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Parlement européen
Le Parlement européen entend faire de ses futurs bâtiments à Luxembourg un projet exemplaire en matière de performance énergétique
24-10-2011


Début 2012, les travaux de construction du nouveau KAD devraient débuter au Kirchberg, après deux ans passés à creuser au pied de l’actuel bâtiment Konrad Adenauer pour terrasser, mais aussi réaliser des forages à 100 mètres de profondeur qui permettront de faire usage de la géothermie. Car une des spécificités de ce bâtiment, dans lequel devraient emménager le personnel du Parlement européen à Luxembourg en 2015, avant une rénovationL'eurodéputée Isabelle Durant devant la maquette du KAD 2 complète du site actuel pour 2017, est qu’il devrait être un projet "near zero energy".

Un projet ambitieux donc pour une institution qui a fait de la construction et de la rénovation de bâtiments passifs un de ses fers de lance.

Ce sont d’ailleurs deux eurodéputés qui sont venus à Luxembourg présenter à la presse ce projet précurseur par lequel le Parlement entend donner l’exemple. Isabelle Durant, vice-présidente du Parlement européen qui suit notamment le volet "buildings" du Parlement, ainsi que le projet "Parlement vert" dont l’objectif est de réduire l’empreinte écologique de cette institution, a donc donné le ton le 26 octobre 2011. "C’est toujours une belle décision que de faire ce que l’on préconise !", a-t-elle lancé, soucieuse que le Parlement européen montre la voie pour ce qui est d'améliorer la performance énergétique des bâtiments. Ce qu’il fait avec ce projet qui est un des plus grands projets zéro énergie en Europe, si ce n’est au monde, comme s’en est félicité lui aussi son collègue du groupe des Verts, le Luxembourgeois Claude Turmes.

Claude Turmes, dos au chantier en coursLa démarche du Parlement européen pour parvenir à ce bâtiment passif est basée sur des efforts visant à baisser la consommation d’une part, et à produire de l’énergie renouvelable d’autre part. Panneaux solaires thermiques, panneaux photovoltaïques seront donc installés, tandis que le chantier dévoile encore les plus de 233 forages réalisés à 100 mètres de profondeur, une première au Grand-Duché dont l’objectif est de se servir de la géothermie pour chauffer les bâtiments l’hiver et les rafraîchir l’été, ce qui n’est pas le moindre des défis dans un immeuble de bureaux.

Olivier Pesesse, chef de l’Unité Projets immobiliers au sein de la DG Infrastructures et logistiques du Parlement européen, est chef de projet dans cette affaire. Et c’est donc lui qui a détaillé les origines de ce projet, ainsi que les choix opérés.

Les objectifs du Parlement européen : devenir propriétaire, rassembler ses troupes sur un seul site au Luxembourg et développer un projet environnemental

Présent depuis plus de 50 ans à Luxembourg, le Secrétariat général du Parlement européen y occupe aujourd'hui près de 3000 personnes. Celles-ci sont réparties dans pas moins de six immeubles en location situés sur le plateau du Kirchberg, mais également dans d'autres endroits de l'agglomération luxembourgeoise.Olivier Pesesse, chef de projet pour le KAD2

Après avoir mené des politiques de construction et d'acquisition à Bruxelles et Strasbourg, l'heure est venue pour le Parlement européen de mener la même démarche à Luxembourg. Celle-ci permettra de diminuer les charges immobilières, la construction/achat se révélant toujours plus économique que la location sur le long terme, de regrouper tout le personnel dans un même ensemble immobilier et de donner une identité forte à la présence du Parlement européen à Luxembourg.

Toutefois, le Parlement européen a voulu aller encore plus loin dans les objectifs de construction en adoptant une démarche avant-gardiste en ce qui concerne l'aspect environnemental d'un tel projet.

Cette démarche se développe en 3 axes :

  1. une recherche poussée en performance énergétique,
  2. une attention renforcée pour tous les aspects environnementaux non liés à de l'aspect strictement énergétique,
  3. une certification par un organisme externe avec des exigences maximales.

La performance énergétique, la clef d’un projet de bâtiment "near zero energy"

Pour atteindre une performance énergétique élevée, les équipes de conception se sont concentrées d'abord, sur la diminution systématique des besoins. Ceci signifie :

  • l'isolation renforcée (triple vitrage, surépaisseur d'isolation dans les sols, les murs, les toitures),
  • la mise en place de dispositifs de contrôle ou de protection (détecteurs de présence pour l'éclairage, protection des façades pour limiter la surchauffe l'été).

