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Politique étrangère et de défense
Dans un entretien au Wort, Jean Asselborn précise sa pensée sur une position commune de l’UE concernant l’éventuelle reconnaissance de la Palestine par l’Assemblée générale des Nations Unies
22-09-2011


L’Autorité palestinienne s’apprêterait à demander à l’Assemblée générale de l’ONU (AGNU) la reconnaissance de la Palestine comme Etat, sans négociations avec Israël. Cette démarche, qui rencontre l’opposition des Etats-Unis, mais aussi d’Etats membres de l’UE comme l’Allemagne et les Pays-Bas, a déjà été l’objet de discussions entre ministres des Affaires étrangères de l’UE lors de leur réunion informelle à Sopot, les 2 et 3 septembre 2011. www.wort.lu

La position du Luxembourg est formulée dans une réponse à une question parlementaire dans laquelle son ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, écrit que le Grand-Duché "œuvrera pour une position européenne unifiée, qui reflète le concept d'une solution à deux Etats, avec un Etat palestinien indépendant et viable sur base des frontières de 1967". "Le droit du peuple palestinien de vivre dans un Etat souverain, en paix avec Israël, demeure le fondement de l'approche du Gouvernement luxembourgeois", rappelle-t-il.

Dans une interview publiée dans l’édition datée du 22 septembre 2011 du Luxemburger Wort, Jean Asselborn précise sa pensée. Le ministre des Affaires étrangères ne pense pas qu’il sera possible d’aboutir lors de l’AGNU en cours à une reconnaissance d’un Etat palestinien au niveau des Nations Unies. Le veto américain jouera. Pour lui, ce qui importe, c’est de donner aux Palestiniens, en cas d’échec probable, un autre statut à l’ONU, par exemple un passage du statut d’observateur au statut d’Etat observateur. "Ici, nous devrions arriver à réaliser une unité entre Européens, Palestiniens et Arabes, mais pas contre les Etats-Unis et encore moins contre les intérêts d’Israël", estime-t-il. Pour Jean Asselborn, une telle démarche démontrerait que la Palestine est un Etat souverain, que la communauté internationale reconnaît son droit à un  propre Etat. Pour lui, si les Palestiniens devaient rentrer les mains vides, ce serait un échec de la communauté internationale.

Et l’UE dans tout ça ? Selon Jean Asselborn, l’Allemagne hésite à reconnaître un Etat palestinien "pour des raisons historiques", et les Pays-Bas hésitent "pour des raisons de politique intérieure". Ils ne veulent pas bouger tant qu’Israël n’aura pas bougé. Pour le chef de la diplomatie luxembourgeoise, l’UE ne peut se contenter d’un consensus sur le statu quo. "Cela ne marche pas, et je ne ferai pas avec", lance-t-il. Pour lui, le droit international prescrit la défense des faibles, et les faibles, ce sont ici les Palestiniens. Ils ont le droit de vivre dans leur propre Etat, en paix avec leurs voisins, "évidemment aussi avec Israël". Le problème de l’UE est donc d’arriver à parler d’une seule voix et d’éviter en même temps le statu quo.

Mais le risque qu’il y ait désunion, comme sur la question de la reconnaissance du Kosovo, existe bien. "Quelques pays penseront qu’ils doivent imposer leur point de vue aux dépens de l’unité européenne", regrette le ministre. Jean Asselborn ne sait pas comment l’Allemagne procédera – "cela dépend de la démarche palestinienne" - mais le Luxembourg est sur une ligne avec la France et la Belgique, qui soutiennent la Palestine et sa reconnaissance, pas à pas, en tant qu’Etat. Et l’objectif principal reste ici "la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens en vue d’une solution à deux Etats".

L’UE fait pression dans ce sens sur Israël, mais cela est devenu plus difficile, explique Jean Asselborn, avec un ministre des Affaires étrangères israélien, en l’occurrence Avigdor Lieberman, qui n’entretient aucun contact direct avec ses collègues européens, contrairement à ses prédécesseurs. Bref, le temps de "l’équidistance" est fini, il faut abattre ses cartes et aider soit ceux "qui veulent vraiment négocier", soit ceux "qui veulent empêcher une solution des deux Etats".