Le 8 décembre 2011, la Banque centrale européenne (BCE) abaissait de 25 points de base son taux directeur qui passait donc à 1 %.
Quelques jours plus tard, le député socialiste Roger Negri adressait au ministre des Finances une question parlementaire à ce sujet. Il constatait en effet que "de nombreuses banques de la place ne répercutent, soit pas du tout, soit que partiellement, la baisse du taux directeur sur les taux appliqués aux comptes de leurs clients". "On peut observer que les taux créditeurs sont adaptés plus vite vers le bas que les taux débiteurs, alors que c’est l'inverse qui se produit en cas d'une hausse du taux directeur", poursuivait le député dans sa question parlementaire. "Cette politique de changement des taux se fait au détriment des clients", déplorait-il avant de demander à Luc Frieden s’il partage cette analyse de la situation, et si le gouvernement s'assure que les instituts financiers continuent les adaptations du taux d'intérêt dans un délai rapproché et dans l'ordre de grandeur fixé par la BCE à leurs clients. "Qu'en est-il plus particulièrement des instituts dont l'Etat luxembourgeois est actionnaire ou pour lesquels il se porte garant ?", demandait encore Roger Negri.
Dans sa réponse transmise au député le 8 février 2012, Luc Frieden rappelle que les taux directeurs fixés par la BCE sont employés comme un instrument de transmission de la politique monétaire et ont comme finalité d'assurer (1) la stabilité des prix au sein de la zone euro et (2) la fourniture des liquidités nécessaires pour assurer le bon fonctionnement du système financier. "L'impulsion donnée par les taux directeurs s'opère en premier lieu via le marché monétaire, c'est-à-dire le marché sur lequel les institutions financières - banques centrales, banques commerciales, assureurs, gestionnaires de fonds etc. - ainsi que certaines autres entités "institutionnelles" placent leurs avoirs ou empruntent à court terme", explique le ministre.
"Les taux d'intérêt pratiqués sur le marché monétaire ne doivent pas être confondus avec les taux d'intérêt sur le marché des capitaux - dont le marché monétaire est un segment - et dont l'évolution est davantage déterminée par des facteurs ayant trait au moyen et long terme, comme par exemple les hypothèses macroéconomiques d'un pays ou d'une région et les anticipations d'inflation", relève Luc Frieden. "La relation entre l'évolution des taux directeurs fixés par la BCE et les taux pratiqués sur le marché des capitaux - y compris les taux d'intérêt débiteurs et créditeurs pratiqués à l'égard des ménages - n'est donc pas une relation linéaire et elle dépend inter alia des conditions macroéconomiques actuelles, de l'efficacité des canaux de transmission de la politique monétaire (qui peut elle-même être tributaire de la situation conjoncturelle) et de la compétitivité du système bancaire", explique-t-il.
En règle générale, poursuit le ministre, les banques répercutent les modifications de taux de la BCE. Mais Luc Frieden souligne aussi que les banques sont libres de fixer les taux d'intérêt : "il y a lieu de laisser jouer le libre jeu de la concurrence à cet égard", conclut-il.