Alors que les marchés restent pour le moins nerveux et que la pression sur l’Espagne et l’Italie se fait sentir, le ministre des finances italien, Giulio Tremonti, s’est rendu au Luxembourg le 3 août 2011 pour y avoir un long entretien avec le Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker.
"Nous avons eu une longue discussion et passé en revue tous les problèmes qu'affronte la zone euro", a déclaré Jean-Claude Juncker à l’issue de cette rencontre. "Nous poursuivrons notre réflexion calmement", a-t-il encore ajouté. Giulio Tremonti s’est contenté de marquer son accord à ses mots, précisant que la discussion avait été "longue et fructueuse".
Des échanges par téléphone ont aussi eu lieu avec la Commission, tant du côté italien qu’espagnol, le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero ayant même reporté son départ en vacances pour surveiller la situation et convoquer pour le 3 août une réunion visant à "surveiller les marchés".
La veille, Chantal Hugues, porte-parole de la Commission européenne, répondait à la presse que "la question d'un sauvetage" n’était "certainement pas sur la table" pour ces deux pays dont les taux obligataires à dix ans ont connu une envolée le 2 août.
Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, s’en étonnait pour sa part dans une tribune publiée ce jour-là dans les colonnes du quotidien Le Monde. "L'évaluation actuelle des risques sur les marchés ne correspond pas du tout aux fondamentaux, et il est tout bonnement risible que dans le classement des credit default swaps, ces pays figurent parmi ceux qui présentent le risque le plus élevé de défaut de paiement", affirmait Herman Van Rompuy qui soulignait une fois encore que "la situation de la Grèce est unique, et qu'elle n'est pas comparable à celle d'autres pays de la zone euro".
José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, a pour sa part réagi par voie de communiqué le 3 août en début d’après-midi, faisant part de la "profonde inquiétude" que suscite l’évolution du marché des obligations de l’Italie et de l’Espagne. "Ces développements sont clairement injustifiés au regard des fondamentaux de ces deux Etats membres et de leurs efforts sur le plan budgétaire et fiscal", estime le président de la Commission qui reconnaît cependant qu’ils "reflètent les inquiétudes croissantes parmi les investisseurs sur la capacité systémique de la zone euro à répondre à la crise".
Rappelant les mesures sur lesquelles se sont entendus les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro le 21 juillet dernier, José Manuel Barroso juge essentiel "d'agir rapidement en mettant en œuvre tout ce qui a été décidé par les dirigeants de la zone euro et d'envoyer un signal sans ambiguïté montrant que la zone euro va résoudre la crise de la dette souveraine avec les moyens adaptés à la gravité de la situation".
"Le travail technique nécessaire à la mise en œuvre de ces mesures est déjà entamé et il va être poursuivi au plus vite", précise José Manuel Barroso avant de souligner que les services de la Commission soutiennent activement les Etats membres dans ce travail technique. "La mise en place de certaines mesures va nécessiter des actions des parlements nationaux", rappelle-t-il et il annonce son intention d’écrire le jour même aux chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro "pour les presser de faire en sorte que ces décisions seront prises sans délai".