Le 26 septembre 2011, le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a tenu son débat général sur la situation des droits de l'homme en Palestine et dans les autres territoires arabes occupés.
Depuis une semaine, les diplomates de l’UE travaillaient à Genève sur un projet de prise de position. La position des huit pays de l’UE actuellement membres du CDH de l’ONU devait devenir une prise de position commune de toute l’UE. Le texte condamnait autant le blocus de Gaza par Israël que les attaques terroristes contre Israël. Il dénonçait les exécutions de Palestiniens par le Hamas et les violences des colons israéliens contre les Palestiniens en Cisjordanie.
Mais juste une heure avant le début de la réunion, le représentant des Pays-Bas a déclaré que son pays ne pouvait pas soutenir le projet. Il avait eu pour instruction de demander que les références à la solution des deux Etats, donc la création d’un Etat palestinien à côté d’Israël, une position traditionnelle de l’UE, soient biffées. Il s’agissait aussi de biffer les références à l’arrestation par les autorités israéliennes de militants des droits de l’homme qui manifestaient ou la destruction de maisons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Cette initiative des Pays-Bas qui vient d’empêcher l’UE d’adopter de nouveau une position commune sur le conflit israélo-palestinien a été très mal reçue dans les diplomaties européennes. L’Allemagne, l’Italie et la République tchèque étaient prêtes à faire des concessions, mais la Suède, l’Autriche, la Roumanie et la Slovénie refusaient. Bref, l’UE est plus éloignée que jamais d’une position commune sur le conflit au Proche Orient, ce qui réduit son influence dans la région.
Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a réagi à l’incident de Genève dans le cadre d’une interview accordée au journaliste Sascha Bremer et publiée le 29 septembre 2011 dans le quotidien tageblatt. Il y déclare qu’il s’attendait "à beaucoup en ce qui concerne la politique néerlandaise au Proche Orient". Mais, pousuit-il, "je n’aurais pas pensé qu’un des piliers de la politique étrangère européenne, la solution des deux Etats dans le cadre du processus de paix au Proche Orient, puisse être remis en question."
Pour le chef de la diplomatie luxembourgeoise, il y a problème, "si la philosophie de Geert Wilders (le leader populiste qui soutient le gouvernement de centre-droit actuel des Pays-Bas, ndlr) commence à recevoir une dimension européenne" et qu’il "détermine la politique étrangère européenne". Et il ajoute : "Si c’est cela la nouvelle mentalité, alors nous devons avoir le courage de dire ouvertement qu’une politique étrangère européenne commune est impossible."
Pour Jean Asselborn, la remise en question de la solution des deux Etats met fin à toute communauté de vues qui permette une approche européenne du conflit au Proche Orient, une politique qui ne serait plus que "la somme des politiques étrangères nationales". Jean Asselborn espère que "les collègues néerlandais réfléchiront de nouveau sur leur position" et que "cet épisode aura été un faux pas corrigé au plus vite".