"Il nous faut d’urgence un changement de cap en Europe", plaide Jean-Claude Reding, président de l’OGBL, dans son éditorial publié dans le magazine syndical Aktuell du mois de juin 2012.
Le président de l’OGBL dénonce "les jeux de casino capitaliste" dont les victimes sont "les simples salariés et pensionnés", qui risquent d’y perdre leurs économies et leurs emplois et qui souffrent qui plus est de "la politique d’austérité que les gouvernements appliquent dans de trop nombreux pays pour cimenter les débris occasionnés par les capitaines de la finance multinationale". La crise de la dette est "étroitement liée à l’avidité, la passion de la spéculation du monde de la finance", estime le leader syndical, qui relève que la dette publique luxembourgeoise s’est elle aussi accrue en grande partie en raison des actions de sauvetage du secteur financier.
Depuis 2009, rappelle Jean-Claude Reding, le mouvement syndical revendique l’intervention régulatrice des pouvoirs publics, de la politique, dans le monde financier plutôt que la modération et les réductions salariales, le démantèlement social, l’affaiblissement du droit du travail et des syndicats qui durcissent la crise et ne sont pas la solution.
"Nous ne refusons pas seulement la politique européenne d’austérité menée depuis 2010, nous refusons aussi sa variante luxembourgeoise", poursuit le leader syndical qui liste les mesures qu’il dénonce : manipulation de l’index, de l’ajustement des pensions, diminution des allocations familiales, de l’indemnité de congé parental, détérioration des prestations de la caisse nationale de santé, augmentation insidieuse des impôts aux dépens des petits et moyens revenus etc.
Certes, la variante luxembourgeoise de la politique européenne d’austérité est assez "soft" en comparaison avec ce qui se passe dans d’autres pays, admet Jean-Claude Reding qui voit là le fruit de "l’opposition indéfectible de l’OGBL et des autres syndicats". Mais il n’en reste pas moins que, selon lui, la politique luxembourgeoise va également, dans son principe, dans la mauvaise direction.
La politique européenne d’austérité n’empêchera pas qu’une crise financière puisse se reproduire et elle ne résoudra pas la crise de la dette étant donné qu’elle conduit à une récession économique, explique le leader syndical. La politique européenne menace nos systèmes sociaux, augmente les inégalités sociales, entraîne pauvreté et chômage, poursuit-il se référant à l’expérience quotidienne mais aussi aux rapports « effrayants » de l’Organisation internationale du travail, de l’OCDE et des institutions européennes sur le chômage, l’augmentation du risque de pauvreté, des inégalités sociales et injustices.
Jean-Claude Reding salue par conséquent le fait que "naisse enfin un débat sur cette politique qui trouve son expression dans le nouveau traité sur la discipline budgétaire dans la zone euro".
"Ce traité doit être modifié", affirme le président de l’OGBL, selon qui l’UE et la zone euro doivent prendre des initiatives afin de faire redémarrer l’économie. À ses yeux, cela devra être fait de façon ciblée, dans des secteurs et domaines d’activité qui sont compatibles avec les objectifs de la politique de l’emploi et de l’environnement de l’Union européenne.
"Le traité doit être complété par un cadre contraignant de politique sociale", revendique encore le leader syndical. Il s’agit selon lui de protéger les droits fondamentaux des salariés, mais aussi de maintenir et de développer la sécurisation sociale élaborée dans les années d’après-guerre. "Tout cela n’est pas garanti dans les textes actuels", constate Jean-Claude Reding qui dénonce le fait que "le démantèlement de notre Etat social et de nos droits en tant que salariés est programmé" tandis que "d’autres droits de souveraineté sont cédés ". "Cette cession, qui n’est pas fondamentalement fausse, devrait cependant faire l’objet d’un large débat et n’être acceptable que si l’Union européenne se décidait à fonctionner plus démocratiquement, si de nouvelles possibilités d’influer à tous les niveaux étaient créées pour les citoyens", explique-t-il.
"Il n’y a pas encore eu de discussion sur ce sujet au Luxembourg", déplore le président de l’OGBL qui indique que seuls les partis déi Lénk et déi Gréng ont fait savoir qu’ils ne voteront pas le nouveau traité en l’état actuel. "Qu’en est-il des autres partis ? Pourquoi n’initie-t-on pas un large débat public sur ce sujet important ?" Alors que l’Irlande est en train de tenir un référendum sur ce texte, la question est posée.