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Le vieillissement actif dans l'UE - Le taux d'emploi des personnes âgées de 60 à 64 ans est passé de 23 % en 2000 à 31 % en 2010 et celui des personnes âgées de 55 à 59 ans de 50 % à 61 %
19-01-2012


2012 Année européenne du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelleDans l'UE, la proportion de la population âgée de 55 ans et plus est passée de 25 % en 1990 à 30 % en 2010, et devrait atteindre 40 % en 2060. En liaison avec les défis démographiques découlant de cette augmentation, l'Union européenne a désigné 2012 comme Année européenne du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle. Un vieillissement actif veut dire que les groupes plus âgés ont la possibilité de rester sur le marché du travail et de partager leur expérience, de continuer à jouer un rôle actif dans la société et de vivre une vie aussi saine et épanouissante que possible.

Pour marquer l'Année européenne, Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne, a publié des statistiques sur les tendances démographiques et l'emploi de la population âgée les plus récentes. Il a également publié "Active ageing and solidarity between generations – a statistical portrait of the European Union 2012", une étude préparée en collaboration avec la Direction générale Emploi, affaires sociales et inclusion de la Commission européenne et Eurofound, la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail. Cette publication présente des données sur des sujets tels que la démographie, l'emploi, la transition entre travail et retraite, la santé, les conditions de vie et la participation dans la société.

Finalement, la Commission européenne a publié une nouvelle enquête Eurobaromètre qui donne des informations sur les comportements à l'égard du vieillissement et sur la participation des personnes âgées dans la société.

Les tendances démographiques et de l'emploi de la population âgée les plus récentes

EurostatLa proportion de personnes âgées de 55 ans et plus dans la population totale a augmenté entre 1990 et 2010 dans tous les États membres.

En 2010, les plus fortes proportions de personnes âgées de 55 à 64 ans se situaient en Finlande (14,7 % de la population totale) ainsi qu'en République tchèque et à Malte (14,1 % chacun), et les plus faibles en Irlande (10,1 %), en Lituanie (10,7 %) et au Luxembourg (10,8 %), ce dernier chiffre étant avant tout dû au fait que le Luxembourg est un pays dont la démographie croît rapidement grâce à l’immigration, et celle-ci est par définition plutôt jeune.

En ce qui concerne le groupe d'âge des 65 ans et plus, les plus fortes proportions étaient observées en Allemagne (20,7 %), en Italie (20,2 %) et en Grèce (18,9 %), et les plus faibles en Irlande (11,3 %), en Slovaquie (12,3 %) et à Chypre (13,1 %). Au Luxembourg, ils sont 14 % à être âgés de plus de 65 ans.

Le taux d'emploi des personnes âgées de 20 à 64 ans, de 55 à 59 ans et de 60 à 64 ans

L'emploi de la population âgée a fortement augmenté au cours de la dernière décennie. Alors que le taux d'emploi des personnes âgées de 20 à 64 ans a augmenté dans l'UE de 2,1 points de pourcentage (passant de 66,5 % en 2000 à 68,6 % en 2010, au Luxembourg de 67,5 % à 70,7 %, légèrement au-dessus de la moyenne UE), le taux d'emploi des groupes plus âgés a augmenté plus fortement : de 10,6 points de pourcentage pour les personnes âgées de 55 à 59 ans (de 50,3 % à 60,9 %, au Luxembourg de 38,9 à 55,7 %, une augmentation nette de 16,8 %, même si le Grand-Duché reste en-dessous de la moyenne UE) et de 7,5 points de pourcentage pour les personnes âgées de 60 à 64 ans (de 23 % à 30,5 %, au Luxembourg de 14,5 % à 20,1 %, soit une augmentation de 5,6 %, en-deçà de la moyenne UE ). Le taux d'emploi des personnes âgées de 65 ans et plus est demeuré autour de 5 %.

