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Entreprises et industrie
La Commission européenne entend réindustrialiser l’Europe
Le Luxembourg obtient de bons résultats en ce qui concerne la compétitivité globale de son économie, note le tableau de bord de la compétitivité industrielle
10-10-2012


La Commission européenne a présenté le 10 octobre 2012 un ensemble de documents portant sur l’industrie en Europe. Elle a ainsi publié son rapport sur la compétitivité 2012 ainsi que son tableau de bord de la compétitivité industrielle des Etats membres. Deux documents qui lui ont permis d’identifier des mesures à prendre pour stimuler l’industrie européenne dans une perspective de croissance que la Commission a formulées dans sa communication sur la politique industrielle. Son objectif, réindustrialiser l’Europe de façon durable.La Commission européenne a publié le 10 octobre 2012 son rapport sur la compétitivité industrielle de l'UE

Le rapport 2012 sur la compétitivité européenne analyse les principales tendances observées en matière de mondialisation au cours des 15 dernières années, les coûts et avantages qui en résultent, de même que les défis à venir pour les entreprises de l’UE.

Il en ressort notamment que l’incertitude du marché, les problèmes de financement, la faiblesse de la demande et la pénurie de compétences ont provoqué un manque de confiance qui, à son tour, s’est traduit par une insuffisance des investissements et des pertes d’emplois dans l’industrie.

"L’Europe a besoin, pour le XXIe siècle, d’endiguer le déclin du rôle de l’industrie afin de produire une croissance durable, de créer des emplois à haute valeur ajoutée et de résoudre le défi sociétal auquel nous sommes confrontés", affirme la Commission qui cible des mesures immédiates visant à inverser la tendance négative actuelle et faire passer la part de l’industrie dans le PIB de l’UE de 15,6 % aujourd’hui à 20 % à l’horizon 2020. La Commission propose ainsi une série d’actions prioritaires afin d’encourager les investissements dans les nouvelles technologies, d’améliorer l’environnement des entreprises, de faciliter l’accès aux marchés et au "MIssion croissance", la Commission a présenté sa communication sur la politique industrielle de l'UE, dont l'objectif est de réindustrialiser l'Europefinancement, en particulier pour les PME, et de faire en sorte que les compétences correspondent aux besoins de l’industrie.

L’industrie européenne est bien placée pour jouer ce rôle : l’Europe occupe une position dominante au niveau mondial dans de nombreux secteurs stratégiques tels que l’automobile, l’aéronautique, l’ingénierie, l’espace, les produits chimiques et les produits pharmaceutiques. L’industrie représente toujours quatre cinquièmes des exportations de l’Europe et 80 % des exportations européennes et des investissements du secteur privé dans la R&D proviennent de l’industrie manufacturière. Si la confiance revient, avec dans son sillage de nouveaux investissements, l’industrie européenne pourra être plus performante et reprendre sa croissance.

Quatre piliers pour une politique industrielle renforcée

La Commission identifie donc quatre piliers pour une politique industrielle renforcée.

Des investissements dans l’innovation - établir des conditions-cadres propices aux investissements pour permettre un retour rapide aux niveaux d’avant-crise, en mettant l’accent sur six domaines prioritaires à très fort potentiel de croissance et d’emploi en Europe : les technologies de fabrication avancées pour une production propre, les technologies clés génériques, les bioproduits, une politique industrielle, un secteur de la construction et des matières premières durables, les véhicules et navires propres et les réseaux intelligents. Les États membres devraient également jouer leur rôle et donner la priorité aux investissements dans ces six domaines.

De meilleures conditions de marché – améliorer le fonctionnement du marché intérieur et ouvrir les marchés internationaux. La Commission privilégiera certains aspects sur lesquels des progrès importants peuvent être réalisés rapidement: améliorer le fonctionnement du marché intérieur des biens, promouvoir l’esprit d’entreprise en ce qui concerne le marché unique numérique, qui devrait connaître une croissance annuelle de 10 % jusqu’en 2016, protéger les droits de propriété intellectuelle et continuer à encourager l’internationalisation des PME de l’UE dans le monde, afin d’atteindre, à moyen terme, une présence de 25 % sur les marchés étrangers (contre 13 % aujourd’hui).

