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Entreprises et industrie - Éducation, formation et jeunesse - Emploi et politique sociale
Pour le ministre Schmit, qui répond avec des mesures aux recommandations du Conseil, "aucun jeune à la recherche d’un emploi ne doit être laissé sur la touche"
20-07-2011


Nicolas Schmit présentant à la presse les mesures visant à lutter contre le chômage des jeunes le 20 juillet 2011Le ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Immigration, Nicolas Schmit, entouré de représentants des employeurs ainsi que d’un représentant du Ministère de l’Education et de la Formation professionnelle, a tenu une conférence de presse le 20 juillet 2011 qui a voulu apporter quelques réponses à la problématique du chômage des jeunes. Celui-ci avait fait l’objet d’une des quatre recommandations faites par le Conseil le 12 juillet 2011 au Luxembourg dans le cadre du semestre européen. Il est demandé au gouvernement de "prendre des mesures pour réduire le chômage des jeunes et notamment renforcer les mesures d’éducation et de formation visant à mieux faire correspondre leurs qualifications à la demande du marché du travail."

Nicolas Schmit a indiqué à la suite de l’entrevue qu’il a eue avec les employeurs que dans l’état actuel des choses, que sur 2500 jeunes qui arrivent sur le marché du travail, 500 jeunes, qui ont principalement le niveau de formation du certificat de compétence professionnelle (CCP), ne trouveraient pas de poste d’apprentissage. Pour répondre à cette demande, le ministre a proposé d’encourager les entreprises à recruter ces jeunes en proposant une augmentation de la contribution de l’Etat à l’indemnité de formation qui passerait de 27 % à 40 % dans le cadre d’une embauche d’un jeune ayant la formation de CCP.

La situation du chômage des jeunes au Luxembourg

Le ministre du Travail et de l’Emploi, Nicolas Schmit a cité quelques chiffres. Le chômage des jeunes en-dessous de 25 ans touche au Luxembourg entre12,5 et 13 % de jeunes, ce qui ne place pas le Luxembourg en tête de peloton avec l’Allemagne, l’Autriche ou encore la Suisse. Reste que le phénomène est tout de même plus limité qu’en Espagne ou bien en Grèce, où le chômage touche près de 40 % des jeunes.

Néanmoins, le Ministre Schmit a souhaité que le gouvernement se montre proactif et réagisse au plus vite afin d’endiguer l’expansion du phénomène de chômage parmi les jeunes. Le moment pour lancer des mesures est intéressant selon lui, car c’est en ce moment même que les jeunes cherchent des postes d’apprentissage.

2000 postes de formation sont actuellement proposés pour 2500 demandeurs. 40 % des jeunes qui n’ont pas accès à une poste sont insuffisamment qualifiés ou leurs qualifications ne correspondent pas aux secteurs d’activités. De plus, cette carence dans l’offre n’est pas due à une régression de cette même offre mais à une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi parmi les jeunes. La croissance démographique du pays explique une partie de l’augmentation de cette demande. Une autre partie de la demande serait la conséquence d’une vague de demandeurs qui ne sont pas passés par le système de formation luxembourgeois.

Les maîtres-mots de la lutte contre le chômage chez les jeunes sont la réorientation professionnelle et la stimulation de la volonté d’embauche au sein des entreprises.

Rendre les jeunes ayant une formation CCP plus attrayant sur le marché de l’emploi

Le problème qu’il s’agit de résoudre est d’arriver à intégrer 500 jeunes moins qualifiés sur le marché du travail.

Une première mesure est d’augmenter la contribution de l’Etat à l’indemnité de formation de 27 % à 40 %. Cette augmentation de l’indemnité, introduite par voie de règlement à brève échéance sera appliquée à l’embauche d’un jeune détenteur d’un CCP. L’objectif poursuivi est de stimuler les entreprises réticentes à offrir des places à ces jeunes. La réticence des entreprises s’expliquerait par le fait que ces jeunes ne seraient pas suffisamment qualifiés et nécessitent donc un encadrement plus important. Afin de pallier à cette réticence, l’Etat a décidé d’introduire ce cofinancement supplémentaire qui peut s’interpréter comme une "forme de compensation pour les entreprises" comme l’a indiqué le ministre Schmit car ces entreprises prennent l’initiative d’accueillir ces jeunes qui nécessitent un investissement plus conséquent pour leur formation dû notamment à leur niveau de formation plus faible.

Une inadéquation entre l’offre et la demande dans de nombreux secteurs du marché du travail.

Deux autres problèmes se posent. Le premier est un réel déséquilibre entre la réalité de l’offre sur le marché de l’emploi et les qualifications des jeunes demandeurs d’emploi. Un autre déséquilibre est celui entre l’offre d’emplois et les demandes des jeunes.

En ce qui concerne le premier problème, le représentant de la Chambre de Commerce luxembourgeoise a attiré l’attention sur le fait que de nombreuses entreprises souhaitent recruter des jeunes, mais que très souvent ceux-ci n’ont pas la formation requise pour le secteur dans lequel l’entreprise travaille.

Et Francois Koepp, secrétaire général de la Fédération nationale des Hôteliers Restaurateurs et Cafetiers Grand-Duché de Luxembourg (HORESCA), a illustré le deuxième problème en citant l’exemple de son propre secteur d’activité, où l’offre d’emploi est grande mais les demandeurs d’emploi trop peu nombreux. Il a donc appelé à une "revalorisation des professions" auprès des jeunes qui ont une vision erronée de certaines professions et donc une certaine réticence à choisir cette voie de formation.

Le sujet de la réorientation des jeunes ou de leur orientation précoce vers des secteurs où l’offre d’emploi est grande a donc été évoqué par tous les intervenants. Le ministre Schmit a déclaré que "l’orientation doit être mieux organisée, y compris du côté des parents, et une réorientation doit être opérée pour un certain nombre de jeunes". Pour lui "tout les jeunes doivent accéder à une place de formation dans des entreprises". Son message : "aucun jeune à la recherche d’un emploi ne doit être laissé sur la touche".

Nic Alff, directeur à la Formation professionnelle auprès du ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle a d’ailleurs renchéri sur le problème de l’orientation car il affirme que très souvent les écoles reçoivent des listes complètes de places disponibles et que malgré cette facilité de nombreux secteurs professionnels se voient submergés par des demandes d’emploi alors que d’autres connaissent une pénurie de main d’œuvre. "Les jeunes doivent apprendre à regarder vers d’autres formations" a-t-il déclaré. C’est pour cela que l’Administration de l’emploi (ADEM) compte organiser une réorientation pour les jeunes souhaitant suivre une formation.

Une autre proposition évoquée par le Ministre Nicolas Schmit serait d’élargir la base des formations, les entreprises artisanales se taillant ici la part du lion. Ainsi, le ministre a souhaité que les industriels mettent en place des lieux de formation au sein même de leurs entreprises. Ce type de formation interne pourrait aussi avoir sa valeur dans le secteur bancaire. Finalement, les communes et les établissements publics devraient également penser à former des jeunes, et d’autre part ne plus débaucher ceux qui ont été formés dans  le secteur privé.