Principaux portails publics  |     | 

Développement et aide humanitaire - Politique étrangère et de défense
Conseil Affaires étrangères - Mali, Proche-Orient, Syrie et RDC continuent de préoccuper l’UE
19-11-2012


Le Conseil Affaires étrangères s’est réuni le 19 novembre 2012 à Bruxelles. Le Luxembourg y était représenté par Jean Asselborn et, pour le volet Défense, Jean-Marie Halsdorf.

Les ministres de la Défense se sont tout d’abord réunis pour un comité directeur de l'Agence européenne de la Défense (AED). La directrice de l'agence a présenté un état des lieux des différents projets menés dans le cadre de l'initiative de mutualisation et de partage (pooling & sharing). Les ministres ont salué les progrès réalisés et ont souligné la nécessité de renforcer la coopération européenne dans le domaine des capacités. Les ministres ont ensuite adopté un code de conduite visant à promouvoir le pooling & sharing comme option préférée pour le développement capacitaire. Le ministre Halsdorf a salué le travail de l'Agence notamment dans les domaines de la lutte contre les engins explosifs improvisés, des énergies renouvelables ou encore de la formation des équipages d'hélicoptères.Jean-Marie Halsdorf salue le ministre de la Défense grec, Panos Panagiotopoulos, le 19 novembre 2012 à Bruxelles (c) Conseil de l'UE

Les ministres de la Défense ont ensuite adopté le budget annuel de l'Agence de la Défense qui reste au niveau de 2012. A cette occasion, un grand nombre d'Etats membres, dont le Luxembourg, ont souligné la nécessité de permettre à l'Agence de continuer à travailler de manière efficace.

Les ministres ont ensuite fait le point, en présence du Secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen, sur les opérations en cours. Le Président du Comité militaire de l'UE a présenté les opérations de l'UE tandis que le Secrétaire général de l'OTAN a présenté la situation concernant les opérations menées sous l'égide de l'OTAN, notamment en Afghanistan. Dans ce contexte, il a plus particulièrement souligné le déclin des attaques des Talibans et les progrès dans la mise en place d'une armée afghane capable de prendre en main la sécurité du pays.

En ce qui concerne l'opération Atalanta de lutte contre la piraterie, à laquelle le Luxembourg participe via la surveillance aérienne, les ministres ont mis en exergue la réduction drastique des attaques sur les navires, preuve du succès de cette opération. Néanmoins ils ont souligné l'importance de l'approche globale en faveur de la Somalie, seule à même de faire disparaître les causes du phénomène de la piraterie. Dans ce contexte, ils ont évoqué le rôle crucial de la mission de formation des soldats somaliens EUTM Somalia.

Les ministres ont également brièvement évoqué les efforts et coopérations visant à améliorer la capacité des Etats à agir. Michel Barnier, commissaire européen en charge du Marché intérieur, a présenté le travail de la Task Force Défense destinée à regrouper toutes les initiatives de la Commission en matière de marchés de la défense. Il a également annoncé la publication d'une communication de la Commission pour le mois de mai dans le domaine de la politique industrielle de défense. Les ministres ont salué l'initiative de la Commission tout en rappelant la nécessité de respecter la souveraineté des Etats membres.

Mali : discussions sur la future mission visant à soutenir la réorganisation et l’entraînement des forces armées maliennes

Les ministres de la Défense ont ensuite rejoint les ministres des Affaires étrangères pour discuter, à l'occasion d'un déjeuner conjoint, de la préparation du Conseil européen de décembre 2013, qui sera notamment consacré à la défense, mais aussi de la situation au nord du Mali.

Sur ce dernier point, l’objectif de la discussion, à laquelle ont participé Jean Asselborn et Jean-Marie Halsdorf, était de faire le point sur les travaux en cours au sein de l’UE pour préparer la future mission que l’UE compte déployer au Mali, visant principalement à soutenir la réorganisation et l'entrainement des forces armées maliennes. A ce titre, les ministres ont salué la présentation du projet de concept de gestion de crise relatif à une mission européenne de réorganisation et de formation de l'armée malienne ainsi que les progrès dans la planification d'une opération africaine. Le Conseil de l'UE a donné son accord de principe au lancement d'une mission d'appui à la réorganisation et à l'entraînement de 650 soldats maliens par quelques 250 instructeurs qui pourraient être déployés sur le territoire malien à compter de début 2013.

L'Union européenne a rappelé que la crise politique et sécuritaire au Mali exige une approche cohérente et globale afin d’assurer une solution durable et dans laquelle l’appropriation africaine est primordiale. Dans ce contexte, l’UE a salué la mobilisation régionale et internationale pour appuyer le Mali, ainsi que la planification d'une opération africaine dans le cadre des résolutions 2056 et 2071 du Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU).

