Dans le cadre du suivi des tests de résistance des centrales nucléaires européennes, le Conseil de gouvernement a décidé le 23 septembre 2011 que le Luxembourg participera à l’analyse thématique qu’entreprendra un groupe d’experts internationaux en vue d’identifier les éventuelles lacunes des tests de résistance auxquels seront soumis les centrales nucléaires dans l’UE. L’expert luxembourgeois couvrira plus particulièrement le volet consacré à la gestion d’un accident grave. Si chaque Etat membre est tenu de livrer son rapport national définitif d’ici la fin du mois de décembre 2011, les rapports intermédiaires ont déjà été soumis le 15 septembre dernier.
Le même jour, un groupe d’experts était réuni au Luxembourg pour analyser le rapport sur les évaluations complémentaires de sûreté remis par les exploitants des centrales nucléaires à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) le 15 septembre dernier. Un processus d’évaluation lancé par l’ASN le 5 mai 2011 qui se base sur le cahier des charges approuvé par l’ENSREG le 25 mai 2011.
Les experts français se sont notamment entretenus avec les experts du Luxembourg, de Sarre et de Rhénanie Palatinat du rapport concernant la centrale de Cattenom. Si ce dernier certifie d’une "bonne robustesse" des réacteurs lorrains, un certain nombre de critiques ont été formulées concernant l’éventualité de pertes d’alimentation électrique, les sources de refroidissement ou encore la gestion opérationnelle des situations d'urgence.
Dieter Majer, expert allemand, évoquait au soir de cette rencontre sur les ondes de RTL Radio Lëtzebuerg un déficit important en matière d’alimentation électrique de secours. Autre point mis en avant par le spécialiste, l’absence de plan d’action en cas de séisme. C’est sans compter le mauvais état de certaines installations ou encore le manque de formation du personnel. Mais EDF s’est engagée à régler les problèmes soulevés dans ce rapport d’évaluation.
Pour Patrick Majerus, ingénieur nucléaire auprès de la division de la radioprotection du Ministère de la Santé luxembourgeois, "on ne peut pas vraiment parler d’une bonne administration de la centrale". L’ingénieur s’en est confié au Tageblatt.lu, évoquant notamment les inquiétudes suscitées par la station de pompage située sur le Lac du Mirgenbach, laquelle présente des fuites d’eau et des traces de rouille. "Un certains nombre de choses sont négligées, ce qui ne devrait pas être le cas pour une telle installation", déplore l’ingénieur luxembourgeois. La préparation à un éventuel séisme ne manque pas d’inquiéter Patrick Majerus qui se plaint aussi que certaines défaillances identifiées en 2010 – de l’eau sous les cuves d’alimentation des générateurs de secours – n’aient pas été réglées. Ces générateurs de secours ont par ailleurs un temps de démarrage qui dépasse de 5 secondes la norme établie : "une éternité en cas d’accident nucléaire", commentent les experts.
En tout, ce sont 60 défaillances qui sont identifiées dans ce rapport. Mais, précise Patrick Majerus, "nous n’en sommes qu’au début". Les experts vont en effet se rencontrer à nouveau au mois de novembre.
Chaque Etat membre est tenu de livrer son rapport national définitif d’ici la fin du mois de décembre 2011 à l’ENSREG et à la Commission. La "peer review" commencera en janvier 2012.