Le 25 octobre 2011, le commissaire en charge de l’Emploi et des Affaires sociales, László Andor, a fait devant le Parlement européen réuni en plénière à Strasbourg une déclaration sur la vague de licenciements en Europe sous l'effet de la crise économique, en particulier chez Arcelor et Nokia.
Une déclaration au cours de laquelle il a expliqué que les entreprises en question devraient respecter les règles communes et les accords avec les syndicats et les gouvernements au cas de licenciements avant de lister les initiatives de la Commission dans le domaine de l´emploi, comme par exemple la "feuille de route pour la stabilité et la croissance". Il a également recommandé aux entreprises en question d’avoir recours au fonds d’ajustement de l´Union européenne.
Au cours du débat qui a suivi, trois eurodéputés luxembourgeois, Astrid Lulling (PPE), Charles Goerens (ADLE) et Claude Turmes (Verts/ALE), sont intervenus, défendant des positions différentes. Georges Bach (PPE) s’est exprimé quant à lui à l’issue du débat, par voie de communiqué. Le message fort qui ressort de ces prises de position est un appel à la mise en œuvre d’une politique industrielle européenne.
La crise ne s’arrête pas devant le portail de nos industries européennes, et c’est le cas aussi à Schifflange, a témoigné l’eurodéputée Astrid Lulling qui dit "comprendre le drame économique et social" dénoncé dans l’hémicycle. "Certains prétendent que l’industrie profite de la crise pour délocaliser", résume Astrid Lulling qui regrette pour sa part le manque de puissance de la politique industrielle européenne.
L’eurodéputée va plus loin encore en jugeant la Commission, avec ses propositions "aberrantes", et certains membres "illuminés" du Parlement européen "coresponsables" de ce phénomène qui est lié selon elle aux contraintes toujours plus importantes qui pèsent sur l’industrie européenne : "les prix de l'énergie, des exigences outre mesure en matière de la protection de l'environnement ou encore une taxation trop pénalisante" minent selon Astrid Lulling la compétitivité des industries européennes. Elle plaide donc pour la relance d’une politique industrielle européenne fondée sur l’innovation et sur un plus grand réalisme en termes de lutte contre le changement climatique et de normes environnementales.
Pour ce qui est de la situation sociale, Astrid Lulling a rappelé la responsabilité des gouvernements et des syndicats nationaux, témoignant sa confiance au gouvernement luxembourgeois pour régler le problème au Luxembourg.
Charles Goerens fait le constat que l’UE ne dispose pas ou plus de programmes conjoncturels. Résultat, dans le cadre de licenciements massifs de salariés d'une entreprise, l'UE ne peut pas intervenir de façon effective dans le traitement social du chômage. Selon l’eurodéputé libéral, il s’agit de briser le "cercle vicieux" qui commence par l'annonce d'un manque de rentabilité, se poursuit avec le maintien de surcapacités de production pour enfin, "lorsqu'il n'y a plus rien à faire, habituer, à petites doses, les personnes directement concernées à une fermeture temporaire ou définitive de leur entreprise".
Ce qu'il faut, selon Charles Goerens, "c'est ouvrir les perspectives, à temps, explorer des voies alternatives si l'emploi ne peut pas être maintenu dans le même secteur d'activités. Ce qu'il faut, c'est un dialogue ferme entre partenaires, une démarche proactive ouvrant des perspectives à temps". Car l’objectif est d’éviter "la solution du pire : le chômage".
Claude Turmes a lui insisté sur le fait que l’Europe a besoin d’une politique industrielle moderne qui réponde aux besoins en acier nécessaires par exemple pour la rénovation de bâtiments, la construction de véhicules électriques légers.
Or, déplore l’eurodéputé, on a pu constater au conseil d’entreprise d’Arcelor Mittal que cette entreprise n’investit pas suffisamment et profite cependant des cadeaux fiscaux et autres avantages que lui offrent les Etats. Claude Turmes appelle donc Lakshi Mittal à agir en capitaine d’industrie et non en gestionnaire de fonds spéculatifs. Mais il appelle aussi la Commission et les Etats membres à se demander où Arcelor Mittal paye encore des impôts.
Georges Bach, qui assistait à la plénière, a réagi à la suite du débat par voie de communiqué. L’eurodéputé s’est dit déçu par les explications de la Commission européenne, le commissaire Andor s’étant selon lui "limité à énumérer des mesures qu´on peut appliquer une fois que la situation a tourné au vinaigre".
Les Etats membres essaient depuis des années d´attirer et de maintenir des entreprises dans leur pays respectif avec des faveurs fiscales et des réductions d´impôts, rappelle Georges Bach pour qui il faut désormais admettre que cette politique ne fonctionne pas. "Les entreprises profitent des avantages et délocalisent ensuite, sans prendre leur responsabilité en ce qui concerne les conséquences sociales et économiques", déplore-t-il, à l’instar de Claude Turmes.
Georges Bach plaide donc pour la définition d’une "stratégie cohérente et efficace au niveau européen, afin de mettre en œuvre une politique industrielle commune et d’en finir avec le "chacun pour soi" national".
Pour ce qui est plus précisément de la fermeture des sites Arcelor au Luxembourg, Georges Bach souligne que "les produits qui sortent aujourd’hui des usines de Schifflange et Rodange sont des produits de haute qualité, nécessitant une technologie complexe et requérant une main-d´œuvre qualifiée et bien formée". Pour l’eurodéputé, cette formation spécialisée représente un des facteurs où l’UE devrait s’investir plus, afin d’acquérir un avantage sur les pays comme la Chine avec une main-d´œuvre à bas prix.
"Nous devons à tout prix éviter une désindustrialisation de l’Europe, et il s’avère de plus en plus que ceci sera uniquement possible grâce à un effort européen commun", argue Georges Bach.