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Jean Asselborn soutient la candidature de l’Islande à l’UE, et son homologue islandais, Össur Skarphedinsson, se dit confiant que l’UE saura innover pour tenir compte des problèmes particuliers de son pays
21-06-2012


Jean Asselborn et son homologue islandais, Össur  Skarphedinsson, lors de sa visite à Luxembourg, le 21 juin 2012Le ministre des Affaires étrangères d’Islande, Össur Skarphedinsson, a effectué le jeudi 21 juin 2012 une visite de travail au Luxembourg où il a été reçu par le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn.

L’échange de vues a porté sur l’état d’avancement des négociations d’adhésion de l’Islande à l’Union européenne. L’Islande a déposé sa candidature d’adhésion le 23 juillet 2009,  et le 17 juin 2010, le Conseil européen a décidé de lancer les négociations d’adhésion sur base d’un avis positif de la Commission. A signaler que l’Islande est membre depuis 1994 de l’Espace économique européen (EEE) avec la Norvège et le Liechtenstein, et comme ces deux pays, elle fait également partie de l’espace Schengen depuis 2001.

Les négociations avec l’Islande avancent bien, a signalé lors d’une conférence de presse conjointe Jean Asselborn, puisque du fait de son adhésion à l’EEE, l’Islande a d’ores et déjà repris une grande partie de l’acquis communautaire. Jusqu’à présent, l’UE et l’Islande ont ainsi réussi à ouvrir 15 chapitres de négociation sur un total de 35, dont 10 ont été provisoirement clos. Cependant, les négociations d’adhésion achoppent sur les dispositions liées à la Politique commune de la pêche et à la Politique agricole commune. Jean Asselborn s’est dit convaincu que les questions ouvertes pourront être résolues dans les prochains tours de négociations, soulignant son plein soutien à la candidature islandaise.

Le ministre islandais, Össur Skarphedinsson, a expliqué que malgré la crise, l’Islande veut toujours rejoindre l’UE, et que c’est là "un signe de confiance". La campagne en faveur de l’adhésion qu’il a menée est d’ailleurs couronnée de succès, a-t-il assuré. L’Islande est "profondément de culture européenne" pour Össur Skarphedinsson, et elle a intérêt à rejoindre une union d’Etats où les petits Etats sont nombreux et disposé à s’entraider. C’est une des raisons pour lesquelles il est en train de faire un tour de ces petits Etats.

Quant aux négociations sur la pêche et l’agriculture sur lesquelles achoppent les négociations, ce sont des matières qui ne font pas partie de l’acquis communautaire repris par l’Islande en tant que membre de l’EEE. Össur Skarphedinsson se dit néanmoins convaincu que l’UE saura comprendre les problèmes particuliers de l’Islande qui est "une île pour laquelle la pêche est ce que le secteur financier est au Luxembourg". Le pays demande que ses stocks régionaux de pêche ne soient pas ouverts à d’autres, car il est impossible pour la viabilité de l’île que tout le monde y vienne pêcher, et il demande donc que des zones spéciales de pêche lui soient accordées. Pour rappel: L'Islande et l'UE ont notamment des contentieux sur la gestion de certains quotas de pêche, comme ceux du maquereau, qui empoisonne les relations entre les pays côtiers de la mer du Nord depuis plus de deux ans. La pêche à la baleine, interdite par l'UE et pratiquée par l'Islande, pose également problème.

L’île a aussi une agriculture très différente de celles dont s’occupe actuellement la PAC, a souligné le ministre. mais l’UE a selon lui toujours été capable de trouver des solutions innovantes, par exemple l’introduction de la notion d’agriculture arctique avec l’adhésion de la Finlande.

Össur Skarphedinsson, ministre islandais des Affaires étrangères, lors de sa visite à Luxembourg, le 21 juin 2012Le chef de la diplomatie islandaise est convaincu que tous les chapitres de la négociation sur l’adhésion pourront être ouverts dès la fin de 2012. Le traité d’adhésion sera ensuite soumis à un référendum populaire sur l’issue duquel Össur Skarphedinsson se dit confiant, car pour lui cela fait une décennie que la tendance en faveur d’une adhésion semble majoritaire dans l’opinion publique islandaise. Le pays a aussi hâte adopter une autre monnaie, car maintenir sa couronne s’avère de plus en plus difficile. Des idées pour rattacher la couronne islandaise à la couronne danoise, suédoise ou même au dollar canadien n’ayant pu aboutir, faute de partenaires, le rattachement à l’euro et l’introduction de la monnaie commune lui semble la meilleure option.   

Le communiqué du Ministère des Affaires étrangères dit que "la situation économique et sociale en Islande a également été évoquée, ce pays ayant été gravement affecté par la crise financière de 2008." L’Islande a pu réaliser des progrès dans les efforts d’assainissement du budget et de la réduction de la dette publique. Le ministre islandais, dit le communiqué, "a souligné que l’année 2011 avait confirmé la reprise de l’activité en Islande avec une croissance de près de 3 %, croissance toutefois fragile car soutenue par des facteurs temporaires."