Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn, a évoqué et commenté lors d’un point de presse les éléments essentiels du Conseil "Affaires étrangères" du 23 avril 2012 qui a réuni les chefs de la diplomatie de l’UE à Luxembourg, et pour la première fois dans le Centre de conférences rénové à côté de la Philharmonie.
Les ministres européens des Affaires étrangères réunis lundi à Luxembourg ont suspendu pour un an leurs sanctions politiques et économiques, à l'exception de l'embargo sur les armes, "afin de saluer et d'encourager le processus de réformes" au Myanmar. Pour Jean Asselborn, le régime birman « a l’air d’écouter la communauté internationale », même s’il y eu quelques hics ces derniers jours. Ainsi, l’opposante Aung Suu Kyi, nouvellement élue députée avec 41 de ses compagnons, a refusé de siéger au parlement birman, parce qu’elle ne veut pas prêter serment à une Constitution, qu’elle veut respecter, mais pas « sauvegarder », comme le prévoit le serment. S’y ajoute qu’avant de participer aux partielles du 1er avril, Aung San Suu Kyi avait obtenu de faire réviser les lois électorales pour qu'il soit autorisé de discuter publiquement de la Constitution. Mais Jean Asselborn pense qu’il sera possible de trouver une solution.
"De la bande continentale qui va de la Corne d’Afrique à l’Atlantique, il n’y a pas un pays africain qui n’ait de sérieux problèmes", a constaté le ministre. L’UE veut contribuer à ce que les sérieux différends entre le Soudan et le Sud-Soudan, qui a fait pacifiquement sécession du Soudan en 2011, ne se transforme en conflit ouvert et armé. "Ces deux pays, où l’espérance de vie ne dépasse pas les 40 ans, et qui sont parmi les plus pauvres du globe, doivent dialoguer pour résoudre leurs différends et ne pas se faire la guerre", pense Jean Asselborn.
La situation au Mali préoccupe particulièrement l’Europe, avec le risque de partition du territoire, la création de zones où dominent des groupes terroristes. Pour Jean Asselborn, dans ces zones règne l’intolérance envers tous ceux qui ne font pas allégeance à une certaine vision de l’islam ou qui ne sont pas musulmans. Comme de nombreux habitants de ces régions du Nord ne sont pas musulmans, ils les fuient maintenant, et le risque d’une catastrophe humanitaire majeure est réel, comme le constatent aussi les conclusions du Conseil. Jean Asselborn a aussi rappelé que le Mali est un pays-cible de la politique de développement du Luxembourg, mais l’aide pour ce pays a été stoppée depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012.
Jean Asselborn, comme ses collègues, tout comme le Conseil de sécurité de l’ONU, a fermement condamné la junte militaire qui a pris le pouvoir en Guinée-Bissau après le décès du président en titre. Comme au Mali, l’UE soutiendra les efforts de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour restaurer la légalité.
L’expropriation de la compagnie pétrolière espagnole YPF, qui fait partie de Repsol, par l’Argentine, une décision prise le 16 avril 2012, a déjà suscité une condamnation par le Parlement européen, qui a déploré un acte "unilatéral et arbitraire". L’Espagne est membre de l’UE, et donc il faut être solidaire de l’Espagne, pense le chef de la diplomatie luxembourgeoise. Jean Asselborn préfère le dialogue aux expropriations économiques, pour lui intolérables. Il espère "que le G20, après que la Banque mondiale a pris une position claire, accentuera également la pression pour que ce genre de choses ne se répète pas". Cela est pour lui "d’autant plus vrai que l’Argentine est sur le point d’avoir son ticket pour faire partie à part entière de ce club".
Empêcher la guerre civile en Syrie, soutenir le plan de solution du conflit de Kofi Annan, soutenir la mission des observateurs non armés de l’ONU, ce sont trois points qui semblent essentiels au ministre Asselborn qui a salué "le signal donné par le Conseil de sécurité" et l’envoi décidé à l’unanimité des 300 observateurs qui doivent constater sur place si le régime de Béchir al-Assad prend vraiment ses distances par rapport à la violence. En attendant, les sanctions ont été renforcées et frappent maintenant aussi les produits de luxe. , après les armes, le système bancaire, le fret aérien et maritime, le droit d’entrer dans l’UE pour les dirigeants syriens et les produits à double usage.
Jean Asselborn a aussi brièvement commenté les résultats du premier tour des élections présidentielles en France. "Il faut faire confiance aux Français qu’ils feront le bon choix", a-t-il déclaré en se voulant rassurant après que le Front national a récolté presque 18 % des suffrages. "Un cinquième des Français votent pour un parti qui a fait campagne contre l’euro et contre l’Union européenne." Pour lui, c’est le résultat de la politique menée par les partisans de Nicolas Sarkozy : "Si on répète tous les jours qu’on doit changer Schengen, qu’on doit avoir une politique de l’immigration forte, qu’on doit parler de l’exception française, cela apporte de l’eau au moulin du FN", a-t-il ajouté. Jean Asselborn pense que les résultats du 22 avril 2012 montrent qu’il y a "une dynamique en faveur de François Hollande". Et "s’il y a un changement à la tête de la France, ce ne sera pas une catastrophe pour l’intégration européenne. Il y aura au contraire un retour vers les réalités sur le terrain et moins de personnalisation des problématiques européennes."