En 2010, les taux d'emploi les plus élevés pour les personnes âgées de 55 à 59 ans ont été enregistrés en Suède (80,7 %), au Danemark (75,9 %) et en Finlande (72,5 %), et les plus faibles en Pologne (45,8 %), en Slovénie (46,9 %) et à Malte (49,3 %). Au Luxembourg, le taux d’emploi des personnes âgées entre 55 et 59 ans est, avec 55,7 %, en 18e position.

Pour les personnes âgées de 60 à 64 ans, les taux les plus élevés ont été observés en Suède (61 %), au Royaume-Uni (44 %) et en Estonie (42,8 %), et les plus faibles en Hongrie (13 %), à Malte (14,2 %) et en Slovaquie (17,2 %). Au Luxembourg, il est de 20,1 %, en 21e position.

Pour les personnes âgées de 65 ans et plus, les taux d'emploi les plus élevés ont été constatés au Portugal (16,5 %), en Roumanie (13 %) et à Chypre (12,9 %), et les plus faibles en France et en Slovaquie (1,6 % chacun) ainsi qu'en Hongrie (1,9 %). Pour le Luxembourg, les données sont à fiabilité réduite en raison de la trop petite taille de l’échantillon.

Une nouvelle enquête Eurobaromètre de la Commission européenne donne des informations sur les comportements à l'égard du vieillissement et sur la participation des personnes âgées dans la société

eurobarometerL’enquête Eurobaromètre révèle que dans l’UE, les personnes âgées de plus de 55 ans sont perçues de manière positive par 61 % des personnes interrogées, et de manière négative par 28 %. Au Luxembourg, (voir la fiche spécifique) les résultats sont très différents. Seulement 9 % des personnes interrogées perçoivent ceux qui sont âgés de plus de 55 ans de manière négative, et 82 % les considèrent de manière positive.

Le vieillissement de la population n’inquiète que 42 % des citoyens de l’UE, 39 % au Luxembourg. Entre 55 % (UE) et 57 % (LU) des personnes interrogées ne sont pas inquiètes, ou très peu.

Les Européens pensent en moyenne pouvoir arriver à répondre aux exigences de l’emploi qu’ils occupent actuellement jusqu’à l’âge de 61,7 ans. Au Luxembourg, ils se voient travailler jusqu’à l’âge de 60,4 ans. Les indépendants pensent pouvoir travailler le plus longtemps, avec 64,9 ans dans l’UE, 63,5 ans au Luxembourg. Suivent les cadres (63,2 ans dans l’UE et 62,9 ans au Luxembourg), les employés (61,8 dans l’UE, 59,9 ans au Luxembourg) et les ouvriers (59,9 ans dans l’UE et 58,8 ans au Luxembourg).

L’idée de travailler au-delà de l’âge qui permet de prendre leur retraite ne plaît qu’à 33 % des Européens et 30 % des personnes interrogées au Luxembourg. Là aussi, les indépendants préfèrent travailler plus longtemps, 46 % dans l’UE, et même 58 % au Luxembourg, ici une tendance tout à fait contraire à celle qui prédomine dans l’UE et chez les indépendants de l’UE. Les cadres ne sont plus qu’un tiers (37 % dans l’UE, 32 % au Luxembourg) à vouloir travailler au-delà de l’âge qui leur permet de partir à la retraite, et les employés sont au Luxembourg moins nombreux que les ouvriers (24 % contre 29 %) à vouloir continuer.

L’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite provoque un refus radical chez 36 % des citoyens de l’UE, 34 % au Luxembourg, et un refus de 24 % dans l’UE respectivement de 22 % au Luxembourg. Un accord clair ou modéré ne rassemble que 33 % de suffrages dans l’UE, mais 40 % au Luxembourg, alors que l’opposition y est actuellement presqu’unanime dans le monde syndical.

15 % des Européens (11 % au Luxembourg) disent par ailleurs avoir été témoin d’une discrimination liée à l’âge sur le lieu de travail, 6 % affirment en avoir été victime, 4 % au Luxembourg. Suivent les domaines de la santé (UE : 11 %, LU 7 %), de l’accès à des produits ou services financiers (UE : 11 %, LU : 8 %), à l’enseignement ou à une formation professionnelle (UE : 8 %, LU 5 %) et dans le cadre des loisirs et du tourisme (UE : 6 %, LU : 4 %). 

