La Cour des comptes européenne a publié son premier rapport spécial (RS n° 16/2012) sur l’aide au revenu versée aux agriculteurs dans les nouveaux États membres. Elle préconise une réforme qui garantisse que le soutien aux revenus bénéficie aux agriculteurs actifs qui exercent réellement et régulièrement des activités agricoles. En particulier, les entités publiques chargées de gérer des terres appartenant à l’État et n’exerçant pour le reste aucune activité agricole devraient être exclues du soutien agricole de l'UE et aucun paiement ne devrait être effectué en ce qui concerne des terres inutilisées ou consacrées à des activités non agricoles.
Le régime de paiement unique à la surface (RPUS) a été conçu pour permettre aux nouveaux États membres qui ont adhéré à l’UE en 2004 et en 2007 de soutenir le revenu des agriculteurs. Il est actuellement appliqué dans 10 États membres de l’UE, où il a donné lieu à des dépenses d’un montant de cinq milliards d’euros en 2011. Le rapport de la Cour est centré sur les bénéficiaires de la politique, sur les terres éligibles ainsi que sur la contribution du régime à l’objectif consistant à soutenir le revenu des agriculteurs.
Il ressort de la conclusion générale de l’audit que la mise en œuvre du régime a entraîné l'émergence d'un certain nombre d’éléments contestables.
La Cour recommande que la politique soit mieux ciblée et orientée vers les résultats, afin que l’aide au revenu soit octroyée aux agriculteurs actifs qui exercent concrètement et régulièrement des activités agricoles et qu’elle exclue les entités publiques. L’admissibilité des terres à l’aide devrait être clairement définie et limitée aux parcelles sur lesquelles des activités agricoles sont concrètement et régulièrement menées, ajoutent les auditeurs. Il conviendrait de répartir l’aide de manière plus équilibrée entre les agriculteurs, soit par le plafonnement des paiements individuels très élevés, soit par la prise en considération des conditions particulières des exploitations agricoles dans les différentes régions, note encore la Cour des comptes qui appelle la Commission à remédier aux faiblesses structurelles qui affectent le secteur agricole, soutenir activement les États membres et suivre de plus près leurs préparatifs en vue de l’instauration future d’un système fondé sur les droits au paiement.
Les propositions législatives de la Commission concernant la politique agricole commune après 2013 ne répondent que partiellement aux observations formulées par la Cour (Avis n° 1/2014 de la Cour des comptes européenne sur certaines propositions de règlements relatifs à la politique agricole commune pour la période 2014-2020). Lors de l’examen et de l’adoption de ces propositions, le Parlement et le Conseil voudront peut-être envisager de les revoir à la lumière des recommandations de la Cour, glisse-t-elle à l’occasion de la publication de ce rapport.