L’accès au financement et aux capitaux – améliorer l’activité de prêt en faveur de l’économie réelle, en mobilisant et en orientant plus efficacement les ressources publiques, y compris celles de la BEI - qui devrait affecter entre 10 et 15 milliards d’euros à des prêts supplémentaires pour les petites et moyennes entreprises - et des Fonds structurels, ainsi qu’en débloquant des fonds privés grâce à l’élimination des obstacles auxquels se heurtent encore les fonds de capital-risque et à des mesures visant à faciliter les opérations transfrontalières effectuées par les entreprises de plus petite taille.

Le capital humain et les compétences – donner à la main-d’œuvre les moyens de faire face aux transformations industrielles, notamment par une meilleure anticipation des besoins et des inadéquations en matière de compétences. Dans ce domaine, la Commission veillera en particulier à promouvoir davantage la coopération entre employeurs, travailleurs et autorités concernées par la création de conseils sectoriels européens pour les compétences, d’alliances pour la connaissance et d’alliances sectorielles pour les compétences.

Afin d’assurer la bonne mise en œuvre de ces actions, la Commission annonce par ailleurs qu’elle surveillera de près un certain nombre de paramètres essentiels.

1. Les investissements

La formation brute de capital fixe en pourcentage du PIB a été de 18,6 % en 2011. Avant la crise, elle a atteint 21,25 % du PIB en 2007. Les efforts d’investissement indispensables à l’amélioration de notre productivité nécessiteraient de revenir en 2015 aux niveaux d’investissement d’avant la crise et d’obtenir des niveaux moyens supérieurs à 23 % d’ici à 2020. Les investissements dans les équipements représentent actuellement entre 6 et 7 % du PIB. Pour permettre l’amélioration de la productivité et l’introduction de nouvelles technologies, ils devraient retrouver les niveaux d’avant la crise et progresser durablement au-delà de 9 % du PIB jusqu’en 2020.

2. Le commerce dans le marché intérieur

Le commerce des biens dans le marché intérieur totalise actuellement un peu moins de 21 % du PIB. Dans un marché intérieur redynamisé, ce taux devrait atteindre 25 % d’ici à 2020.

3. Les PME

Conformément aux aspirations que la Commission a formulées, dans sa stratégie numérique, au sujet du marché unique numérique, la proportion de petites entreprises pratiquant la vente en ligne devrait augmenter et atteindre les 33 % d’ici à 2015. La proportion de PME exportant au sein du marché intérieur était de 25 % d’après l’enquête de 2009. L’objectif à moyen terme serait que ces entreprises opèrent en proportion égale hors de l’UE et dans le marché intérieur.

Le tableau de bord des performances industrielles

Le nouveau tableau de bord des performances de l’industrie dans les États membres examine pour sa part cinq domaines principaux : la productivité de l’industrie manufacturière, les résultats à l’exportation, l’innovation et le développement durable, l’environnement et l’infrastructure des entreprises, et enfin le financement et l’investissement. Il en ressort que de grands écarts persistent entre Etats membres quant aux résultats des réformes auxquelles ils se sont engagées pour relancer leur compétitivité.

Trois groupes de pays se dégagent:

  • Le groupe des pays réalisant de bonnes performances de manière régulière dans les cinq domaines : Allemagne, Danemark, Finlande, Suède, Autriche, Irlande, Pays-Bas, Royaume-Uni, Belgique et France.
  • Le groupe des pays aux performances plus inégales : Estonie, Slovénie, Espagne, Italie, Portugal, Grèce, Malte, Chypre et Luxembourg. Ces pays ont de bons résultats dans certains des cinq domaines d'analyse, moins bons dans les autres.
  • Le groupe des pays en rattrapage : Bulgarie, Roumanie, République thèque, Pologne, Hongrie, Slovaquie, Lettonie et Lituanie, où des retards sont constatés dans la plupart des indicateurs.

Globalement, la plupart des Etats Membres ont réalisé des progrès dans un certain nombre de domaines, comme les réformes de l'administration publique, le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) et le développement industriel durable. Les résultats en termes d'innovation se sont améliorés mais la convergence entre pays plus ou moins innovants a ralenti ces dernières années. Il reste beaucoup à faire pour la promotion de la recherche privée et pour promouvoir davantage de concurrence dans la distribution d'énergie, dans les transports et dans les communications. En outre, l'accès au financement, particulièrement pour les PME, s'est détérioré dans la majorité des Etats Membres.