Pour les Européens, la contribution à la société des personnes âgées de plus de 55 ans la mieux perçue est, pour 82 % (LU : 81 %), qu’elles s’occupent de leurs petits-enfants. Suivent le soutien financier aux autres membres de leur famille (UE : 74 %, LU : 80 %), leur rôle en tant que consommateurs, c’est-à-dire acheteurs de biens et de services (UE : 72 %, LU : 78 %), le fait qu’ils prennent soin de membres malades ou handicapés de leur famille (UE : 71 %, LU : 61 %), et ensuite seulement leur contribution comme personnes qui effectuent un travail rémunéré (UE : 65 %, LU 53 %). Finalement, on les apprécie comme bénévoles (UE : 58 %, LU : 60 %). Reste que dans l’UE, seulement 26 % des personnes de cette catégorie d’âge font du bénévolat, 36 % par contre au Luxembourg, et que la part des personnes des différentes catégories d’âge (15 à 54 et 55+) ne diffère guère.

L’Eurobaromètre aborde ensuite une question très différente, qui ne touche plus à la vie active des personnes âgées, mais à la période où elles deviennent plus dépendantes. Les auteurs de l’enquête ont voulu savoir quelles seraient les mesures les plus utiles que les gouvernements pourraient prendre pour aider les personnes qui prennent soin des membres plus âgés de leur famille. La compensation financière pour les soins apportés remporte la palme (44 % pour dans l’UE, 36 % au Luxembourg), suivie par une modulation du temps de travail (UE : 38 %, LU : 41 %), la possibilité de quitter temporairement un poste pour le retrouver ensuite (UE : 35 %, LU : 39 %), percevoir des points de retraite pour la période de soins (UE : 33 %, LU : 23 %), le droit de travailler à temps partiel (UE et LU : 27 %), bénéficier d’une formation sur les soins à prodiguer (UE : 21 %, LU 31 %), etc.    

Qui est perçu comme âgé, qui est perçu comme jeune dans l’UE ? En gros, les Européens considèrent comme âgée un personne qui est âgé de 64 ans. Et l’on est considéré comme jeune jusqu’à 42 ans dans l’UE, jusqu’à 40 ans seulement au Luxembourg.

65 % des Européens, et 78 % des Luxembourgeois considèrent que l’endroit où ils vivent est adapté aux personnes âgées. Cette proportion augmente même si les personnes interrogées sont âgées de plus de 55 ans à 67 % dans l’UE et 84 % au Luxembourg, un très haut taux de satisfaction. Ce qui pourrait être amélioré a trait aux commodités qui permettraient aux personnes âgées de se maintenir en forme et en bonne santé (UE : 42 %, LU : 29 %), les transports publics (UE : 40 %, LU : 35 %), les passages pour piétons et les panneaux de signalisation (UE : 31 %, LU : 27 %), les lieux publics tels que les parcs (UE : 25 %, LU 17 %), les locaux commerciaux (UE : 17 %, LU 25 %) et les bâtiments publics (15 %).

70 % des Européens, et même 82 % des personnes interrogées au Luxembourg pensent que les organisations de personnes âgées et d’autres ONG jouent un rôle positif face au défi que représente une population vieillissante. Les organisations religieuses et les églises ont, avec 63 %, la deuxième meilleure appréciation (mais avec 61 % au Luxembourg, elles n’arrivent qu’en quatrième position). Avec 50 %, les autorités régionales ou locales arrivent dans l’UE en troisième position, mais au Luxembourg elles arrivent en deuxième position avec 69 % de réponses positives, ce qui souligne la haute estime dans laquelle les résidents du Luxembourg tiennent les communes. Le gouvernement national arrive, avec 39 % de réponses positives en moyenne dans l’UE, en quatrième position, mais au Luxembourg, le gouvernement national bénéficie en relation avec les personnes âgées de 63 % de réponses positives et arrive en troisième position, avant les organisations religieuses et églises. Les syndicats, avec 43 % contre 36 %, ont aussi la cote au Luxembourg. Même les institutions européennes sont jugées positivement par 36 % des résidents du Luxembourg.   

