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Institutions européennes - Parlement européen - Protection des consommateurs - Santé
Soupçonné d'homophobie et de mépris du droit des femmes, le commissaire-désigné Tonio Borg reconnaît devant le Parlement européen la supériorité de la Charte des droits fondamentaux sur ses propres convictions
13-11-2012


Tonio Borg (Source : Parlement européen)Le 13 novembre 2012, lors de son audition par trois commissions du Parlement européen, le candidat maltais au poste de commissaire européen à la santé et la protection des consommateurs, Tonio Borg, s'est engagé à respecter la Charte des droits fondamentaux qui proscrit toute discrimination basée sur l'orientation sexuelle.

L'ancien ministre maltais des affaires étrangères se savait attendu sur certaines de ses déclarations et postures ultra-conservatrices qui avaient fait, en amont de l'audition, l'objet de nombreuses mises en garde, de la part notamment des associations de défense des droits des lesbiennes et gays telles Rosa Lëtzebuerg.

Tonio Borg agira "de manière indépendante, objective et avant tout européenne"

Plusieurs députés des trois commissions concernées ("Environnement, santé publique et sécurité alimentaire", "Marché intérieur et protection des consommateurs " et "Agriculture et développement rural"), parmi lesquels McAvan (S & D, UK), Chris Davies (ADLE, UK) et Satu Hassi (Verts / ALE, FI) se sont chargés d'évoquer le caractère sulfureux du profil de Tonio Borg.

" Je m'en tiendrai au traité de l'Union européenne, à la Charte des droits fondamentaux et au principe de subsidiarité, qui limite les droits de la Commission", a rétorqué Tonio Borg pour garantir que ses "vues personnelles", qu'il a dit ne pas vouloir abandonner, n'influenceraient pas son action politique au sein de la Commission européenne. "Toute discrimination basée sur l'orientation sexuelle est interdite", a-t-il ainsi fait remarquer.

Tonio Borg a contesté avoir déjà eu une posture vexante pour les homosexuel(le)s. "Je n'ai jamais eu de remarques dévalorisantes vis-à-vis des couples de même sexe", a-t-il déclaré. Il a souligné qu'il avait personnellement soutenu un projet de loi à Malte visant à  reconnaître les relations non maritales, qu'elles soient hétérosexuelles ou homosexuelles. Il a également déclaré qu'il soutenait la lutte contre le VIH / SIDA, y compris les programmes d'éducation.

Pour ce qui est du droit des femmes, Tonio Borg a présenté comme une garantie de son ouverture le fait qu'il appuiera la proposition de la commissaire Reding sur les quotas de femmes dans les conseils d'administration. De même, a-t-il fait savoir qu'il respecte le droit à l'avortement, tout en soulignant que le traité de l'UE prévoit que ce type de sujet est du ressort des Etats membres. Connu dans son pays pour être le défenseur d'une criminalisation des femmes coupables d'avortement, Tonio Borg a déclaré devant le Parlement européen qu'il n'avait rien contre le fait que les femmes maltaises partent à l'étranger pratiquer l'avortement, toujours pas légalisé dans leur pays.

En tant que commissaire, Tonio Borg agira "de manière indépendante, objective et avant tout européenne". "Je ne serai pas le commissaire maltais. Je serai le commissaire européen nommé par Malte", a-t-il assuré. Il a par ailleurs déclaré qu'il ferait de la lutte contre toute forme de conflit d'intérêts dans les agences de l'UE une "priorité absolue". Son prédécesseur et compatriote, John Dalli, a été poussé à la démission suite à des soupçons de trafics d'influences avec l'industrie du tabac.

Programme politique

Interrogé sur son programme politique, Tonio Borg a justement promis de présenter dès janvier 2013 une nouvelle proposition "ambitieuse" de législation sur le tabac. Il a dans ce contexte fait savoir qu'il n'était pas de l'avis de son prédécesseur de faire disparaître les marques des paquets de tabac. "Les produits de tabac doivent ressembler à des produits de tabac", a-t-il dit avant de préciser que "c'est aux Etats de décider".

L'aspirant-commissaire s'en est également remis aux Etats membres pour ce qui concerne les cultures génétiquement modifiées et les importations de produits alimentaires. Il a toutefois précisé qu'il fonderait son propre point de vue sur des avis scientifiques, tout en appliquant le principe de précaution, et ne pas être l'"esclave" de l'Agence européenne de sécurité des aliments.

Parmi ses autres propositions futures, Tonio Borg a notamment évoqué la très attendue directive sur les essais cliniques, ainsi que des législations sur le clonage des animaux (il se dit opposé au clonage de la viande destinée à la consommation), sur les nouveaux aliments, sur la sécurité des produits, sur le bien-être des animaux et le domaine phytosanitaire.

Vote en plénière une semaine plus tard

Les présidents des trois commissions concernées devaient consulter les coordinateurs des groupes politiques immédiatement après l'audition. La conférence des présidents des commissions du Parlement se réunit à ce sujet le 14 novembre 2012 et la conférence des présidents des groupes politiques le lendemain, une semaine avant le vote du Parlement européen, réuni en assemblée plénière. La résolution adoptée par le Parlement sera non contraignante pour le président de la Commission européenne.

Le Parti populaire européen, auquel appartient la formation maltaise de Tonio Borg, l'a d'ores et déjà assuré de son soutien. L'opposition serait partagée, à en croire le site internet Euractiv. Ainsi, le travailliste britannique Michael Cashman, coprésident de l'intergroupe pour les droits des lesbiens, gays, bisexuels et transexuels (LGBT) au Parlement européen, a déclaré qu'il donnerait sa voix à Tonio Borg.