L'UE a réitéré son souhait de reprendre graduellement sa coopération dès l’adoption d’une feuille de route crédible et en fonction des progrès de celle-ci. Elle a également souligné son engagement à contribuer à des mesures de stabilisation et de consolidation en vue d'une sortie durable de la crise.

Proche-Orient : "Une cessation immédiate des hostilités est dans l'intérêt de tous, en particulier dans le contexte d'instabilité de la région"

Les 27 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont ensuite débuté les travaux du Conseil "Affaires étrangères" par une discussion sur le processus de paix au Proche-Orient.

Les ministres ont fait le point sur la situation sur le terrain, suite au récent pic de tension intervenu entre Israël et Gaza.

Gravement préoccupé par l’escalade de violence entre Israël et Gaza, le Conseil a appelé à cesser toutes les attaques car celles-ci causent des souffrances injustifiables de la population civile. Rappelant que la cessation des hostilités était dans l’intérêt de toutes les parties, particulièrement en ces temps d’instabilité régionale, les ministres de l’UE ont déclaré soutenir les efforts de l’Egypte dans le sens d’une médiation rapide et ont salué la mission du Secrétaire général des Nations Unies dans la région.

Jean Asselborn en discussion avec Frans Timmermans et Laurent Fabius à l'occasion du Conseil Affaires étrangères du 19 novembre 2012Jean Asselborn a souligné à l’occasion de ces discussions le rôle clef que peut jouer l’Egypte dans les discussions visant à apaiser la situation par un cessez-le-feu, et ce notamment du fait de l’influence que le gouvernement égyptien est en mesure d’exercer sur le Hamas. Il a aussi appelé à mettre en garde Israël contre toute nouvelle offensive terrestre sur Gaza, un territoire dont il a rappelé la petite taille et l’importante population, et qu’il voit comme "une enclave" où règnent "l’humiliation, la démotivation et la pauvreté", ce qui offre un terrain fertile à la haine, sans pour autant justifier les provocations permanentes que constituent les tirs de roquettes. Il appelle donc à agir sur "les racines du mal", à savoir la situation catastrophique de la population gazaouie.

Les ministres ont également eu un échange de vues pour tenter de trouver une position UE sur l’initiative annoncée du Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, de soumettre une résolution à l’AGNU visant à octroyer à la Palestine le statut d’Etat non-membre. Un sujet qui n’a pas pu faire l’accord au vu des divergences de points de vue affichées par les délégations dont plusieurs doutent notamment de l’opportunité d’une telle demande en termes de calendrier.

Syrie : la coalition nationale des forces de l’opposition reconnue comme "un représentant légitime des aspirations du peuple syrien"

Le Conseil a ensuite mené des discussions sur le voisinage sud de l’Union européenne, et plus particulièrement sur la Syrie, ainsi que le Liban et le Yémen.

En ce qui concerne la Syrie, les ministres ont abordé la mise en place de la coalition nationale des forces de l’opposition syrienne qui s’est constituée le 11 novembre à Doha. "Tout le monde est d'accord pour une reconnaissance à terme, mais il demeure des nuances", a résumé Jean Asselborn, cité par l’AFP, sur ce dossier complexe. L’objet des discussions a surtout porté sur la formulation donnée à cette reconnaissance. En fin de compte les conclusions reconnaissent la coalition comme un "représentant légitime des aspirations du peuple syrien", mais non pas comme le seul représentant légitime, comme l’ont fait la France ou l’Italie.

Renouvelant le soutien à l’envoyé spécial conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, ils ont envisagé les différentes possibilités afin de fournir de l’assistance humanitaire, de l’aide au développement et de l’assistance financière au peuple syrien, et ont fait le point sur les démarches à entreprendre afin de soutenir les efforts de la coalition des forces de l’opposition syrienne dans ses relations avec la communauté internationale.

D’après Jean Asselborn, il ne saurait être question de lever l’embargo sur les armes en faveur de l’opposition syrienne : il y a un consensus sur la nécessité de résoudre le conflit par la voie politique, et non militaire, rapporte ainsi le Luxemburger Wort dans son édition du 20 novembre 2012.

RDC : les ministres condamnent la reprise des hostilités par les rebelles du M23 dans le Nord Kivu

Préoccupé par la dégradation rapide de la situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le Conseil s’est penché les questions humanitaires et sécuritaires en RDC, et de façon générale dans la région des Grands-Lacs, huit mois après le début de la rébellion du M23. Les ministres ont condamné "avec force" la reprise des hostilités par les rebelles du M23 dans le Nord Kivu et demandé "l'arrêt immédiat" de leur offensive militaire.

Les ministres se sont penchés sur des propositions pour une approche stratégique globale des multiples défis sécuritaires et de développement auxquels est confronté l’est de la RDC. Alors que le rapport du groupe d’experts du Comité des sanctions est en cours d’examen et fera l’objet d’une discussion au Conseil de sécurité des Nations unies après le Conseil du 19 novembre, les ministres ont eu un échange de vues sur les derniers développements à l’ONU.