Les ministres en charge des activités spatiales au sein des 20 États membres de l’Agence spatiale européenne (ESA), ainsi que l’ensemble des États membres de l’UE non membres de l’ESA, et le Canada, se sont réunis à Naples les 20 et 21 novembre, pour le Conseil ministériel 2012 de l’agence. Il s’agit de la première réunion de ce type depuis 2008. Les ministres ont élu François Biltgen, ministre luxembourgeois de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Mauro Dell’Ambroggio, secrétaire d’État helvétique à l’Éducation et à la Recherche, comme coprésidents de la conférence ministérielle et du triennat subséquent jusqu’en 2015.
L’ESA est un organisme intergouvernemental issu de nations européennes. Elle n’est donc pas une agence de l’UE, mais une des rares organisations mondiales actives dans tous les secteurs des activités spatiales, allant de l’exploration spatiale à la sauvegarde de l’environnement en passant par l’amélioration du savoir-faire technologique et de la compétitivité économique du continent européen. Le Conseil des ministres de l’ESA constitue l’organe le plus important de l’agence. François Biltgen avait signé en 2005 l’adhésion du Luxembourg à l’ESA.
Le choix a été porté sur le Luxembourg en raison de sa compétence établie en matière des activités de l’ESA et en matière de politique européenne en général. Voilà pourquoi il assurera lors de sa coprésidence avant tout le volet des relations entre l’ESA et les institutions de l’UE. Le Luxembourg avait brigué cette candidature dès 2011 et l’avait depuis lors dûment préparée.
François Biltgen avait par ailleurs déjà présidé le 2e Conseil "Espace" lors de la Présidence luxembourgeoise de l’Union européenne en 2005 durant lequel le Conseil des ministres a élaboré une résolution concernant les relations entre l’Union européenne et l’ESA.
Dans ce contexte, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a rappelé à Naples que le traité de Lisbonne a également conféré compétence à l’Union européenne pour engager des activités dans le domaine spatial. Selon le ministre luxembourgeois, "il est donc important de coordonner et de concilier les intérêts mutuels afin de conforter et d’améliorer la position que l’Europe a dans la politique de l’espace."
La Confédération helvétique va se pencher dans le cadre de sa coprésidence plus spécialement sur les différents programmes et activités de l’ESA sur un plan international.
Pour François Biltgen, le Conseil ministériel de Naples a été une réunion cruciale pour l’avenir de l’ESA. L’Europe spatiale s’est dotée à Naples d’un budget de 10 milliards d’euros, comme l’a annoncé son directeur général, Jean-Jacques Dordain. Il s'agit d'une enveloppe globale, sur une moyenne de trois ans, certains programmes étant plus courts et d'autres plus longs.
Ce budget inclut le financement d'une version améliorée du lanceur européen Ariane 5, appelé Ariane 5 ME, qui devrait être opérationnelle en 2017 et préparer le développement d'une nouvelle génération de lanceurs, dite Ariane 6, qui pourrait voler en 2021 ou 2022. Ici, il a été nécessaire de concilier les intérêts financiers et techniques divergents des deux grands contributeurs à l'ESA, l'Allemagne et la France.
Le budget de l’ESA prévoit par ailleurs la poursuite de la participation européenne à la Station spatiale internationale (ISS) jusqu'en 2020.
En ce qui concerne plus précisément le financement des programmes obligatoires et optionnels des années 2013 à 2017, le Luxembourg a confirmé son engagement dans les programmes facultatifs de 1'ESA relatifs aux communications par satellite.
Il s’agit notamment des programmes Artes (pour Recherches avancées dans les systèmes de télécommunication), plus précisément les programmes Artes-33 "Electra", et Artes-21 "SAT-AIS". L'objectif du premier est de développer le premier petit satellite géostationnaire européen à propulsion électrique. SES jouera un rôle prépondérant dans ce programme, puisqu'elle en conduira les travaux jusqu'à la définition du satellite. Artes-21 «SAT-AIS» est dédié à la surveillance maritime. Dans ce programme, la société luxembourgeoise LuxSpace développera une petite constellation de microsatellites permettant de détecter la position des bateaux.
Ces programmes sont menés suivant une approche de cofinancement, ce qui signifie que les industriels interviennent dans l'investissement de ces développements. Au total, les investissements étatiques du Luxembourg pour la période 2013-2017 dans les programmes facultatifs de l'ESA s'élèvent à 90,4 millions d'euros. Entre 2005 et 2011, le Luxembourg avait investi 74,5 millions d’euros, dont 92 % sont revenus en termes de contrats auprès des entreprises.