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Entreprises et industrie - Énergie
Le suivi des tests de résistance des centrales nucléaires européennes, dont celle de Cattenom, continue, sous l’œil attentif de l’expert luxembourgeois Patrick Majerus
14-11-2011


Après la catastrophe nucléaire de Fukushima en mars 2011, l’Union européenne avait décidé de soumettre les centrales nucléaires de ses Etats membres à des tests de résistance. Un cahier de charges avait été approuvé par l’ENSREG le 25 mai 2011. Des tests ont d’ores et déjà été menés depuis juin 2011.

Le 15 septembre 2011, des rapports intermédiaires, dont un rapport qui traite aussi de la centrale Cattenom, a été remis par les exploitants des centrales nucléaires à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), rapport qui a été analysé dès ce jour-là par un groupe d’experts à Luxembourg. Et le 23 septembre 2011, le Conseil de gouvernement luxembourgeois a décidé  que le Luxembourg participerait à l’analyse thématique qu’entreprendra un groupe d’experts internationaux en vue d’identifier les éventuelles lacunes des tests de résistance auxquels seront soumis les centrales nucléaires dans l’UE. L’expert luxembourgeois, en l’occurrence Patrick Majerus, ingénieur nucléaire auprès de la division de la radioprotection du Ministère de la Santé luxembourgeois, couvrira plus particulièrement le volet consacré à la gestion d’un accident grave.

Dans le cadre des discussions sur Cattenom, des experts français s’étaient entretenus en septembre 2011 avec les experts du Luxembourg, de Sarre et de Rhénanie Palatinat du rapport concernant la centrale de Cattenom. Ce dernier certifiait d’une "bonne robustesse" des réacteurs lorrains, un certain nombre de critiques ont été formulées concernant l’éventualité de pertes d’alimentation électrique, les sources de refroidissement ou encore la gestion opérationnelle des situations d'urgence. De fortes critiques avaient néanmoins été formulées du côté allemand et luxembourgeois. Et il avait été décidé de se revoir en novembre.

Cette rencontre a eu lieu début novembre 2011 à Paris dans le cadre du "groupe permanent d’experts nucléaires". Ce groupe est, selon le site de l’ASN, "sollicité par l'ASN pour émettre des avis et le cas échéant des recommandations, dans le domaine des réacteurs nucléaires exploités pour la production d'électricité ou à des fins de recherche". Les représentants sarrois et luxembourgeois ont présenté, selon le Luxemburger Wort, plusieurs critiques, dont cinq ont été discutées.

Patrick Majerus a fait le point avec le quotidien. Il faut selon lui un deuxième poste de commande à Cattenom, et ce à une certaine distance des réacteurs, car l’accident de Fukushima a montré que quand le seul poste de commande est touché, la centrale n’est plus contrôlable. Il faut par ailleurs des filtres qui résistent à une catastrophe sismique, car en cas de fusion du cœur du réacteur, il est nécessaire de veiller à ce qu’aussi peu de substances radioactives que possible n’arrivent à l’extérieur de la centrale. Patrick Majerus, partant du fait que les exploitants de la centrale de Cattenom pensent qu’en cas de fissuration des réservoirs d’eau sur le terrain de la centrale, les eaux du lac de Mirgenbach et de la Moselle seraient selon toute vraisemblance suffisantes, il faudrait pousser plus loin l’analyse afin d’arriver à éviter toute pénurie d’eau pour le circuit de refroidissement de la centrale. L’on devrait également voir de plus près si les coupoles des réacteurs résisteraient à une très forte secousse sismique ou à une attaque terroriste aérienne, un effondrement d’une telle coupole pouvant conduire à une fusion du cœur du réacteur et à un très fort risque d’explosion.

A noter que chaque Etat membre est tenu de livrer son rapport national définitif d’ici la fin du mois de décembre 2011 à l’ENSREG et à la Commission. La "peer review" commencera en janvier 2012.