Le 8 décembre 2011, à quelques heures à peine de l’ouverture du Conseil européen, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une série de mesures exceptionnelles pour étendre son soutien aux banques de la zone euro et améliorer leur accès aux liquidités. La BCE souhaite "faciliter le fonctionnement du marché monétaire de la zone euro" comme l’a déclaré devant la presse Mario Draghi, le président de la BCE.
La BCE a pris des décisions de politique monétaire importantes, telles que l’abaissement de son principal taux d’intérêt à 1 %. À cela s’ajoutent des mesures, telles que deux opérations de prêts inédites afin d’éviter la pénurie de liquidités et de soulager les banques de la zone euro.
Néanmoins, contrairement aux attentes de nombreux Etats membres, la BCE ne compte pas se lancer dans un financement monétaire des Etats que les "traités interdisent" selon Mario Draghi.
La BCE a par ailleurs revu fortement à la baisse ses prévisions de croissance pour 2012, qui passent, pour la zone euro, de 1,3 % à seulement 0,3 %.
Le Conseil des gouverneurs de la BCE afin remplir son objectif de stabilité des prix, a pris les décisions de politique monétaire suivantes :
En l’espace de deux mois, la BCE aura abaissé son taux directeur de 1,5 % en octobre 2011 à 1 % en décembre 2011.
Mario Draghi a reconnu qu'à propos de la dernière baisse, la décision du conseil des gouverneurs de la BCE avait été "majoritaire" mais pas "unanime". "Les opinions étaient divisées", a-t-il indiqué, "non sur le principe, mais sur le moment choisi" pour une telle baisse.
Mario Draghi a annoncé lors de la conférence de presse trois mesures principales afin de soulager les banques dans la zone euro et de relancer la confiance des investisseurs :
Avec ces opérations, la BCE souhaite aider les banques à trouver les fonds qui manquent depuis le début de la crise de la zone euro, situation qui a entrainé une perte de confiance dans le système financier européen.
Mario Draghi a appelé les dirigeants européens, réunis à Bruxelles les 8 et 9 décembre pour un sommet européen, à "faire le maximum" pour regagner la confiance des investisseurs.
Le président de la BCE a souhaité un nouveau "pacte budgétaire" en zone euro et une mise en place rapide de celui-ci. L’objectif est d’enrayer les déficits, mais il s’agit aussi d’éviter des procédures trop longues de ratification en cas de modification des traités européens.
Les rachats de dette publique des Etats membres sont "limités" et "temporaires", selon Mario Draghi. Il exclut ainsi un financement des Etats notamment car "les traités interdisent un financement monétaire des Etats", a-t-il dit. Le président de la BCE met ainsi fin à de nombreuses spéculations qui supposaient que la BCE allait intervenir davantage sur le marché de la dette publique comme le réclamaient certains Etats. Il s’est d’ailleurs dit "surpris de l'interprétation" de certains de ses propos lors de son discours au Parlement européen début décembre, comme le rapporte le Quotidien dans son édition du 9 décembre 2011.
Le président de la BCE a une "préférence" pour que l’EFSF et l’EMS viennent en aide aux Etats membres les plus durement touchés par la crise. Tout autre financement des Etats via le FMI serait aussi "juridiquement très complexe" selon Mario Draghi, car "l'esprit des traités ne permet pas de faire circuler l'argent par des canaux qui contournent les règles".
Le 8 décembre 2011, la BCE a aussi annoncé une baisse de sa prévision de croissance en zone euro pour 2012. "La forte incertitude liée à la crise de la dette", a fait passer les prévisions de croissance de 1,3 % à 0,3 %, a annoncé Mario Draghi.
Pour 2011, la prévision de la BCE est maintenue à 1,6 % et une première attente a été livrée pour 2013, avec une prévision de croissance à 1,3 %. L’année prochaine devrait donc symboliser une stagnation de la croissance mais la zone euro devrait par la suite "rebondir, bien que graduellement", selon Mario Draghi.
Une accalmie est attendue par la BCE en ce qui concerne l’inflation avec un taux qui baisserait de 7 points en 2010 passant de 2,7 % en 2011 à 2 % en 2012. Pour 2013 le taux continuerait à baisser selon la BCE pour atteindre 1,5 %. A propos du ralentissement de l'inflation, le président de la BCE a indiqué ne pas "distinguer une forte probabilité" que le phénomène mène jusqu'à une spirale de déflation, c'est-à-dire de baisse généralisée des prix et des salaires paralysant l'économie.
Mario Draghi s'est inquiété des réformes portant sur la capitalisation des banques de l'Union européenne. Selon lui, il ne faudrait pas qu'elles aboutissent "à pénaliser le fonctionnement de l'économie de la zone euro".
Parallèlement, l'Autorité bancaire européenne (EBA) a publié sa nouvelle estimation des besoins en recapitalisation des banques européennes. L’EBA estime que les banques devaient améliorer leur proportion de capitaux propres durs pour être capables de faire face à un effondrement des marchés financiers.
Fin octobre, l'EBA avait estimé à 106 milliards d'euros ces besoins en nouveaux capitaux. L'EBA avait néanmoins précisé qu'elle allait réviser ce chiffre en fonction des dernières données disponibles sur l'exposition des banques aux dettes souveraines des pays de la zone euro.