Interrogé par le journal allemand Tagesspiegel, pour un article paru le 14 août 2012, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, met en garde contre les risques de la consultation du peuple, par référendum, au sujet de la politique future de l'Union européenne. Ce serait "organiser un hara-kiri avec l'idée européenne", dit-il.
Le débat est soutenu en Allemagne, depuis que le ministre des Finances CDU, Wolfgang Schäuble a, trois semaines après le vote irlandais sur le Pacte budgétaire le 31 mai 2012, confié au Spiegel qu'il jugeait désormais plausible de soumettre au vote des citoyens allemands le renforcement de l'intégration économique et donc un abandon supplémentaire de souveraineté. Dans son interview où il soutient le développement d'une union budgétaire, le ministre allemand des Finances plaidait pour "qu'aucun Etat national puisse bloquer les décisions" qui touchent aussi bien la création de l'union budgétaire, d'une union bancaire que la direction générale de la politique économique.
Depuis lors, le président fédéral du SPD, Sigmar Gabriel, a lui aussi, début août, défendu l'idée d'un référendum, avec la nuance importante que le contrôle des budgets des Etats nationaux devait aller de pair, et non être au mieux préalable, comme le désire Wolfgang Schäuble, à une éventuelle mise en commun des endettements des Etats membres. Par ailleurs, le chef de fraction du FDP, Rainer Brüderle, dans les colonnes du Hamburger Abendblatt le 10 août 2012, a lui aussi soutenu une telle consultation populaire, notamment si un changement de constitution devait s'avérer nécessaire en vertu de l'avis que la Cour constitutionnelle à Karlsruhe doit rendre le 12 septembre au sujet du Mécanisme européen de stabilité (MES).
Comme le rapporte la presse allemande, la chancelière Angela Merkel jugerait pour sa part ces réflexions prématurées, en pleine période de consolidation budgétaire et alors que le processus de ratification du MES n'est pas achevé.
Les positions en faveur d'un référendum n'ont pas convaincu le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn. Le Tagesspiegel a voulu l'interroger après avoir constaté que le vigoureux débat allemand sur le referendum ne s'était pas encore penché sur l'avis de ses voisins à ce sujet. "On ne doit pas faire l'erreur d'organiser un hara-kiri avec l'idée européenne", a donc rétorqué Jean Asselborn. Le Tagesspiegel rappelle pour compléter cette déclaration que ce dernier a connu la difficulté d'obtenir au Luxembourg une majorité en faveur du traité établissant une constitution européenne en 2005.
Si Jean Asselborn ne conteste pas le besoin d'une nouvelle légitimation démocratique de l'UE, il considère que la démocratie parlementaire offre pour cela un cadre adapté. "Je doute que le référendum soit la bonne voie. Je mise plutôt sur le débat au sein de la démocratie parlementaire", a-t-il en effet déclaré. Il cite l'exemple de l'abolition de la peine de mort en France en 1981, qui, si elle a été possible dans le cadre de la démocratie parlementaire, ne l'aurait pas été en soumettant la question à un referendum. Jean Asselborn justifie encore sa position par le fait que "dans beaucoup de pays européens, les nationalistes sont à l'affût".