L’étude "Active ageing and solidarity between generations – a statistical portrait of the European Union 2012"

active-ageing-eurostatLe premier chapitre de l’étude, intitulé “Demographics” donne tout un éventail d’indicateurs démographiques qui décrivent la structure de la population de l’UE. Il inclut des éléments de taux de dépendance démographique qui mesurent le niveau potentiel du soutien reçu par les plus jeunes (de 0 à 14 ans) et les personnes âgées (les plus de 65 ans) de la part de la population active, donc ceux qui sont âgés selon les conventions statistiques de15 à 64 ans.

Dans ce contexte, on observe des inquiétudes quant à la possibilité que le vieillissement de la population qui s’accélère dans l’UE conduise à ce que les vieilles générations deviennent une charge trop lourde pour les jeunes générations en âge de travailler. Mais l’étude relève que les taux de dépendance économique sont plus importants à considérer que les taux de dépendance démographiques, dans la mesure où le taux de dépendance économique met en relation la population effectivement active et le nombre des personnes effectivement dépendantes – les sous-employés, chômeurs et non-actifs - et donne ainsi une image plus réelle de la charge relative à laquelle doivent faire face ceux qui travaillent. Mais dans ses développements, l’étude ne livre plus que des éléments épars sur le taux de dépendance économique.      

Pour ce qui est du taux de dépendance démographique moyen de l’UE, il va passer de 25,9 % en 2010 à 31,4 % en 2020 et 38,3 % en 2030, pour finir en 2050 à 50,2 %. Le Luxembourg a actuellement un taux de dépendance moins élevé que la moyenne européenne – basé sur le modèle de croissance actuel construit sur un marché du travail qui recrute largement une main d’œuvre de frontaliers dont il n’est pas tenu compte ici et de nouveaux résidents dont il est tenu compte ici. Ce taux de dépendance gravite autour  de 20,4 %. Il sera, dans une projection toujours basée sur le modèle actuel, de 23,1 % en 2020, de 30 % en 2030 et de 41,9 % en 2050. A ce moment, le taux de dépendance démographique en Belgique sera passé de 26 % en 2010 à 42,5 % en 2050, en Allemagne de 31,3 % actuellement à 58,1 % en 2050, en France de 25, actuellement à 45,5 % en 2050 et au Portugal de 26,7 % actuellement à 55,6 % en 2050.

Le chapitre 2, qui traite des personnes de plus de 50 ans sur le marché du travail, montre que le nombre des personnes âgées de 50 à 64 ans a augmenté sur le marché du travail et que leur taux d’activité va continuer d’augmenter jusqu’au milieu du 21e siècle, dépassant les 50 % de taux d’activité actuel de ceux qui sont âgés de 55 à 64 ans.

Un cinquième des personnes âgées de 50 à 64 ans travaillent à temps partiel. Si un quart de ces personnes n’ont pu trouver d’autre travail, il s’agit néanmoins souvent d’un choix de style de vie. Autour de 8 % d’entre elles ne travaillent pas à plein temps pour des raisons de santé ou de handicap. Peu, seulement 0,4 %, sont en formation alors que le reste de la population est 10,3 % à suivre une formation, possiblement, pensent les auteurs de l’étude, parce que les personnes concernées estiment que cela n’est plus rentable.

L’étude montre aussi que les personnes âgées de plus de 50 ans sont dans l’UE à 84,3 % et au Luxembourg à 86,2 % satisfaites de leurs conditions de travail, en quoi elles ne se différencient pas du reste de la population employée. Un tiers par contre voudrait travailler moins d’heures.

Le salaire reste évidemment une des motivations principales pour rester ou regagner le marché du travail pour les personnes âgées de 50 ans et plus. Ici, les situations diffèrent fortement entre les Etats membres. Mais en gros, la plupart des pays affichent des revenus de personnes âgées de plus de 50 ans plus élevés que ceux du reste de la population active, sauf dans les pays baltes, ou bien en Irlande, au Royaume Uni et aux Pays-Bas, qui ont une autre structure du marché du travail.

