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Dans un entretien au Figaro, Jean-Claude Juncker appelle les Grecs à "ne pas lâcher prise", à "ne pas mettre en danger l'assistance financière à venir de l'UE et du FMI"
27-01-2012


A quelques jours à peine d’un sommet informel attendu, le Premier ministre luxembourgeois et président de Le Figarol’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a accordé le 26 janvier 2012 un entretien au Figaro. "Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, lance un appel du pied à la BCE, avant le sommet européen. Il estime qu'on ne peut pas demander à l'Allemagne de tout faire", résume le quotidien français sur son site Internet. Un entretien tout entier consacré à la crise de la dette.

La nécessaire croissance - Au sommet, prévient Jean-Claude Juncker, il va s’agir "d'identifier les poches de croissance potentielle et de mobiliser au mieux les fonds régionaux, sociaux et structurels européens", sans oublier peut-être de "revoir aussi l'ensemble des flux"

Si Jean-Claude Juncker reconnaît qu’il y a une "accalmie", il prévient aussi que "nous ne sommes pas libérés des soucis". "Tous les pays admettent la nécessité de remettre de l'ordre dans leurs finances publiques. Reste une sérieuse lacune : nous n'avons pas de stratégie de croissance à l'échelle européenne", résume le président de l’Eurogroupe.

Pour autant, s’il juge "évident que la rigueur, si nécessaire soit elle, ne résoudra pas les problèmes des pays européens les plus affaiblis", Jean-Claude Juncker estime qu’il faut d'abord "redresser les finances publiques". "Il n'y a pas d'exemple d'une croissance durable fondée sur des budgets délibérément plongés dans le rouge", affirme-t-il, précisant cependant qu’il convient de "se mettre d'accord à l'échelon européen sur une rigueur intelligente, qui ne casserait pas la croissance".

Quand la rédaction du quotidien lui demande avec quels moyens il entend financer le double objectif affiché par le sommet informel du 30 janvier, à savoir l’emploi et la croissance, Jean-Claude Juncker explique qu’il y a de l'argent, mais qu’il est "mal exploité". Au sommet, prévient-il, "il n'y aura ni chiffre ni décision spectaculaire". Car il s'agit selon lui "d'identifier les poches de croissance potentielle et de mobiliser au mieux les fonds régionaux, sociaux et structurels européens", sans oublier peut-être de "revoir aussi l'ensemble des flux".

Pour Jean-Claude Juncker, interpellé sur les difficultés de certains gouvernements face à la nécessité de défendre l’austérité, il convient de "tout faire aujourd'hui pour maîtriser les budgets et ne pas reporter la dette publique sur les générations à venir". "C'est la question posée à tout homme politique responsable", juge-t-il sans perdre de vue qu’il "faut aussi l'expliquer aux citoyens".

"On ne peut pas demander à la seule Allemagne de tout faire", car "ses marges de manœuvre ne sont pas aussi larges qu'on le dit", met en garde Jean-Claude Juncker

"Angela Merkel a obtenu ce qu'elle voulait : un tour de vis budgétaire collectif", affirme la rédaction du Figaro. Jean-Claude Juncker réagit en expliquant que "beaucoup d'Allemands croient que desserrer les freins conduirait les autres pays à relâcher l'effort de discipline budgétaire". "La crainte d'Angela Merkel n'est pas justifiée", juge pourtant Jean-Claude Juncker en citant les exemples de pays qui, comme le Luxembourg, sont moins endettés que l’Allemagne, ou encore de pays qui, comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal, "ont aussi trouvé un intérêt national et européen à accepter davantage de discipline".

"On ne peut pas demander à la seule Allemagne de tout faire", met en garde le président de l’Eurogroupe en réponse à la rédaction du Figaro. Car "ses marges de manœuvre ne sont pas aussi larges qu'on le dit", précise-t-il, expliquant que "tout cela relève du gouvernement économique de l'Europe", qu’il n'y a "plus de domaine réservé national". "Si nous nous mettons d'accord sur qui fait quoi, quand et comment, l'Allemagne trouvera sa place", estime le Premier ministre luxembourgeois.

Lorsque les journalistes du Figaro lui demandent si la BCE doit mettre la main à la poche, Jean-Claude Juncker reconnaît que "la question se pose"

Pour ce qui est de savoir si les difficultés de la Grèce à se financer, Jean-Claude Juncker estime que "la Grèce est un cas à part". "Je ne critique pas le Premier ministre Papademos", lance son homologue luxembourgeois qui constate "une vraie fatigue des forces politiques grecques à poursuivre sur la route des réformes". "La récession va au-delà de ce qu'avait prévu l'Union européenne", ajoute Jean-Claude Juncker. "Nous demandons aux Grecs de ne pas lâcher prise, de décider de leurs priorité de redressement dans les jours ou les semaines qui viennent, bref de ne pas mettre en danger l'assistance financière à venir de l'UE et du FMI", précise-t-il aussi, insistant sur le fait qu’il est dans l'intérêt de tous d'éviter un défaut de la Grèce.

Lorsque les journalistes du Figaro lui demandent si la BCE doit mettre la main à la poche. Jean-Claude Juncker reconnaît que "la question se pose". S’il indique qu’il "ne serait pas sage que le président de l'Eurogroupe invite la BCE à orienter sa politique dans un sens ou dans un autre", il constate cependant que "les autres créanciers publics ont un rôle plutôt anecdotique"…

Commentant "l’obstination de David Cameron" lors du Conseil européen de décembre, Jean-Claude Juncker évoque le pacte budgétaire à vingt-six comme la mise en place d’une "architecture européenne déformée". "À moyen terme, une Europe à vingt-six cela s'appelle un vice de construction", confie le président de l’Eurogroupe.