Le 6 décembre 2011, l’agence de notation Standard & Poors a annoncé avoir placé sous surveillance négative la note de l’EFSF, qui est actuellement doté du triple A. "Compte tenu de la structure de l’EFSF, si nous devions abaisser la note d'un ou plusieurs pays de la zone euro, nous lui attribuerions la note la plus basse d'un pays de l'Union monétaire anciennement noté triple A", indique S&P dans un communiqué. Cela pourrait donc conduire à un abaissement de deux crans, dans le sillage de la France, qui est le pays bénéficiant du triple A le plus sérieusement menacé par l'agence S&P. La décision de S&P interviendra dans les trois mois "et si possible avant", précise l'agence de notation, qui entend d'abord finir son évaluation des pays apportant leurs garanties à l'EFSF.
Europaforum.lu avait déjà rapporté la vive réaction et la surprise du Premier ministre Jean-Claude Juncker à l’annonce, faite le 5 décembre par l’agence de notation S&P, qu’elle plaçait 15 pays de la zone euro sous surveillance négative, menaçant ainsi de dégrader la note notamment des six pays de la zone euro dotés du triple A parmi lesquels compte le Luxembourg.
Le 6 décembre 2011, ce fut au tour du ministre des Finances, Luc Frieden, de réagir. Interrogé par Nico Graf sur les ondes de RTL Radio Lëtzebuerg, Luc Frieden a évoqué une annonce qui n’est en rien "un scoop" pour lui dans la mesure où, selon lui, toute une série de ministres des Finances ont déjà prédit un tel moment ces derniers mois, et où beaucoup est fait aussi dans ce contexte. Il s’agit en effet d’aider à court terme des pays qui ont des difficultés financières et qui doivent en contrepartie remplir des conditions fortes, rappelle Luc Frieden qui explique qu’il convient dans ce cadre de veiller, à moyen terme, à éviter tout risque de contagion. Il évoque donc les efforts faits actuellement pour garantir la stabilité de la zone euro ou encore pour assurer que chacun s’en tiendra à moyen et à long terme aux critères du pacte de stabilité et de croissance. "Je suis donc un peu étonné de voir les gens s’effrayer quand Standard & Poor’s dit quelque chose que disent depuis des mois déjà nombre de personnes sur les marchés financiers, mais aussi dans la politique", résume Luc Frieden. Pour le ministre, "l’Europe doit retrouver la voie de la confiance et de la stabilité", ce qui ne se fera pas selon lui en un seul sommet ou en une seule réunion bilatérale.
Pour le directeur de l’ABBL, Jean-Jacques Rommes, la nouvelle n’a pas non plus été très surprenante, comme il l’a confié au Lëtzebuerger Journal qui le rapporte dans son édition du 7 décembre 2011. "Nous nous étonnons du moment choisi, mais pas de la nouvelle en soi", a-t-il expliqué, jugeant très inopportun le moment où est intervenue cette annonce. "Mais il faut admettre qu’il est très difficile de trouver le bon moment dans un contexte où les sommets de crise se tiennent à des intervalles de quelques semaines", concède-t-il, ajoutant que l’image de la zone euro est "désastreuse" depuis un bon moment déjà. Pour le directeur de l’ABBL, S&P réagit avant tout "au manque de direction politique en Europe", des soucis d’ailleurs déjà pris en compte de longue date par les marchés, ce qui fait que l’annonce de l’agence de notation n’a pas causé d’énormes variations des cours. "Il faut simplement constater que la politique se laisse toujours plus porter par la presse et les agences de notation", poursuit Jean-Jacques Rommes, ce qui n’aide pas beaucoup selon lui quand il s’agit de résoudre des problèmes.
La DP a réagi quant à elle par voie de communiqué le 6 décembre 2011, estimant elle aussi que la menace de S&P n’est pas vraiment "inattendue", ce qui ne l’empêche pas "de faire mal". Certes on peut discuter le mode de fonctionnement des agences de notation, relèvent les représentants du parti, mais à leurs yeux, "les signaux d’alerte, que le Luxembourg et d’autres pays de la zone euro ne veulent pas prendre en compte depuis des années, sont eux indiscutables". "Au fond, l’annonce de Standard & Poor’s dit exactement ce que déplorent de façon unanime les experts nationaux et internationaux au sujet du budget", a déclaré ainsi le président du parti, Claude Meisch, inscrivant ainsi sa réaction dans le contexte des débats qui sont en cours à la Chambre des députés au sujet du projet de budget 2012, ainsi que de la tripartite. Il appelle ainsi le gouvernement à revoir sa proposition de budget pour éviter une dégradation de la note du Luxembourg, pour établir "un budget répondant à la situation économique et financière tant nationale qu’internationale".