Le 4 mai 2012, Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne qui est en charge de l’agenda numérique, était à Berlin où elle est intervenue à l’occasion de la conférence Re:publica, manifestation réunissant du 2 au 4 mai des blogueurs influents. Une intervention qui n’est pas passé inaperçue auprès de l’agence de presse dpa qui rapporte les propos tenus par la commissaire devant une assemblée d’activistes du Net : "Ne vous en faites plus pour ACTA", leur a-t-elle en effet lancé.
Le porte-parole de Neelie Kroes, Ryan Heath, a assuré le même jour lors d'un point-presse à Bruxelles que cette dernière "n'avait pas dit qu'Acta était mort et enterré", mais que "de toute évidence elle observait la réalité politique". C’est ce que rapporte l’AFP. Mais le discours de Neelie Kroes, publié par le service de presse de la Commission n’en reste pas moins détonnant.
Dans un plaidoyer pour la liberté de l’Internet – "Je sais que beaucoup d’entre vous militent pour la liberté de l’Internet, n’arrêtez pas !", a-t-elle lancé en guise d’ouverture -, Neelie Kroes a dit voir dans les milliers de personnes qui ont "protesté contre des règles qu’elles jugent contraignantes pour l’ouverture et l’innovation d’Internet (...) une nouvelle voix politique forte".
"Nous sommes sur le point d’être dans un monde sans SOPA et sans ACTA", a-t-elle surtout glissé, semblant laisser entendre que l’accord si controversé n’est plus d’actualité. Ce qu’elle ne serait certes pas la première à dire - Claude Turmes a d’ores et déjà enterré ACTA par exemple -, mais qui vient pour le moins contredire la position officielle de la Commission dont le membre compétent pour ce dossier qui relève du commerce extérieur, Karel De Gucht, n’a de cesse de défendre l’accord négocié.
"Nous avons maintenant besoin de trouver des solutions pour faire d’Internet un lieu de liberté, d’ouverture et d’innovation", a plaidé la commissaire, sans perdre de vue les intérêts des créateurs et artistes, pour la rémunération desquels il faut continuer à réfléchir. Neelie Kroes, qui plaide l’ouverture, est en effet bien consciente qu’il faut veiller à l’équilibre entre les droits fondamentaux que sont la liberté d’expression et le droit à la protection de sa vie privée, et la liberté d’innover et d’être rétribué et reconnu pour cela.