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Politique étrangère et de défense
Conseil Affaires étrangères - L’UE se prépare à aider le Mali avec une mission militaire et renforce ses sanctions contre les régimes iranien et syrien, tandis que la question des réfugiés syriens devient de plus en plus pressante avant l’hiver
15-10-2012


Jean Asselborn et son homologue français, Laurent Fabius, au Conseil "Affaires étrangères" du 15 octobre 2012 à Luxembourg  source: ConsiliumLors d’une conférence de presse qu’il a tenue à l’issue du Conseil "Affaires étrangères" de l’Union européenne du 15 octobre 2012, Jean Asselborn, le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, a mis en exergue quelques dossiers importants, dont le conflit au Mali, la guerre civile en Syrie et la problématique des réfugiés, les sanctions contre l’Iran et contre le Belarus. Il a aussi évoqué la question d’une mission à Paris à cause de la centrale nucléaire de Cattenom suite aux tests de résistance européens, au sujet de laquelle il s’est entretenu avec son homologue français, Laurent Fabius, qui est prêt à écouter les doléances luxembourgeoises et à donner des réponses. .        

Mali

Le ministre a d’abord évoqué l’accord des ministres européens des Affaires étrangères pour examiner, "de manière urgente", la planification d'une éventuelle mission militaire destinée à aider l'armée malienne à reconquérir le nord du pays occupé par des groupes islamistes.

Les ministres des 27 ont réaffirmé la "détermination de l'UE à apporter son concours aux efforts entrepris par le Mali" pour résoudre "la grave crise politique et militaire" qui affecte le pays, selon les conclusions du Conseil. Pour cela, ils demandent que "les travaux de planification d'une éventuelle mission militaire dans le cadre de la Politique de sécurité et défense commune (PSDC) soient poursuivis et approfondis de manière urgente".

L'objectif de cette mission serait "la réorganisation et l'entraînement des forces de défense maliennes, en tenant compte des conditions nécessaires à l'efficacité d'une éventuelle mission, y compris le soutien plein et entier des autorités maliennes", précise le texte des 27.  "Ces travaux devront être conduits en étroite concertation avec les organisations, en particulier l'ONU, l'Union africaine (UA), la Cédéao, les Etats et les acteurs concernés", précisent les conclusions.

Les 27 souhaitent aboutir à une position commune avant la réunion prévue le 19 octobre à Bamako des principaux acteurs pour tenter de mettre au point une "stratégie cohérente". A signaler que l'ONU a adopté le 12 octobre 2012 une résolution préparant le déploiement d'une force internationale au Mali, et donnant 45 jours aux pays ouest-africains pour préciser leurs plans.

Jean Asselborn a exprimé l’espoir que face à ces mouvements, le président et le Premier ministre maliens "aient le même agenda" et souligné que les Africains dirigeront les opérations. Sur le plan humanitaire, a-t-il encore expliqué, la situation est dramatique. 700 000 réfugiés sont dispersés entre le Mali, le Niger, la Mauritanie et l’Algérie. Le Luxembourg est présent dans la région, y compris dans le nord du Mali, et a libéré 9 millions d’euros d’aide en 2012. 

Syrie

Les ministres européens ont adopté un nouveau train de sanctions contre la Syrie, poursuivant ainsi leur politique de sanctions commencée en mars 2011. 181 personnes proches du régime et à 54 sociétés ou administrations sont désormais inscrites sur les listes noires de l'UE. Leurs avoirs sont gelés et ils sont frappés d'interdictions de visa. Les deux nouvelles sociétés désignées sont soupçonnées d'avoir acheté des armes ou du matériel répressif. L'UE va également interdire à ses ressortissants d'acheter des armes à la Syrie, de les transporter vers les pays tiers ou d'assurer de tels transports. Le but est de priver le régime d'éventuelles sources de financement. Ces sanctions viennent s’ajouter aux embargos sur les armes et le pétrole, ainsi qu'à une série de sanctions commerciales et financières.

