Dans le cadre de la discussion sur les rapports sur les tests de résistance des centrales nucléaires de l’UE décidés après la catastrophe de Fukushima, le Ministère de la Santé du Luxembourg a publié le 25 novembre 2011 un communiqué sur le rapport et les recommandations au sujet de Cattenom rédigé par les groupes d’experts français IRSN, GPR et GPU commandités par l’Agence de sûreté nucléaire (ASN) qui avaient délibéré entre le 8 et le 10 novembre 2011 et remis leur rapport le 17 novembre.
Dans le communiqué du Ministère de la Santé, ces recommandations sont qualifiées comme "constituant un progrès, mais insuffisantes". Le Luxembourg, de concert avec la Rhénanie-Palatinat et la Sarre, avait déjà fait parvenir une position préliminaire à l’EDF au sujet de la centrale nucléaire de Cattenom et début novembre, ils avaient rencontrés les groupes d’experts français pour présenter leurs critiques.
Les experts recommandent de doter les centrales nucléaires d’un "noyau dur" de systèmes, comme l’approvisionnement en courant et les systèmes de refroidissement, un noyau dur qui devrait résister à des catastrophes naturelles hors norme, ce afin de prévenir un accident du type Fukushima ou de limiter son impact sur l’environnement. Ce noyau dur devrait même pouvoir continuer de fonctionner en cas de panne de plusieurs réacteurs d’une même centrale.
Ici, le communiqué est positif : "Ces recommandations des groupes d’experts vont au-delà des mesures déjà proposées par l’exploitant EDF comme la création d’un groupe d’intervention rapide de l’entreprise en cas d’urgence, la mise à disposition d’un agrégat électrique de dépannage supplémentaire par bloc de réacteur et des possibilités de refroidissement supplémentaires en cas de fonte du noyau nucléaire. Les recommandations constitueront une base importante de l’évaluation par l’ASN des tests de résistance et des mesures finales qui devront être prises pour améliorer la situation."
Mais d’autres déficits révélés par les tests de résistance, sur lesquels le Luxembourg et ses partenaires ont pointé, n’ont pas été pris en considération par les groupes d’experts français. Parmi eux, les conséquences d’un endommagement de la chape des blocs nucléaires, par exemple après la chute d’un avion ou la question de la suffisance de l’approvisionnement en cas de catastrophe naturelle. Par ailleurs, le Luxembourg et ses partenaires "trouvent les délais proposés par les exploitants pour d’autres analyses et la réparation des problèmes identifiés trop longs".
Conclusion : "Bien que les nombreuses mesures proposées contribuent, si elles sont soigneusement mises en œuvre, à une diminution du risque résiduel dans des centrales nucléaires, la centrale de Cattenom continue de représenter un risque que nous n’acceptons pas."
A noter que chaque Etat membre est tenu de livrer son rapport national définitif d’ici la fin du mois de décembre 2011 à l’ENSREG et à la Commission. La "peer review" commencera en janvier 2012.