Le 31 janvier 2012, au lendemain d’un sommet informel consacré en grande partie à la croissance et à l’emploi, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s’est adressé par courrier à huit États membres affichant un taux de chômage des jeunes particulièrement élevé. Une façon de montrer l’importance qu’il accorde à une problématique dont les chefs d’État et de gouvernement ont fait une priorité lors du sommet. Le même jour, Eurostat, l’office statistique de l’UE, livrait ses estimations sur le chômage dans l’UE et dans la zone euro pour le mois de décembre 2011.
Il ressort des estimations d’Eurostat que dans la zone euro, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières s’est établi à 10,4 % en décembre 2011, stable par rapport à novembre. Il était de 10 % en décembre 2010. Dans l’UE, le taux de chômage s’est élevé à 9,9 % en décembre 2011, également stable par rapport à novembre. Il était de 9,5 % en décembre 2010.
Ce sont donc 23,816 millions d’hommes et de femmes étaient au chômage en décembre 2011 dans l’UE, dont 16,469 millions dans la zone euro. Par rapport à novembre 2011, le nombre de chômeurs a augmenté de 24 000 dans l'UE et de 20 000 dans la zone euro. Comparé à décembre 2010, le chômage s'est accru de 923 000 dans l'UE et de 751 000 dans la zone euro.
A titre de comparaison, Eurostat rappelle qu’en décembre 2011, le taux de chômage était de 8,5 % aux Etats-Unis. En novembre 2011, il était de 4,5 % au Japon.
Parmi les États membres, les taux de chômage les plus bas ont été enregistrés en Autriche (4,1 %), aux Pays-Bas (4,9 %) et au Luxembourg (5,2 %), et les plus élevés en Espagne (22,9 %), en Grèce (19,2 % en octobre 2011) et en Lituanie (15,3 % au troisième trimestre 2011).
Sur un an, le taux de chômage a baissé dans quatorze États membres, a augmenté dans douze et est resté stable en Irlande. Les baisses les plus importantes ont été observées en Estonie (de 16,1 % à 11,3 % entre les troisièmes trimestres 2010 et 2011), en Lettonie (de 18,2 % à 14,8 % entre les troisièmes trimestres 2010 et 2011) et en Lituanie (de 18,3 % à 15,3 % entre les troisièmes trimestres 2010 et 2011). Les plus fortes hausses ont été enregistrées en Grèce (de 13,9 % à 19,2 % entre octobre 2010 et octobre 2011), à Chypre (de 6,1 % à 9,3 %) et en Espagne (de 20,4 % à 22,9 %). Au Luxembourg, le taux de chômage est passé de 4,8 % en décembre 2010 à 5,2 % en décembre 2011.
Entre décembre 2010 et décembre 2011, le taux de chômage des hommes a augmenté de 9,7 % à 10,2 % dans la zone euro et de 9,5 % à 9,8 % dans l’UE. Le taux de chômage des femmes s'est accru de 10,3 % à 10,6 % dans la zone euro et de 9,6 % à 9,9 % dans l’UE. Au Luxembourg, le taux de chômage des hommes est passé en un an de 3,8 à 4 %, tandis que celui des femmes est passé pendant la même période de 6,2 à 6,6 %.
En décembre 2011, 5,493 millions de jeunes de moins de 25 ans étaient au chômage dans l'UE, dont 3,290 millions dans la zone euro. Par rapport à décembre 2010, le nombre de jeunes chômeurs a augmenté de 241 000 dans l'UE et de 113 000 dans la zone euro.
En décembre 2011, le taux de chômage des jeunes s'est ainsi élevé à 22,1 % dans l’UE et à 21,3 % dans la zone euro. En décembre 2010, il était respectivement de 21 % et 20,6 %.
Les taux les plus bas ont été observés en Allemagne (7,8 %), en Autriche (8,2 %) et aux Pays-Bas (8,6 %). Au Luxembourg, où ce taux était déjà le même en décembre 2010, il atteint 15,2 %.
Les taux de chômage des jeunes les plus élevés ont été observés en Espagne (48,7 %), en Grèce (47,2 % en octobre 2011) et en Slovaquie (35,6 %). En Lituanie il était de 31 % en octobre 2011, le même chiffre qu’en Italie en décembre 2011. Au Portugal le taux de chômage des jeunes a atteint 30,8 % en décembre, il était de 30 % en octobre en Lettonie et il a atteint 29 % en Irlande en décembre.
C’est à ces huit pays que José Manuel Barroso a justement adressé, suite à la déclaration des chefs d’État et de gouvernement du 30 janvier 2012, une lettre les enjoignant notamment à nommer une personne de contact avec laquelle il s’agit de constituer une "action team" devant comprendre, à un niveau technique, des représentants des autorités nationales en charge des fonds structurels, de l’emploi et de l’éducation, ainsi que des partenaires sociaux. La Commission prévoit de constituer elle aussi une équipe réunissant des fonctionnaires des DG Emploi, Affaires sociales et inclusion, Politique régionale et Education et Culture.
Une visite de la Commission est par ailleurs prévue en février dans chacun des huit pays concernés afin d’établir les éléments d’un plan pour l’emploi des jeunes à inclure dans leurs programmes nationaux de réforme respectifs, qui doivent être soumis à la Commission mi-avril dans le cadre du semestre européen. Ces plans nationaux pour l’emploi des jeunes devraient se baser sur l’initiative sur les perspectives d’emploi des jeunes proposée en décembre 201 par la Commission.
Il s’agira aussi d’identifier au cours de cette visite quels mécanismes de soutien aux PME doivent être renforcés, par exemple en leur insufflant des moyens provenant des fonds de l’UE, afin d’encourager la création d’emplois, notamment pour les jeunes gens.
José Manuel Barroso suggère que ces "action teams" examinent comment faire participer un plus grand nombre de jeunes aux programmes européens, et il envisage de financer ces actions en utilisant des fonds des enveloppes nationales FSE qui n’auraient pas été alloués, ou bien des fonds nationaux qui pourraient aussi provenir de partenaires sociaux ou privés.
Le président de la Commission imagine que les "action teams" pourraient aussi "servir de catalyseurs" dans le dialogue entre autorités nationales et partenaires sociaux en apportant la connaissance des bonnes pratiques identifiées dans d’autres États membres en matière de débat national.