Jean Asselborn a expliqué que la réunion avec le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, avait montré que la position russe n’avait pas évolué et que peu de choses se feront dans le dossier avant les élections présidentielles aux USA du 6 novembre 2012. Il a également souligné que les sanctions décidées par l’UE n’avaient qu’un caractère limité et auraient en fait dû être prises par l’ONU à un niveau mondial, ce qui aurait empêché nombre d’atrocités.

200 000 réfugiés syriens se retrouvent entretemps en Jordanie, dont 150 000 ont pu trouver refuge auprès de membres de leurs familles. 100 000 autres se retrouvent en Turquie, dans des préfabriqués et dans une situation très difficile avec l’hiver qui s’annonce. A terme, le ministre est convaincu, et en cela il s’avance par rapport à nombre de ses collègues, "que l’UE ne peut se fermer à la venue de réfugiés syriens", car le moment viendra selon lui « où ces personnes ne pourront plus vivre dans des containers ». Le Luxembourg, a-t-il souligné, a toujours reçu des réfugiés, et il s’agit là de "vrais réfugiés" dont la vie et la sécurité sont en danger immédiat. Il faudra donc tout faire pour les recevoir un jour, malgré les difficultés que cela créera inévitablement. Jean Asselborn est conscient que les Etats membres de l’UE ne se sont pas exprimés dans ce sens, mais mieux vaut selon lui se préparer pour prêter main forte. En attendant, "on ne peut pas prendre des avions, transporter ces gens vers l'Europe et dire que ça règle le problème",  et il faut donc continuer à aider la Turquie, le Liban ou la Jordanie.

Iran

L'Union européenne a nettement renforcé son arsenal de sanctions financières et commerciales contre l'Iran. Elle s'attaque maintenant aux transactions financières avec une interdiction de principe de toutes transactions financières entre les banques européennes et iraniennes, mais aussi aux secteurs des télécommunications et de l'énergie face à l'impasse des négociations sur le programme nucléaire iranien. Le ministre iranien de l’Energie a été ajouté aux listes noires de l'UE des gels d'avoirs et interdictions de visa. Les importations de gaz iranien seront également interdites. Ces mesures s'ajoutent à celles, déjà en place, comme l'embargo pétrolier entré en vigueur en juillet 2012.

Reste qu’il faut continuer à maintenir le contact avec l’Iran, et ce à travers l’AIEA, l’agence internationale de l’énergie atomique, pense Jean Asselborn, car une rupture de ce contact risque d’augmenter le risque d’une frappe militaire « qui par ailleurs ne résoudrait rien ». L’effet économique des sanctions a été une dévaluation massive de la monnaie iranienne, mais le ministre doit admettre que la politique de sanctions n’a pas fait fléchir Téhéran.     

Belarus

L'Union européenne a aussi reconduit pour un an ses sanctions contre le Belarus, disant rester "vivement préoccupée par le non-respect des droits de l'Homme, de la démocratie et de l'Etat de droit". Les gels d'avoirs et les interdictions de visa en vigueur contre 243 membres du régime ont été prolongés d’un an, de même que les gels d'avoirs de 32 sociétés commerciales. Un embargo sur les armes et le matériel répressif est en outre en vigueur depuis juin 2011.

Cattenom

Jean Asselborn a aussi abordé la question d’une mission diplomatique à Paris au sujet de Cattenom, comme suite des résultats des tests de résistance européens sur les centrales nucléaires, résultats qui n’ont pas été, en ce qui concerne Cattenom, probants aux yeux du Luxembourg. Le ministre a eu un entretien avec son homologue français, Laurent Fabius, qui s’est déclaré prêt à organiser cette rencontre à Paris et à répondre aux préoccupations des Luxembourgeois. Le Ministère des Affaires étrangères va de son côté prendre des initiatives pour constituer une délégation pour cette mission. "Le gouvernement fera tout pour mettre en place un dialogue avec la France", a-t-il conclu.