Gabriele Kraft gère des projets dans le département de recherche et de développement de l’Université de Göttingen. Elle a introduit lors de la conférence de l'IPW des 22 et 23 mars 2012 son sujet, "les espaces de recherche européens digitalisés", en se posant la question de ce que c’est la digitalisation, de ce que sont des espaces de recherche digitalisés et quel impact ces espaces pourraient avoir sur la recherche.
La digitalisation de la recherche passe par le recours à toutes sortes de ressources numériques mémorielles (musées, bibliothèques), le e-learning, la transmission de données par courriel ou Skype, le recours à Wikipedia, aux blogs, aux réseaux sociaux, aux publications en ligne.
Les espaces de recherche numériques peuvent être nationaux ou transnationaux, axés sur une discipline ou multidisciplinaires.
Un grand problème est que si tout doit être gratuit, il faut financer ces espaces de recherche numérique. Et ce dans un cadre bien précis dans l’UE, qui est celui de la stratégie Europe 2020 qui veut renforcer la productivité et la compétitivité en Europe, arriver à une coordination entre sciences et technologies, aplanir les barrières pratiques et légales et scruter les potentiels d’un financement par l’UE. Les grandes firmes européennes sont convaincues par ces objectifs, les Etats membres, pense Gabriele Kraft, peinent à suivre. N’empêche que le 8e programme-cadre de recherche appelé "Horizon 2020" de l’UE est en gestation, avec comme points centraux la durabilité et la transmission des acquis scientifiques et de R&D.
Gabriele Kraft a cité pour exemple le projet DARIAH-EU pour "Digital Research Infrastructure for the Arts and Humanities". Son but : faciliter l’accès et l’utilisation à long terme à toute recherche européenne en arts et humanités de données numériques sur la recherche dans ce domaine. Cette infrastructure devrait devenir un réseau connectant des chercheurs, des informations, des outils, des méthodes de recherche et devrait donc permettre d’explorer le domaine très large des "humanités numérisées". Cette manière de faire devrait aussi permettre aux chercheurs de s’assurer qu’ils travaillent selon les critères établis et suivent les meilleures pratiques. Ils pourront également expérimenter et innover avec d’autres universitaires.
DARIAH-EU a été créé dans le cadre d’ERIC, un acronyme pour l’European Research Infrastructure Consortium qui constitue un cadre légal qui permet la création d’infrastructures de recherche à intérêt européen et est financé par des contributions venant d’Etats membres. Il est composé d’un point de vue fonctionnel par des centres de compétence virtuels (VCC) et son réseau regroupe d’autres projets en cours, portant des acronymes non moins barbares comme EHRI, CLARIN, BAMBOO, CENDARI, NeDiMAH, DASISH et CESSDA.
Mais quand on creuse – l’intervenante n’a pas expliqué ce qui se cache derrière ces acronymes, il s’agit de projets qui font sens :
Pour que les utilisateurs puissent se servir de ces nouveaux outils, DARIAH-EU veut les former, avec des ateliers, des universités d’été, des formations complémentaires ou carrément des curricula spécifiques au niveau national ou européen. Mais le tout n’est encore qu’un projet, parce que les questions de financement ne sont pas encore résolues.
Ces approches vont-elles changer la recherche? Pour Gabriele Kraft, elles rendent possibles une approche différente des objets et sources. Et pour elle, les "digital natives" devraient y trouver leur compte de façon plus naturelle que les générations qui les ont précédés.