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Economie, finances et monnaie - Fiscalité
Taxe sur les transactions financières : Serge Urbany et Claude Turmes dénoncent la position du Luxembourg, Frank Engel et Robert Goebbels la défendent
24-01-2013


La Commission européenne a mis sur la table une proposition de taxe sur les transactions financières le 28 septembre 2011Le Conseil ECOFIN a décidé, le 22 janvier 2013, d’autoriser onze Etats membres à avancer, dans le cadre d’une coopération renforcée, pour mettre en place une taxe sur les transactions financières. Le Luxembourg, qui ne fait pas partie de ce groupe, s'est abstenu lors du vote.

Dans un communiqué de presse publié le 23 janvier 2013, l'eurodéputé luxembourgeois, Claude Turmes (Déi Gréng), estime que la TTF permettra "d'endiguer la spéculation et de générer de nouvelles recettes fiscales". Il regrette donc que le Luxembourg ne figure pas parmi les onze pays qui ont décidé d'agir ensemble. "Le Luxembourg boycotte cet important effort de réforme européen et se met ainsi à l'écart", déplore Claude Turmes qui suggère que l'avenir de la place financière dépend de sa participation à de telles initiatives. Elle "peut seulement survivre, si elle assume de manière offensive la régulation et la modernisation", dit-il en effet. Claude Turmes pointe la responsabilité du Premier ministre Jean-Claude Juncker, qui était "d'abord un défenseur enthousiaste de la taxe puis son opposant résolu". "Avec un non clair à la TTF, les faucons se sont imposés : Le gouvernement sombre de manière croissante dans une politique de rigueur aveugle" qui " conduit à la récession et dans un cul-de-sac." 

Le député déi Lénk, Serge Urbany, partage un avis semblable à celui de Claude Turmes. Les déficits budgétaires commandaient, selon lui, de se rallier à l'initiative. Interrogé par L'Essentiel dans un article publié le 24 janvier 2013, il qualifie la posture du gouvernement de "scandale (…) injustifié". Pour cause, "nous générons des profits énormes. Même l'Allemagne, qui est aussi une grande place financière, a accepté. Nous nous privons d'une manne financière conséquente qui aurait pu entrer dans les caisses de l'État ou de l'UE qui en a bien besoin."

Egalement interrogés par l'Essentiel, les eurodéputés luxembourgeois, Frank Engel (CSV) et Robert Goebbels (LSAP), ne relèvent pas de contradiction dans la posture gouvernementale.

"Cela ne remet pas en question notre engagement européen", répond Frank Engel. "La taxe n'a aucun sens si elle n'est pas adoptée par l'ensemble de l'UE. Si nous l'avions appliquée, nous nous serions retrouvés dans une situation concurrentielle inacceptable avec d'autres qui la refusent." Et d'ailleurs Frank Engel est d'avis que cette taxe sur les transactions financières "n'existera jamais à un niveau européen". "II y a trop de divergences. Chacun va l'utiliser pour renflouer ses propres caisses", prédit-il.

Robert Goebbels avance un même argument stratégique et pense à l'échelle planétaire : "Cette taxe est mal conçue et peut se contourner facilement. Pour qu'elle soi efficace, il aurait fallu que non seulement les 27 et la Suisse l'adoptent mais aussi les grandes places financières comme New York Singapour, etc.".