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Traités et Affaires institutionnelles
Pour Alain de Muyser, l'Union européenne profite du travail de pionnier du Benelux
03-02-2012


Dans un entretien accordé à la correspondante du Tageblatt à Bruxelles, Marisandra Ozolins, publié le 3 février 2012, le secrétaire général adjoint à la direction du secrétariat général du Benelux où il représente le Luxembourg, Alain de Muyser, évoque l'apport actuel du Benelux pour les trois pays, Luxembourg, Belgique et Pays-Bas qui forment cette union, mais aussi le rôle particulier qu'il lui assigne sur la scène européenne.  L'entretien se tenait en amont des festivités célébrant l'entrée en vigueur le 1er janvier 2012 du nouveau traité Benelux signé le 17 juin 2008.

"Nous avons toujours pour but d'être des pionniers"

Pour Alain de Muyser, l'union entamée en 1958 garde toujours une même aspiration. "Nous avons toujours pour but d'être des pionniers et même un laboratoire de développements qui peuvent faire avancer l'intégration européenne. Concrètement, ce que nous décidons à trois doit être transposable en Europe."tageblatt

Certes, les accords de Schengen, "illustre exemple", sont déjà loin. Mais il existe des cas plus récents qui démontrent que le Benelux peut encore faire avancer les choses. "Entretemps nous avons fait encore beaucoup plus en ce qui concerne la collaboration policière, qui a été pionnière pour le traité de Prüm sur la coopération entre les polices d'Europe. Dans le domaine des transports et dans l'approvisionnement en énergie, il y a aussi des collaborations."

"Reculer pour mieux sauter"

Si Schengen fut ces derniers temps chahuté et remis en cause par différents gouvernements, et notamment les Pays-Bas, ce n'est plus l'affaire du Benelux, estime Alain de Muyser. "D'un bébé du Benelux, Schengen est devenu un adulte européen. Et ce qui entre temps advient à Schengen n'appartient plus à la coopération au sein du Benelux en tant que telle. Bien sûr il y a des hauts et des bas dans ce type de coopération. Parfois on doit un peu reculer pour mieux sauter ensuite."

Les périodes de tension entre partenaires ne seraient ainsi pas nécessairement néfastes.  "L'adage selon lequel l'Europe a toujours avancé en période de crise, vaut aussi pour le Benelux. L'important n'est pas obligatoirement Schengen ou pas Schengen. Ce qui est important est la manière dont se déroule au quotidien une coopération entre trois pays, qui tant sur le plan technique qu'institutionnel, fonctionne excellemment, avec 90 groupes de travail qui jour après jour travaillent ensemble", poursuit Alain de Muyser.

"Il n'y a pas une seule voie mais bien plusieurs pour faire avancer l'intégration européenne"

Interrogé sur l'alternative à l'intergouvernementalité croissante observée au niveau de l'Union européenne, Alain De Muyser rappelle que le Benelux est lui-même intergouvernemental. Et "il le restera. Nous n'avons jamais voulu grandir de telle sorte qu'il n'y aurait plus de Belgique, de Luxembourg et de Hollande. Nous restons trois pays différents. L'intéressant est la plus- value du Benelux. C'est-à-dire pouvoir intervenir à trois pour être plus forts, parce qu'on a la même position."

Si Alain De Muyser n'ose pas envisager le Benelux comme une alternative à l'axe Paris-Berlin telle que suggérée par la journaliste, il ne doute pas pour autant qu'elle incarne une voix particulière qui participe à la progression de l'Union européenne. "Dans tous les cas, nous sommes trois Etats qui en Europe n'ont pas la taille des très grands, mais qui peuvent contribuer à élever une autre voix. L'Europe continuera en effet à avancer tant que différentes voix pourront encore s'élever, pour dire, qu'il n'y a pas une seule voie mais bien plusieurs pour faire avancer l'intégration européenne."