Une nouvelle organisation baptisée Finance Watch a été créée le 30 juin 2011 à Bruxelles avec l'intention affichée de devenir un contre-pouvoir de la société civile face à l'influence jugée trop grande des lobbys du secteur financier en Europe.
Sur son site, l’on lit qu’à l’origine de Finance Watch, "il y a la conviction que la société se doit de réglementer l’activité financière car l’autorégulation du secteur financier a non seulement été un échec patent mais surtout un échec dont le coût économique et social est à la fois considérable et de longue durée." La réglementation du secteur financier "constitue la seule façon possible pour la société de s’assurer que la finance remplisse sa mission d’intérêt général, à savoir apporter du capital et des services de façon durable à l’économie productive." Dans ce contexte, Finance Watch a pour mission "de s’assurer que les intérêts de la société soient pris en compte dans des domaines dominés par l’industrie financière et son lobby" qui ont créé une situation asymétrique où "seuls les arguments en faveur des intérêts de l’industrie financière semblent être entendus ». Cela constitue "un danger pour la démocratie" car la réponse politique est soit "trop faible au regard des enjeux" soit "fondée sur l’émotion et le populisme".
On apprend également que 40 organisations émanant d’une douzaine de pays différents ainsi que 17 experts en matière financière et de réglementation financière sont devenus membres de Finance Watch. Outre ses membres, Finance Watch fonctionnera avec une équipe d’une douzaine de professionnels spécialisés sur les questions financières, la communication et le lobbying.
Lancée au printemps 2010, à l'échelle européenne, à l'initiative de vingt-deux députés européens - notamment Pascal Canfin (Verts), Pervenche Berès (S&D), Jean-Paul Gauzès (PPE) -, Finance Watch a tenu sa première assemblée générale le 30 juin. L’ONG est parrainée par le philosophe Jürgen Habermas, l’intellectuel polonais Adam Michnik et le sociologue allemand Ulrich Beck. Elle essaiera de mutualiser les cerveaux et l'expertise d'une quarantaine d'autres organisations (Attac, BEUC, une organisation européenne des consommateurs, la Confédération européenne des syndicats, la CGT française, Oxfam, Secours populaire, Transparency International, Observatoire de la Finance...).
Parmi les signataires luxembourgeois qui soutiennent FW, l’on retrouve les députés européens Robert Goebbels, Charles Goerens et Claude Turmes. Les députés verts Claude Adam, François Bausch et Camille Gira sont aussi dans les listes. A terme, les eurodéputés n'ont toutefois pas vocation à rester représentés au sein de Finance Watch.
Financée par la Commission européenne (1 million d'euros), par des fondations ou organisations membres, riches mécènes ou simples quidams (le site de FW fait d’ores et déjà une campagne de dons), l'ONG promet d'agir sur le plan de la communication.
Pour le député européen Pascal Canfin, FW va "permettre de créer le débat démocratique nécessaire pour assainir la finance." C’est pourquoi les politiques à l'initiative du projet se retireront de FW dès son premier conseil d'administration. Finance Watch prévoit d'ouvrir son premier bureau à Bruxelles durant l'été 2011. D'autres suivront progressivement dans d'autres villes européennes.
Dès septembre, les experts de FW veulent se pencher sur tous les textes européens relatifs au domaine financier, une tâche qu’ils appellent "travail en réactivité". Ils plancheront sur les consultations de la Commission Européenne, sur les textes législatifs sur l’agenda du Parlement Européen ou du Conseil, sur les sujets discutés par les trois nouvelles autorités européennes de surveillance - ESMA pour les marchés financiers, EBA pour les banques EIOPA pour les assurances et les pensions professionnelles, des régulateurs comme la Banque des Règlements Internationaux ou la Banque Centrale Européenne, ou les régulateurs nationaux, et le cas échéant, sur les textes discutés par les Parlements nationaux ou les autorités des Etats membres de l’UE.
Au-delà de ce travail réactif, les experts de FW envisagent un travail proactif "qui consistera à travailler sur les questions fondamentales d’organisation de l’industrie financière qui ne sont pas nécessairement traitées dans les textes passant par les institutions européennes".