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A l’issue d’un premier examen de l’article sur les effets à long terme du maïs transgénique NK603, l’EFSA déclare qu’il est "d'une qualité scientifique insuffisante pour être considéré valide pour l'évaluation des risques"
04-10-2012


Le 19 septembre 2012, une étude scientifique publiée par le professeur Séralini et son équipe relançait la controverse sur la dangerosité des OGM. L’étude en question, menée sur deux ans, montrait que la consommation du maïs transgénique NK603 était liée à une augmentation de l’incidence des tumeurs chez les rats. Aussitôt, la Commission européenne avait saisi en urgence l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) afin qu’elle évalue l’article en question et qu’elle détermine si ses résultats pourraient amener l'EFSA à réexaminer son avis précédent sur le maïs NK603.Le logo de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA)

A l’issue d’un premier examen initial, l’EFSA conclut que l’article en question est "d'une qualité scientifique insuffisante pour être considéré valide pour l'évaluation des risques". Le groupe de travail multidisciplinaire qui s’est penché sur le dossier considère que "la conception, le système de rapport des données et l'analyse de l'étude, tels que présentés dans le document, sont inadéquats".

L’EFSA estime que l’article n’a pas été élaboré conformément aux bonnes pratiques scientifiques en vigueur, telles que les lignes directrices reconnues sur le plan international en matière d’études scientifiques et de communication des résultats.

"Certains pourraient être surpris par le fait que la déclaration de l'EFSA se concentre sur la méthodologie utilisée dans cette étude plutôt que sur ses résultats, mais cette question est justement au cœur du problème. Lorsqu’on réalise une étude, il est essentiel de s’assurer qu’un cadre approprié soit mis en place. Si on a clairement défini ses objectifs et qu’on a établi une conception et une méthodologie appropriées, on constitue une base solide à partir de laquelle des données précises et des conclusions valides peuvent être générées. Sans ces éléments, il est peu probable qu’une étude se révèle fiable et valide", a expliqué Per Bergman, qui a dirigé les travaux de l’EFSA.

L'EFSA a invité les auteurs à partager certaines informations additionnelles essentielles afin de lui permettre d’acquérir la compréhension la plus complète possible de l'étude. En effet, estiment les experts de l’Autorité, "les lacunes constatées ne permettent actuellement pas de considérer les conclusions des auteurs comme étant scientifiquement valables".

Par conséquent, l'EFSA considère à ce stade qu’il n’est "pas nécessaire qu’elle réexamine l’évaluation précédente réalisée sur la sécurité du maïs NK603, ni qu’elle tienne compte de ces résultats dans le cadre de l'évaluation actuelle qu’elle effectue sur le glyphosate".

L’examen préliminaire publié par l’EFSA constitue la première étape d’un processus qui se déroulera en deux phases. Une seconde analyse, plus complète, sera publiée d'ici la fin octobre 2012. Celle-ci tiendra compte de toute information complémentaire communiquée par les auteurs de l'étude, qui auront l’opportunité de fournir à l'Autorité la documentation sur laquelle ils se sont basés ainsi que les procédures relatives à leur étude afin que l’EFSA acquière la compréhension la plus complète possible de leurs travaux. Ce second examen inclura également un résumé des évaluations réalisées par les États membres sur l’article ainsi qu’une analyse menée par les autorités allemandes responsables de l’évaluation du glyphosate.

Le professeur Gilles-Eric Séralini a confié à l’AFP qu’il attendait pour fournir à l’EFSA davantage d’informations que cette dernière fournisse les éléments qui ont permis d’autoriser l’OGM sur lequel ont porté ses recherches à long terme, ainsi que les autres OGM. Pour le chercheur, "il est absolument scandaleux que l'EFSA garde secrètes les données qui lui ont permis d'évaluer" cet OGM et ce pesticide. "De toute façon, on ne leur donnera rien à eux. On mettra ça sur un site public quand eux l'auront fait", a poursuivi le professeur de biologie moléculaire.