Autre élément à considérer : pour les générations actuelles de personnes âgées de plus de 50 ans, la différence entre les salaires des hommes et des femmes est importante. 

La santé et la sécurité sur le lieu de travail jouent un rôle croissant. Un sixième des salariés âgés de 45 à 54 ans se plaignent de problèmes de santé liés à leur emploi. Mais cette part tombe à 15,8 % pour les travailleurs âgés de 54 à 65 ans. Un indicateur pour que la politique et les employeurs orientent leurs efforts vers les questions de santé sur le lieu de travail, afin de réduire l’absentéisme dû à des ennuis de santé et prolonger la durée de la vie de travail. Le rapport montre aussi que les accidents de travail qui entraînent une absence de plus de quatre jours ou qui sont mortels sont les plus nombreux parmi la classe d’âge des 45-54 ans.

En 2010, le taux de chômage des personnes âgées de 50 à 64 ans était de 6,9 %, donc nettement en-dessous des 10 % de chômage de la population active. Mais plus de la moitié de ces personnes était au chômage depuis plus d’un an – de facto, comme le souligne l’étude, la voie vers une retraite prématurée, une des raisons principales pour cesser les activités professionnelles. En dix ans, ce type de départ du marché du travail a été réduit, notamment chez les femmes. 37,2 millions de personnes âgées de 50 à 64 ans qui sont "inactives" représentent pourtant "un potentiel important en termes de ressources humaines".

Des enquêtes citées dans l’étude ont cherché à savoir si, lorsque les personnes âgées travaillent plus longtemps, elles ne privent pas de travail les jeunes générations. 46,6 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans n’étaient pas d’accord avec cette idée. Mais les opinions sont très différentes selon les pays. Une de ces enquêtes, qui date de septembre et d’octobre 2011, montre que, si les personnes âgées de plus de 55 ans ont une meilleure opinion d’eux-mêmes sur le lieu de travail que les autres classes d’âge, il y a néanmoins un large consensus sur le fait qu’elles ont de l’expérience, qu’elles sont fiables, capables de prendre une décision par elles-mêmes, mais qu’elles sont aussi moins flexibles, moins ouvertes à de nouvelles idées et moins à jour avec les innovations technologiques.    

Le chapitre 3 traite de la transition de la vie de travail vers la retraite. Il est mis en évidence que même si chaque État membre est en charge de ses systèmes de retraite, ceux-ci sont désormais des éléments d’une cadre plus général de l’UE et entrent en compte dans le cadre de la politique de stabilité, de la politique de protection sociale et d’inclusion, de la stratégie Europe 2020 et du marché unique. Obligation est désormais faite à ces systèmes d’être durables, de trouver un équilibre entre la qualité de vie des pensionnés et les problèmes de ceux qui sont censés payer les pensions futures. Cette question concerne les gouvernements en charge de budgets en équilibre, les générations, car les jeunes générations vont devoir affronter la question des retraites sous d’autres conditions, ce qui recèle un certain potentiel de conflit, et les individus, soucieux des conditions de leur retraite. (voir entre autres le livre vert de la Commission : "Vers des systèmes de retraite adéquats, viables et sûrs en Europe" de juillet 2010 et l'Eurobaromètre sur le climat social de fin 2011)

Tenant compte du point de vue des individus, qui veulent réduire leur temps de travail pour pouvoir s’adonner à d’autres activités, les gouvernements s’efforcent, souligne l’étude, de trouver des chemins pour que ces personnes restent plus longtemps sur le marché du travail tout en conciliant leur emploi avec leurs intérêts personnels.

En 2009, l’âge moyen de départ à la retraite dans l’UE était de 61 ans et 5 mois. Au Luxembourg, il tournait autour de 59 ans et 2 mois. Certains pays de l’UE s’apprêtent à changer, ou l’ont déjà fait, l’âge légal de départ à la retraite.