"Le Luxembourg obtient de bons résultats en ce qui concerne la compétitivité globale de son économie"

Dans ses conclusions sur le Luxembourg, le tableau de bord indique que "le Luxembourg obtient de bons résultats en ce qui concerne la compétitivité globale de son économie".Représentation synthétique des performances du Luxembourg en matière de compétitivité industrielle, extrait du tableau de bord de la compétitivité industrielle des Etats membres publié le 10 octobre 2012 par la Commission européenne

Mais les services de la Commission relèvent aussi que le Grand-Duché est néanmoins "confronté à un ralentissement des gains de productivité et à une hausse des coûts salariaux unitaires, ce qui risque de compromettre le potentiel à long terme de son économie". Les coûts salariaux unitaires "continuent d’augmenter plus rapidement que dans les États membres voisins, notamment dans l’industrie manufacturière, principalement en raison de la faible croissance de la productivité. Le Luxembourg a provisoirement modifié l’indexation automatique des salaires en fixant un intervalle minimum de 12 mois entre chaque révision. Toutefois, à partir de 2015 l’indexation automatique sera à nouveau appliquée", est-il précisé dans le tableau de bord.

Autre défi identifié, "le Luxembourg doit également atteindre son objectif national concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre". Si l’objectif en matière d’efficacité énergétique pour 2016 pourrait être atteint, la Commission estime en revanche qu’il sera difficile d’atteindre l’objectif de 11 % d’énergies renouvelables d’ici 2020. "Il sera par conséquent probablement nécessaire de mettre en œuvre en temps utile des mécanismes de coopération (pour un montant estimé de 0,5 à 3,5 TWh par le Luxembourg) avec d’autres États membres", notent les auteurs du rapport qui estiment que d’autres interconnexions avec les pays voisins pourraient favoriser l’importation d’électricité produite à partir de sources d’énergie renouvelable et la sécurité de l’approvisionnement en gaz. Mais ils insistent bien sur le fait que "le principal enjeu réside dans l’objectif national de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les secteurs non couverts par le système d’échange de quotas d’émission (SEQE) de l’UE". Pour réduire les niveaux de 20 % d’ici 2020, "le Luxembourg devra sans doute élaborer de nouvelles politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre ou utiliser des mécanismes de flexibilité coûteux".

Deux éléments qui font d’ailleurs l’objet de recommandations de la Commission dans le cadre du semestre européen.

Dans le chapitre de la durabilité, les services de la Commission notent qu’en matière d’éco-technologies, le pays manque de masse critique et de visibilité. Mais ils observent aussi qu’au Luxembourg, la part des exportations de produits de haute technologie dans l’ensemble de ses exportations est élevée, et que la part des biens environnementaux s’avère l’une des plus élevées de l’UE (1,62 % de toutes les exportations de biens en 2011).

En termes d’innovation, le rapport, qui fait référence au tableau de bord de l’innovation publié par la Commission, note que les points faibles relatifs résident dans les investissements des entreprises, les collaborations et l’entrepreneuriat. Les points forts relatifs se situent dans les ressources humaines et les innovateurs. Les systèmes de recherche ouverts, excellents et attractifs, le financement et le soutien et les actifs intellectuels se situent bien au-dessus de la moyenne, est-il encore observé. "Le Luxembourg a bien progressé dans ses efforts visant à privilégier les secteurs à forte intensité de connaissances, notamment à travers la mise en œuvre du projet de triangle de la connaissance (éducation, recherche et innovation) et le renforcement des liens entre l’enseignement supérieur et les entreprises", saluent les auteurs du rapport. Mais la capacité d’absorption des résultats de la recherche et de l’innovation sur le marché intérieur demeure néanmoins limitée, et il conviendrait de redéfinir les priorités des activités de recherche et d’innovation, mettent-ils en garde. "Bien que le Luxembourg vise à concentrer les efforts en matière de R&D sur un nombre limité de domaines prioritaires, notamment à travers le programme CORE du FNR, il semble qu’ils ne soient pas suffisamment sélectifs pour pouvoir obtenir une masse critique dans tous les domaines identifiés", précise le tableau de bord.

D’importantes mesures ont été adoptées afin d’améliorer l’environnement des entreprises, par exemple en simplifiant les procédures administratives, relèvent les services de la Commission.

En termes de performance globale de l’administration publique, le Luxembourg se situe bien au-dessus de la moyenne de l’UE, indique le rapport où il est aussi consigné que les services publics et la mise en œuvre des politiques sont jugés de grande qualité en général.