Dans son discours d’ouverture de la Foire d’Automne le 13 octobre 2012, le ministre de l’Economie et du Commerce extérieur Etienne Schneider a évoqué la situation tendue de l’industrie au Luxembourg suite aux récentes annonces d’arrêt de production voire de refus ou report d’investissement.
Autant de mauvaises nouvelles qui interviennent dans une situation conjoncturelle morose en Europe, mais qui cachent aussi, selon le ministre, un problème structurel. "Avant de prendre une décision d’investissement, les entreprises procèdent à un tour d’horizon complet des avantages et désavantages du site luxembourgeois : les marges potentielles à générer, le coût de la main d’œuvre, les aides à l’investissement que nous ne pouvons quasiment plus attribuer, et j’en passe", a expliqué le ministre avant d’arriver au constat que "pour un certain nombre d’entreprises industrielles, le résultat de cette analyse est que le Luxembourg n’apparaît tout simplement plus comme compétitif".
Or, a poursuivi Etienne Schneider, "une politique en faveur de l’industrie se définit aujourd’hui principalement au niveau européen". Et le ministre luxembourgeois "déplore qu’une réelle politique industrielle européenne fasse toujours défaut".
Faisant écho au plaidoyer qu’il a tenu devant ses pairs au Conseil Compétitivité du 11 octobre 2012, Etienne Schneider a insisté sur l’importance d’un rééquilibrage entre politique industrielle et politique de concurrence. "En tant que ministre de l’Economie, je suis aujourd’hui totalement tributaire dans l’octroi d’aides d’Etat de la réglementation dictée par la Commission européenne", a expliqué Etienne Schneider. "Et ces régimes ont largement tendance à réduire les possibilités d’intervention, peu importe si ailleurs de meilleures conditions sont offertes", constate-t-il. Ce qui explique pourquoi il a demandé à "discuter à l’avenir systématiquement des politiques d’aides d’Etat, en prenant en compte la politique poursuivie par d’autres pays hors Union européenne".
"J’ai également revendiqué une politique commerciale basée sur le principe de réciprocité", a rapporté le ministre qui se garde bien d’être un partisan d’un renouveau du protectionnisme, mais qui juge que "l’Europe doit réagir". "Les produits que nous importons de l’extérieur de l’UE ne respectent souvent pas les normes environnementales et sociales strictes appliquées pour la production des mêmes produits en Europe et détruisent ainsi à terme la compétitivité de notre industrie. Les Etats-Unis n’ont par exemple pas hésité à protéger leur secteur de production des panneaux photovoltaïques contre les importations bon marché d’Asie", a-t-il expliqué.
Etienne Schneider a ensuite listé les projets démontrant les efforts du Luxembourg pour diversifier son économie, que ce soit dans le domaine de la logistique, des biotechnologies, des écotechnologies ou des TIC. "Nos efforts et les actions lancées en matière de diversification économique portent bel et bien leurs fruits", a-t-il constaté, tout en confiant sa préoccupation quant à l’adaptation du tissu industriel luxembourgeois, "car nous avons besoin d’un secteur industriel fort et compétitif". Il a donc annoncé les préparatifs visant à mettre en place un "Haut comité en faveur de l’industrie". Le ministre entend aussi demander un débat de consultation à la Chambre des députés sur la croissance de l’économie luxembourgeoise: "Je crois qu’il est important de nous mettre d’accord sur un modèle de croissance de notre économie, et même s’il est clair que l’environnement européen et mondial balisent largement notre champ d’action, je souhaite discuter des objectifs que nous voulons atteindre au cours des prochaines années", a-t-il expliqué.