Lors de leur rencontre du 9 janvier 2012, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angel Merkel ont évoqué à Berlin la question de l’introduction d’une taxe sur les transactions financières. À l’issue de la rencontre, Angela Merkel a réaffirmé son soutien à l’introduction au niveau européen d’une taxe sur les transactions financières, qu’elle serait prête à défendre au sein de la zone euro faute d’un accord à 27. Une position qui ne fait cependant pas l’unanimité au sein du gouvernement allemand.
Le même jour, les membres de la commission économique et monétaire du Parlement européen démarraient les travaux sur la proposition de la Commission visant à introduire une taxe sur les transactions financières à l’échelle de l’UE. Les porte-paroles de différents groupes politiques du Parlement ont préconisé une telle taxe, au moins au sein de la zone euro, et nombre d'entre eux ont déploré l'éventualité de la France risquant de faire cavalier seul.
Nicolas Sarkozy avait pour le moins créé la surprise le 6 janvier 2012 en déclarant que la France n'attendrait pas que les partenaires européens trouvent un consensus pour mettre en œuvre la taxe en France. Les réactions n’ont pas manqué, beaucoup se gaussant quelque peu de cette intention de faire cavalier seul. Et le 10 janvier, la ministre du Budget Valérie Pécresse, qui est aussi porte-parole du gouvernement français, a d’ailleurs souligné que "cette taxe n'a de sens que si elle est portée par l'Europe parce que si la France la met en place seule, évidemment, à terme elle sera contournée". "L'idée c'est que la France (…) enclenche le mouvement" et "donne le coup de pouce" nécessaire pour être "le moteur de cette taxe comme elle l'a toujours été", a-t-elle enchaîné.
Au Luxembourg, où la question de l’introduction d’une taxe sur les transactions financières ne manque pas de faire débat depuis des mois, Jean-Jacques Rommes, directeur de l’Association des banques et banquiers, l’influente ABBL, a réagi vivement, comme le rapporte le Lëtzebuerger Journal dans son édition datée du 10 janvier 2012. "Le fait que nous sommes contre l’introduction d’une taxe sur les transactions financières, qui n’a pas fait l’objet d’un accord lors du G20, n’est pas un secret", a confié le directeur de l’ABBL qui a par ailleurs expliqué à la journaliste Delphine Dard, du Quotidien, qu’avec la crise, "il a fallu trouver un bouc émissaire et on a désigné le secteur financier dans son ensemble".
"Si l’on devait introduire un tel instrument juste dans la zone euro, les transactions financières vont être de plus en plus transférées vers des pays en dehors de l’Union monétaire", estime Jean-Jacques Rommes pour qui cela ne serait bénéfique à aucun pays de la zone euro, et encore moins pour la place financière luxembourgeoise. "Il y aurait alors un seul gagnant en Europe, celui qui s'y est opposé, la Grande-Bretagne", juge Jean-Jacques Rommes.
"Je le dis très clairement : si Nicolas Sarkozy pense maintenant, juste avec les élections présidentielles, devoir promouvoir cette idée, alors qu’il essaie d’introduire cette taxe en France", propose Jean-Jacques Rommes qui promet que "l’expérience qui en ressortira montrera ce que vaut une telle mesure".