Reste que seulement un quart de la population active âgée de 50 à 69 ans voulait travailler au-delà de 65 ans. L’étude suppose que l’idée de relever l’âge de départ à la retraite va soulever des résistances.

D’autre part, un sixième de ceux qui partent à la retraite dans l’UE le font parce qu’ils ne trouvent plus de travail, et l’étude souligne qu’ils risquent souvent la pauvreté liée à la vieillesse.

Un sondage effectué en septembre et octobre 2011 révèle d’autre part que 41 % des personnes âgées de plus de 55 ans travailleraient volontiers au-delà de l’âge légal de départ à la retraite et 61 % de la population active pense que les personnes désireuses devraient avoir le droit de travailler au-delà de cet âge légal.

Le ratio de remplacement moyen dans l’UE, qui indique le rapport entre le revenu moyen provenant d’une pension de personne âgée de 65 à 74 ans et le revenu moyen de travail des personnes âgées de 50 à 59 ans, est de 0,51. Au Luxembourg, il a été en 2009 de 0,62 en moyenne, avec 0,64 pour les hommes et 0,59 pour les femmes. Ce ratio peut devenir selon l’étude un élément d’évaluation pour l’individu qui doit décider s’il veut ou non prolonger sa vie de travail.

Tout cela se passe dans un contexte où la structure de la population active est en train de changer dans l’UE, ce qui se traduit par des départs massifs à la retraite de la génération des baby-boomers qui ne sont pas compensés par les générations nées depuis les années 70. La population active diminuera donc à partir de 2011, même si cela ne veut pas dire que la population en activité diminuera, puisque le taux d’emploi a tendance à croître auprès des personnes actives plus âgées. Il en résulte que les politiques de l’emploi et des retraites encourageront les travailleurs âgés à travailler plus longtemps, mais en recourant à des politiques nettement plus dissuasives, comme de « resserrer les conditions d’éligibilité pour percevoir une pension, augmenter l’âge de départ à la retraite, changer le mode de calcul des pensions ou restreindre les possibilités pour prendre une retraite prématurée ».  

L’enjeu est de taille. Selon l’étude, il y avait 119,3 millions de retraités dans l’UE en 2010, et ils seront 166,7 millions en 2060 (cf. page 63), une augmentation de 40 % avec un taux de dépendance démographique de 58,8 %.

Mais ce qui devrait donner le plus à penser au Luxembourg sont les chiffres que la Commission avance. Le pays compte 160 000 retraités en 2010, ou, pour être plus exact, son système de pensions doit fournir des retraites à 160 000 personnes. Ce seront, vu son modèle de croissance et son marché du travail particuliers, 226 320 personnes dès 2020, 417 000 personnes dès 2030, 504 000 personnes en 2050 (un nombre qui égalerait le nombre de personnes qui vivent actuellement au Luxembourg) et 551 000 en 2060, donc une croissance de 344 %, représentant selon l’étude un coût de 23,9 % du PIB contre 8,6 % actuellement (cf. p. 68), chiffre avancé par l’étude sans grande indication de source. Et ce alors que l’on suppose que le nombre de personnes en-dessous de 65 ans qui sera à la retraite passera de 33,8 % en 2010 et 35,7 % en 2020 à 26,2 % en 2050 et même 23,4 % en 2060, un chiffre plus bas qu’actuellement en termes proportionnels, mais très élevé par rapport à ses partenaires (16, 8 % en Belgique et 8,8 % en Allemagne).

