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Énergie
Pour sortir du nucléaire, le DP propose une conférence européenne qui déboucherait sur la renégociation du traité EURATOM
07-03-2013


Eugene BergerLa catastrophe nucléaire survenue à Fukushima le 11 mars 2011 a, depuis lors, reposé la question du danger que constitue l’énergie nucléaire. A l’approche du deuxième anniversaire de l’accident, le parti libéral DP "ne veut pas attendre une nouvelle catastrophe pour dire qu’il faut faire quelque chose", comme l’a rapporté le député libéral, Eugène Berger, lors d’une conférence de presse tenue le 7 mars 2013. Le DP profite ainsi de la commémoration de la tragédie pour lancer le débat sur la stratégie énergétique du Luxembourg, inexorablement liée à la stratégie à l’échelle de l’UE. Le rejet de l’énergie nucléaire va bien au-delà de la société luxembourgeoise, constate Eugène Berger, rappelant l’engagement de la Suisse et de l’Allemagne dans la sortie du nucléaire. Toutefois, le monde continue de parier sur cette énergie dangereuse. La planification de 61 nouvelles centrales sur la planète suffirait à le prouver.

Dénué de centrale, le Luxembourg peut tout du moins agir sur le devenir des centrales implantées dans les pays voisins, à proximité de ses frontières. Eugène Berger vise avant tout la centrale française de Cattenom, à 20 kilomètres de la capitale luxembourgeoise, mais aussi les centrales belges de Chooz et Tihange.

Eugène Berger s’exprimait au lendemain du voyage d’une délégation luxembourgeoise à Paris pour inviter la France à envisager l’arrêt de la Centrale de Cattenom. Considérant que cette initiative est un "échec", le député libéral veut miser avant tout  sur l’Europe pour obtenir un résultat.

 S’il faut s’impliquer au niveau de la Grande Région, en compagnie notamment des politiques allemands, "ensuite, il faut emprunter de nouvelles voies au niveau européen", a déclaré Eugène Berger. Le DP propose ainsi la mise à jour du traité EURATOM. Par ce texte signé en 1957, les six États fondateurs de feu la CEE (l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas) entendaient atteindre l'indépendance énergétique à travers le recours à l’énergie nucléaire. Ce traité devait contribuer à la formation et à la croissance des industries nucléaires européennes, faire en sorte que tous les États membres puissent profiter du développement de l'énergie atomique et assurer la sécurité d'approvisionnement. "Aujourd’hui, ces objectifs sont dépassés, il faut mener une autre politique pour l’énergie atomique", pense le député. Certes, on ne peut changer "du jour au lendemain", mais il serait possible d’ajouter à ce traité "de nouveaux accents tels la recherche dans les énergies renouvelables et la sortie de l’énergie atomique à l’échelle européenne". Pour ce faire, le DP pense qu’il y aurait lieu de convoquer une conférence européenne sur les politiques énergétique et nucléaire européennes.

Dans le cadre du développement des énergies renouvelables, Eugène Berger estime qu’il faut, au niveau de la politique européenne énergétique, mettre en réseau les différents pays afin que ceux, qui comme le Luxembourg, ne peuvent être autosuffisants avec les énergies renouvelables produites sur leur sol puissent accéder à ce type d’énergies issues de régions qui peuvent les produire en masse.

Par ailleurs, Eugène Berger estime que le gouvernement luxembourgeois doit parallèlement agir au niveau national de manière bien plus ambitieuse qu’il ne le fait actuellement. Eugène Berger déplore que la politique menée dans le cadre du Protocole de Kyoto consiste à financer l’assainissement de maisons en Estonie ou à  la construction de moulins à vent en Chine. Il faut investir dans la politique énergétique et non se contenter de distribuer des subsides ci et là. Le gouvernement n’aurait "pas de stratégie cohérente" et laisse selon lui aux communes le soin d’agir.

Le Luxembourg aurait pourtant des qualités particulières pour réussir à tirer profit de la transition énergétique prônée par le DP. "Cette nouvelle politique énergique provoquerait une nouvelle dynamique dans la société", pense, convaincu, Eugène Berger, qui rappelle par ailleurs qu’une telle politique n’a pas que des intérêts écologiques mais aussi économiques. En assainissant 120 000 maisons, le Luxembourg pourrait épargner un tiers de sa consommation actuelle d’énergie. Pour mener ce plan, il faudrait notamment aider les familles les moins fortunées en amont des travaux, à travers une banque du climat. Mais un tel programme permettrait aussi de créer des emplois techniques moins qualifiés.

De même, dans ce contexte, le Luxembourg poursuivrait aussi l’objectif de "rendre les entreprises du pays moins dépendantes des prix du pétrole". Cela peut d’ailleurs être une question d’image et présenter un avantage compétitif, dit Eugène Berger. Les "voies courtes" avec l’administration qu’offre un pays de petite taille comme le Luxembourg peuvent selon lui aussi constituer un atout pour en faire un centre de l’économie verte en Europe.