où "nous ne voulons pas voir la zone euro exploser sans raison".

De même, "nous avons exclu la restructuration de la dette grecque", un scénario "qui est activement discuté dans certains milieux sur les marchés financiers", a encore déclaré Jean-Claude Juncker.

La presse grecque fait cependant état de discussions sur la possibilité d’un rééchelonnement d'une partie de sa dette, pour un montant de 65 milliards d'euros, et d’un éventuel report des objectifs de réduction de son déficit public entre deux et quatre ans. Le quotidien Kathimerini, évoque un scénario qui consisterait à offrir aux créanciers de la Grèce des taux d'intérêt plus élevés à long terme en échange de l'octroi à Athènes d'une "période de grâce" de deux ans pendant laquelle la Grèce ne paierait pas d'intérêts. "La réunion a abordé l'allongement des obligations venant à maturité cette année et en 2012 pour un montant d'environ 65 milliards d'euros afin de donner un répit" à la Grèce, indique le quotidien financier Naftemboriki.

Au lendemain de cette réunion, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, a appelé "chacun en Grèce et hors de Grèce, particulièrement dans les pays de l'Union européenne, à laisser la Grèce en paix pour qu'elle fasse son travail". "La Grèce fait son travail", a-t-il lancé, s’insurgeant contre les "nombreux dangers" qui menacent son pays, "y compris par la provocation, comme le scénario imaginaire de notre sortie supposée de l'euro". "Naturellement, un tel scénario" n'existe pas, a-t-il déclaré, ajoutant : "Aucun scénario de ce type n'a été discuté dans les contacts non officiels que notre pays a, et notamment ceux d'hier".