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Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
Pour la Chambre des salariés, une modération salariale renforcée par le Pacte pour l’euro + "ne fera qu’entraîner davantage l’UE sur la pente glissante de la paupérisation de son salariat"
01-12-2011


Dans ses EcoNews 15/2011 publiés le 30 novembre 2011, la Chambre des salariés publie, sous le titre "L’austérité salariale en plus de l’austérité budgétaire ? Les salariés risquent de payer deux fois pour la crise européenne ?", une lourde charge contre les conséquences sociales qu’elle redoute en résultat des politiques européennes qui sont en train d’être mises en place dans le cadre du Pacte pour l’euro +.

Part salariale dans la valeur ajoutée, 1999-2008 (en %) source: CSLDans la mire de la CSL, il y a l’évaluation des progrès et des engagements en termes de compétitivité des Etats membres de la zone euro et de quelques États membres associés au Pacte pour l’euro +, une évaluation qui se basera principalement sur "l’évolution des salaires et de la productivité (coût unitaire de la main-d’œuvre), la première devant être 'en accord' avec la seconde." Une attention particulière sera accordée aux dispositifs de fixation des salaires, au degré de centralisation du processus de négociation et aux mécanismes d’indexation, qui, selon la CSL, sont considérés d’emblée par l’UE comme des entraves potentielles à la compétitivité européenne et à l’équilibre économique au sein de la zone euro.

Pour la CSL, les recommandations adressées au Luxembourg en juin 2011 sont sous-tendues par l’idée qu’il faut de la modération salariale et que l’indexation automatique des salaires crée un déséquilibre économique préjudiciable, parce que les salaires évolueraient trop vite par rapport à la productivité. "Ce diagnostic est-il fondé ?", se demande la CSL.

La CSL rappelle que l’Econews 10/2011   "a récemment mis en lumière que les salaires luxembourgeois évoluent bien en-deçà de la productivité, ce qui draine un recul de la part salariale dans la valeur ajoutée dégagée dans les entreprises." Par ailleurs, les pays du Sud de l’Europe, "dans l’œil du cyclone, accusés de nombreux maux", ne peuvent pas non plus, pour la CSL, "être jugés pour une politique salariale débridée entre l’année de l’introduction de l’euro, dont ils seraient en train de menacer l’existence, et 2008, juste avant le début de la crise".

La  CSL écrit : "La Grèce et l’Espagne ont connu une baisse substantielle de la part des salaires, avec respectivement –6,2 et –5,4 % (soit –4,1 et –3,5 points), pour se retrouver au niveau, voire en dessous de l’Allemagne. L’Italie et le Portugal ont vu leurs parts à peine bouger de +0,1 et +0,5 point, soit de moins d’1 % pour chacun d’eux, alors que l’augmentation irlandaise de 6,2 points est certes plus remarquée (+11 %), mais s’inscrit tout bonnement dans une logique de convergence. Notons aussi au passage que le Portugal et l’Irlande ont également connu une forte baisse de leur taux de risque de pauvreté entre 1999 et 2008, au contraire de l’Allemagne, où il a fortement progressé, l’Irlande se retrouvant ainsi au même niveau que la RFA en 2008."

Elle constate ensuite que "les pays frontaliers du Luxembourg ont connu le même mouvement à la baisse de leur part salariale, avec –3,7 % pour la Belgique et –1,3 % pour la France et une très impressionnante (et très commentée) chute de 5,8 %, soit –3,8 points, au compte de l’Allemagne."

Et d’asséner de son point de vue le fait suivant : "Mais le recul le plus spectaculaire parmi les pays observés est à porter au crédit du Luxembourg : –7,5 % entre 1999 et 2008, soit –4,2 points, en partant d’un niveau pourtant déjà largement inférieur à la RFA. Même abstraction faite des sociétés financières (hors J), le Luxembourg connaît un recul de 3,2 % (–1,9 points) de sa part salariale, équivalent en % à celui de la moyenne de la zone euro."

L’explication de la CSL : "En Europe, les salaires par salarié ont (…) progressé (…) moins vite que le surcroît annuel de richesses engrangé par emploi (productivité) entre l’introduction de l’euro et l’avant-crise, dans le plus strict respect donc de la norme salariale imposée par l’Europe (…). L’évolution des salaires, même indexés, ne pénalise par conséquent aucunement la 'compétitivité'."

La CSL en conclut, et le reproche est pesant, que "vouloir imposer une modération salariale renforcée par le biais du Pacte pour l’euro + ne fera qu’entraîner davantage l’Union européenne sur une pente glissante de la paupérisation de son salariat… " Bref, comme ce ne peuvent être les salariés des pays du Sud ou bien les systèmes d’indexation des salaires en Europe « qui sont à la source des déséquilibres compétitifs constatés, la solution est donc à chercher ailleurs ». Pour le Luxembourg, la CSL est d’avis que le pays ne devrait pas craindre de perdre son indexation automatique des salaires, à moins que "les institutions qui se pressent à son chevet n’utilisent de mauvais indicateurs pour de mauvais diagnostics".