Le 26 avril 2012, jour anniversaire de l'accident de Tchernobyl, le Parti démocratique, par la voix du député Eugène Berger, a condamné le recours à l'énergie nucléaire et demandé au gouvernement luxembourgeois, qui partage en théorie les mêmes vues, de passer des paroles aux actes. Il a ainsi rappelé que, vingt-six ans après la catastrophe de Tchernobyl, l'énergie nucléaire n'était pas une énergie sûre. De même, Eugène Berger a envisagé les conséquences graves qu'aurait pour le Luxembourg un accident à Cattenom, comparable à celui de Fukushima. A cela s'ajoute le problème des déchets nucléaires, ardemment discuté en Allemagne, qui n'a toujours pas trouvé de solution. "Les citoyens ne veulent pas du nucléaire, même en France", souligne encore Eugène Berger qui cite un sondage de juillet 2011 révélant que une nette majorité des citoyens français étaient pour la sortie du nucléaire.
L'accident de Fukushima a provoqué des changements de cap en Allemagne, en Italie et en Suisse. Toutefois, pense Eugène Berger, il ne faudrait pas se leurrer : "Le nucléaire progresse toujours." Ainsi, soixante-et-une centrales nucléaires sont en construction à la surface de la terre. Et d'ici 2030, selon l'Agence pour l'énergie nucléaire la production devrait quasiment doubler. De même, au niveau européen, la France, la Grande-Bretagne, la Pologne et la République tchèque sont quatre pays défendant le développement de l'énergie nucléaire et intervenant auprès de l'Union européenne pour que l'énergie nucléaire soit subsidiée. Dans son appel à l'occasion de l'anniversaire de Tchernobyl, l'Aktiounskomitee geint Atomkraft (Comité d'action contre l'énergie nucléaire) a d'ailleurs souligné ce point pour mieux demander au gouvernement de s'opposer à ces quatre pays sur la scène européenne.
A Luxembourg, "depuis la réalisation des stress-tests, nous savons que la centrale nucléaire de Cattenom n'est pas seulement vieille mais aussi dangereuse". Eugène Berger a été particulièrement marqué par les mots de l'expert nucléaire allemand, Dieter Majer à la Chambre des députés. Le 19 janvier 2012 (voir aussi), devant trois commissions parlementaires (Santé, Affaires intérieures et Grande Région, Développement durable), l'homme mandaté par la Sarre, le Luxembourg et la Rhénanie-Palatinat pour participer au stress-test avait qualifié la centrale de Cattenom de "tas de ferraille" ("Schrottanlage"). Cattenom devrait être fermée tant que l'installation n'aura pas fait l'objet d'investissements massifs pour élever son niveau de sécurité, estime le député libéral. Toutefois, sa durée de vie, initialement de trente ans et donc s'achevant ces prochaines années, ne devra pas être prolongée.
S'il voit dans une éventuelle alternance politique en France des possibilités d'infléchissement de sa doctrine nucléaire, Eugène Berger considère toutefois que "une marche seule nationale en Europe doit s'achever", alors que dans le cadre de Cattenom, la santé de centaines de milliers de personnes est en cause.
Il cite les moyens d'action à l'échelle européenne présenté dans le rapport final de Dieter Majer sur le stress test de Cattenom : "Dans les prochains mois, il sera décisif d'homogénéiser davantage et de renforcer le cadre législatif européen."
C'est à cet égard là que le gouvernement luxembourgeois "doit agir". Eugène Berger n'est en effet pas tendre avec le gouvernement dont il considère qu'il joue un double jeu. "Le gouvernement réagit quand les gens sont dans la rue, quand il y a une discussion à la Chambre, quand on remet des pétitions, mais à la fin il ne se passe rien." A cela s'ajoute l'approche incohérente révélée par les propos du ministre de l'Economie, Etienne Schneider, qui avait considéré dans une interview, que les opposants au nucléaire sont des idéologues.
"Le gouvernement devrait être plus actif que ces dernières semaines et derniers mois", dit encore Eugène Berger. Il aurait notamment loisir de s'investir dans un esprit plus large sur la scène européenne, pour renforcer ce qu'il fait aux niveaux bilatéral et régional au sujet de Cattenom. Il devrait ainsi s'employer énergiquement notamment pour convoquer une conférence des gouvernements qui renégocierait le traité Euratom, lequel est "dépassé" dès lors qu'on désire mener "une politique énergétique moderne". Ce traité devrait notamment être modifié de telle sorte que les plus hautes exigences en matière de sécurité des installations nucléaires soient exigées. "Il doit y avoir plus de stress pour les gérants de centrales nucléaires que pour la population", résume le député libéral.