Vus ensemble, ces chiffres de sources différentes laissent perplexes. Ventilés pour le Luxembourg, ces chiffres signifient en gros qu’en 2060, une population effectivement active dépassant largement le million serait nécessaire pour arriver à payer les pensions pour plus de 550 000 retraités, des pensions qui absorberaient presque 24 % du PIB. Le problème est que les statistiques sont avant tout destinées à guider les politiques. Mais ici, le schéma des projections révèle soit un scénario-catastrophe, soit il relève de la science-fiction. Sauf que l’étude a été produite par un office public dans le cadre d’une année thématique censée préparer les Européens à des changements de paradigme. Les mêmes chiffres ont déjà été à la base de l’étude de la Stiftung Marktwirtschaft, souvent citée depuis décembre 2011, qui porte sur des finances publiques durables et qui analyse les dettes implicites ou cachées de 12 pays de la zone euro. Cette étude place le Luxembourg derrière la Grèce et juste avant la lanterne rouge, l’Irlande, avec une dette publique de 19,1 % augmentée des engagements à long terme de l’ordre de 1096,% du PIB, le déficit en termes de durabilité arrivant donc au chiffre de 1115,6 % de PIB ou 12 % de PIB en termes d’effort cumulé de consolidation. 

L’étude "Active ageing" développe ensuite les difficultés liées à une démarche de privatisation des systèmes de retraite qui laisse toute la responsabilité aux assurés et qui les expose, comme cela s’est passé lors de la crise, à de grands risques de dévalorisation de leurs actifs.  

Les dépenses budgétaires liées au vieillissement de la population ont coûté au Luxembourg et à l’Allemagne autour de 9 % du PIB en 2009, et 13 % à la France, en tête du peloton. Les pensions vieillesse représentent dans l’UE 73,5 % des dépenses liées au vieillissement en 2008.

Au Luxembourg, les dépenses consacrées à la retraite anticipée représentent encore le double de la moyenne européenne, avec 0,19 % du PIB en 2005 et 0,17 % en 2009, mais la dépense par personne a diminué de deux tiers. 

Arrivés à la retraite, 18,7 % des citoyens de l’UE cherchent un travail qui leur procure un revenu supplémentaire. En Lettonie, ils sont 40 %, 25 % dans huit autres Etats membres, en-dessous de 15 % dans huit autres Etats membres, et à l’autre bout, les Luxembourgeois arrivés à la retraite ne sont que 8,7 % à chercher un travail leur procurant un revenu supplémentaire.   

70 % des personnes âgées de plus de 55 ans pensent finalement que c’est le manque de flexibilité des employeurs et de pouvoir se former qui poussent les travailleurs âgés vers la sortie du marché du travail et 49 % sont d’avis que les systèmes de retraite et leurs prestations ne sont pas suffisants. Ils sont en Grèce et au Portugal même 80 % à penser ainsi, la France et l’Allemagne ne sont que légèrement en-dessous de la moyenne, mais à l’autre bout, les Danois, les Néerlandais et les Luxembourgeois sont moins de 20 % à penser de la sorte.

Mais, élément politique non négligeable, deux tiers des personnes de la population active sont opposées à ce que l’âge de départ à la retraite soit relevé.

Le chapitre 4 de l’étude livre des informations en relation avec la demande de services de soins qui émane de la population âgée, souvent inquiète car plus susceptible de devenir malade ou d’être plus fragile avec l’âge avançant, et sur les implications budgétaires d’une telle demande.

L’étude insiste sur le fait qu’une personne en bonne santé peut travailler plus longtemps, contribuer à la croissance et réduire la pression sur les systèmes de santé et de protection sociale. Néanmoins, avec ou sans évolution des politiques de santé, l’UE doit s’attendre à ce qu’avec la forte augmentation des personnes âgées de plus de 80 ans, une demande accrue se fera sentir en ce qui concerne les services de soins à domicile ou dans des résidences de personnes âgées.

L’étude parcourt différents indicateurs de bien-être – pessimisme/optimisme, sentiment de satisfaction avec la vie, sentiment de sécurité, - où les éléments négatifs augmentent avec l’âge. Elle aborde les questions d’obésité, d’activité physique, de tabagisme, de perception de son propre état de santé, de perception de ses limitations dans la vie quotidienne, de consultation de professionnels pour des problèmes psychologiques ou émotionnels, et finalement de mortalité et de cause de mortalité. Elle scrute ensuite le nombre de médecins par 100 000 habitants, où le Luxembourg figure en 21e place, avec autour de 300 médecins, les Etats membres de l’UE affichant des chiffres entre 270 et 380 médecins par 100 000 habitants. Ceux-ci sont évidemment plus souvent consultés par les personnes âgées de 64 ans et plus, avec 48,2 % de personnes de ces classes d’âge qui ont consulté au moins six fois dans l’année. Le nombre des personnes hospitalisées augmente aussi très rapidement avec l’âge, tout comme les soins de longue durée.