Les besoins étant limités au maximum, la conception s'est attachée à améliorer le rendement des systèmes de production par :

  • l'usage de la trigénération,
  • la pile à combustible,
  • les dalles actives dans tous les bureaux,Le chantier du futur KAD à la date du 26 octobre 2011 : les forages sont en train d'être terminés
  • les pompes à chaleur et le freecooling,
  • la récupération de chaleur dans les locaux informatiques et sur la ventilation des bureaux.

Aussi, l'usage des énergies renouvelables est prévu à grande échelle :

  • l'énergie géothermique puisée dans 233 forages à 100 mètres de profondeur,
  • la biomasse pour la trigénération par le remplacement des moteurs à gaz par des moteurs à biocarburant,
  • l'énergie solaire avec plus de 8000 m² de panneaux solaires sur la toiture périphérique et en façade de la Tour auxquels s'ajoutent 160 m2 de panneaux solaires thermiques pour la production d'eau chaude sanitaire .

Les préoccupations environnementales du Parlement vont au-delà de la performance énergétique du bâtiment

A côté de la gestion de l'énergie, de nombreuses autres préoccupations environnementales ont été prises en compte. Elles concernent notamment :

  • la préservation des espaces verts, en favorisant l'installation de cours, atriums, patios plantés qui compensent près de 55 % du patrimoine naturel qui existait sur le terrain naturel avant construction. Les 45 % restant seront compensés par une intervention complémentaire dans le projet de l'école européenne;
  • la récupération généralisée des eaux de pluie pour alimenter les sanitaires de l'immeuble. Ceci devrait permettre une économie annuelle de 10.000 m³ d'eau par an
  • une attention à la mobilité "douce" en réduisant fortement les capacités de stationnement, mais en améliorant l'accès à vélo ou en transport en commun;
  • les matériaux de finition mis en œuvre  pour lesquels une collaboration avec le Ministère de la Santé permet un choix le plus judicieux associant le faible impact environnemental de production à une haute qualité vis à vis de la santé des occupants;
  • l'étude approfondie de l'impact du chantier sur tout le voisinage et la mise en place d'un système de contrôle en temps réel du bruit et des vibrations générés par le chantier, de manière à limiter toute gêne.

L’ensemble de la démarche est certifié au niveau environnemental

Afin de confronter sa démarche aux standards les plus exigeants, le Parlement européen a adopté dans le processus de conception, dès l'origine, un suivi par un organisme de certification environnementale.

Le système Breeam développé par le BRE (Building Research Establishment) permet de contrôler et de noter des dizaines de critères couvrant les thèmes suivants :

  1. La qualité de la gestion du projet;
  2. L'utilisation rationnelle de l'énergie;
  3. La santé et le bien-être des utilisateurs;
  4. La pollution de l'air et de l'eau;
  5. Le transport;
  6. L'eau.
  7. Les matériaux et les déchets
  8. L'affectation du sol et la valeur écologique du terrain

Sur une échelle allant de "passable" à "excellent", le Parlement européen vise le niveau "excellent" qui devrait être confirmé au niveau de la conception par l'organisme certificateur dans les prochaines semaines.

La réalisation

Alors que les terrassements et les forages géothermiques se réalisent, les études de conception ont été finalisées début 2011 et les appels d'offres lancés. Ces appels d'offres concernent :

  • Les travaux de construction de l'immeuble : Les offres doivent être déposées dans le courant du mois d'octobre. L'objectif est d'attribuer le gros œuvre au plus tôt pour un début de chantier en janvier 2012, dans le respect du coût d'objectif.
  • Le financement du projet : Une attribution de marché a été faite en septembre 2011. Le projet sera financé à 50 % par la Banque européenne d'investissement et à 50 % par une banque commerciale privée dans un partenariat au sein d'une société immobilière dédiée à ce projet.La façade du futur KAD au Kirchberg, un projet signé Heinle, Wischer et associés (c) Heinle, Wischer und Partner
  • Les assurances de chantier : Les offres doivent être déposées dans le courant du mois d'octobre. Les assurances couvriront la réalisation ("Tous Risques Chantier") et la garantie décennale.

La construction proprement dite se fera en 2 phases :

  • de début 2012 à début 2015 : construction de la partie "Est" de l'extension,
  • début 2015 : déménagement vers la partie "Est" de l'extension et évacuation du bâtiment existant,
  • de mi 2015 à mi 2017 : construction de la partie "ouest" de l'extension et remise à niveau du bâtiment existant.