Le résultat des élections italiennes, qui ne permet pas de dégager une majorité claire et donc de former un gouvernement, a continué de nourrir l'inquiétude des marchés et le débat politique le 26 février 2013, après que les résultats définitifs des élections soient survenus. Finalement, la coalition de centre gauche obtient la majorité à la Chambre des députés tandis que l’alliance de droite derrière Silvio Berlusconi est en tête au Sénat, malgré un plus faible nombre de voix (avec 113 sièges contre 104 pour l'alliance de centre gauche de Pier Luigi Bersani).
Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, avait estimé le 25 février 2013 que ce résultat était "une menace pour l’Europe".
Interrogé par la télévision luxembourgeoise RTL, le ministre d’Etat et ancien président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a estimé que ce vote plongeait l’UE et la zone euro dans "une phase de profonde incertitude". "Alimentée" par la situation en Italie, où un règlement de la situation ne devrait pas intervenir avant l’élection d’un nouveau président d’ici le mois de mai, cette incertitude est aussi "appuyée par la Grande-Bretagne, car on ne voit pas bien où va l'orientation politique anglaise dans la politique européenne", a-t-il déclaré.
Jean-Claude Juncker considère que le résultat des élections italiennes démontre un "vote clair contre la manière dont nous essayons de résoudre la crise de l’euro". Or, il n’existerait pas d’alternative à la politique mise en œuvre jusqu’ici. "Si la volonté des Italiens est de quitter la voie de la consolidation budgétaire, du désendettement et de la réduction du déficit, nous n’aurons pas un problème seulement italien mais la zone euro aura un problème intégral."
Il en va aussi, pour Jean-Claude Juncker, de la crédibilité de l'Union européenne et de la zone euro. "Il y a (…) une montagne d’incertitudes, à laquelle le reste du monde réagit très négativement, comme mes premiers contacts avec des personnes en dehors de l'UE le prouvent déjà", a ajouté le ministre d’Etat au micro de RTL.
L’interprétation du scrutin italien a également fait également l’objet de divergences entre le président du Parlement européen et la Commission européenne, comme le rapporte le Tageblatt, dans son édition du 27 février 2013.
Dans un entretien avec la radio allemande Deutschlandfunk, le président du Parlement européen a estimé que le résultat des élections italiennes révélait "un grand scepticisme vis-à-vis de cette politique d'assainissement budgétaire à sens unique", promue par la Commission européenne. "Cette politique n'est tout simplement pas bonne. Nous avons besoin d’une combinaison de discipline budgétaire durable et de politique d’investissements, qui crée de l'emploi", a déclaré Martin Schluz. Quelques temps plus tard, à Bruxelles, le président du Parlement européen a évoqué "un message clair", une "nouvelle protestation contre la stratégie d’assainissement" de la Commission européenne. "Prenons plus sérieusement l’appel des gens, qui sont prêts à se sacrifier mais pas à n’importe quel prix."
Interrogé par un journaliste, le porte-parole de la Commission européenne, Olivier Bailly, a vu dans les propos de Martin Schulz reprochant à la Commission de vouloir "ne dicter que l'austérité" "une caricature". Olivier Bailly venait de se présenter à la presse pour dire que la Commission européenne avait "pleine confiance dans la démocratie italienne". Il a déclaré que la Commission "collaborera étroitement avec le gouvernement futur", afin de "redresser la croissance et la création d'emplois en Italie". Et si on pouvait regretter que les "arguments positifs de l'action de l’UE ne se soient pas assez imposés", "notre ligne reste la même", a déclaré Olivier Bailly.