La part des frais de santé dans les budgets de l’UE va passer de 6,8 % actuellement à 8,4 % en 2060, et au Luxembourg, où ils sont de 5,9 % actuellement, ils passeront à 7 %, donc théoriquement en-dessous de la moyenne de l’UE. On peut noter que ce chiffre, s’il est encourageant, n’est pas en ligne avec d’autres projections citées plus hauts concernant le coût global du vieillissement ou le nombre total de pensions à payer.  

Quant à la perception des problèmes, 58,5 % des personnes interrogées en 2009 étaient d’avis que les gouvernements ne seront plus en mesure, dans les décennies à venir, de payer les pensions et les soins pour les personnes âgées. Mais 83,6 % de ces mêmes personnes ont demandé que les gouvernements fassent plus. Les personnes plus âgées sont plus positives en ce qui concerne les prestations à leur égard, mais sceptiques à 84,5 % sur les perspectives d’une vie autonome chez eux des personnes fragilisées.

Le chapitre 5 documente la vie au cours de la retraite, avec ses changements de comportement - niveau des dépenses, type de consommation de biens et de services, autre manière de loger et de vivre. La qualité de vie des personnes âgées dépend de nombreux facteurs et est conditionnée par la capacité de prendre des décisions soi-même, de vivre de manière autonome et par le niveau du revenu. Des politiques pour améliorer leurs conditions de vie sont envisagées, de la lutte contre la pauvreté à plus d’accessibilité en passant par des initiatives pour permettre aux personnes âgées de participer à la vie de la société. Tout cela dans un contexte où les singles, les divorcés, les personnes seules, les couples sans enfants deviennent plus nombreux, ce qui a un impact sur le type de demande en termes de soins informels.

Les personnes âgées sont en général dans l’UE plus souvent que le reste de la population propriétaires de leur logement, toutes dettes payées, mais 7,2 % se retrouvent dans des logements trop peuplés et 2,5 % dans une situation de logement précaire. Mais cela est moins que la moyenne de la population.    

Les comportements des personnes âgées comme consommateurs de la “silver economy” diffèrent de ceux des autres générations à cause de l’incertitude qui marque leur espérance de vie, ce qui a un impact sur leurs budgets sur le moyen et long terme. Ils touchent à leurs épargnes, ont tendance à vendre leurs propriétés, à dépenser plus dans les loisirs, puis, en continuant à vieillir, à avoir un niveau plus élevé de dépenses de santé.

Les plus grands consommateurs parmi les personnes âgées sont au Luxembourg, où les ménages de personnes âgées de plus de 60 ans dépensent 2,3 fois plus que la moyenne européenne et quinze fois plus que les Roumains de la même génération. Ces dépenses de consommation vont s’orienter selon l’étude dans les prochaines années de plus en plus vers des produits conçus pour les générations plus âgées, des produits qui vont donner un coup d’accélérateur à la croissance.

Les revenus de ces personnes vont néanmoins baisser, sauf pour le Luxembourg ou la France, mais cela ne veut pas dire que leur niveau de vie baissera à cause de leur épargne et de l’absence de dettes.

Le revenu médian des femmes âgées de plus de 65 ans est en moyenne de 10 % inférieur à celui des hommes, mais de 5 % inférieur seulement dans un groupe de pays dont le Luxembourg fait partie.

Le chapitre 6 se consacre finalement à des informations sur la participation des personnes âgées à la société et à la perception des questions intergénérationnelles qui se recoupe largement avec l’Eurobaromètre spécial : le rôle des personnes âgées dans la société, leurs loisirs, leurs efforts d’éducation, leurs moyens de transport, leurs participation à la société de l’Internet.