A l’occasion de la visite d’Etat du couple grand-ducal à Vienne, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a rencontré le ministre autrichien des Affaires étrangères, Michael Spindelegger le 15 avril 2013.
Les deux ministres se sont exprimés devant la presse à l’issue de leur entretien qui fut l’occasion de faire le point sur les relations bilatérales, dont ils ont relevé l’excellence. Mais il a aussi été question de la décision du gouvernement luxembourgeois d’introduire, à compter du 1er janvier 2015 et dans le cadre de la directive sur la fiscalité de l’épargne, l’échange automatique d’informations sur les paiements d’intérêts pour les personnes physiques ayant leur résidence dans un autre pays de l’UE.
Une question qui est d’importance pour l’Autriche qui, comme le Luxembourg actuellement, privilégie une retenue à la source sur les paiements d’intérêts plutôt que l’échange automatique d’informations. Les deux pays font front commun dans le dossier de la fiscalité de l’épargne de longue date, et la décision du Luxembourg n’a pas été sans impact dans les déclarations qui ont pu être faites au sujet d’un isolement de l’Autriche dans ce dossier.
Michael Spindelegger a réitéré la position autrichienne à l’égard du secret bancaire, que son pays entend préserver. La question est cependant de savoir sur quoi porte l’échange automatique d’informations, puisque, ainsi que l’a souligné le ministre autrichien, chacun entend quelque chose de différent par ce terme. Ainsi, l’Autriche, qui n’est pas un paradis fiscal, est prête à discuter d’un échange de données, a-t-il indiqué, l’essentiel étant que le secret bancaire soit préservé pour les citoyens autrichiens.
En fin de compte, sa position ne diffère donc que peu de la décision du gouvernement luxembourgeois, puisque l’échange automatique d’informations ne concernera pas les personnes résidant au Grand-Duché.
Jean Asselborn, qui a expliqué le raisonnement qui a conduit le gouvernement luxembourgeois à prendre une telle décision, a donc pu assurer à son homologue qu’elle ne constituait en rien un désaveu de la politique de l’Autriche en la matière. "Nous souhaitons rester avec un partenaire qui a partagé la même position pendant longtemps", a-t-il assuré.
"Ni l'Autriche, ni le Luxembourg ne sont des paradis fiscaux", a souligné lui aussi Jean Asselborn, ajoutant que "ce n'est pas comme si nous avions voulu être les bons et voir les Autrichiens désignés comme les mauvais". Il a en revanche fait part de son espoir que "dans la lutte contre les véritables paradis fiscaux, on agira aussi fermement qu'on l'a fait pour les petits pays de l'Union européenne". Et il a plaidé pour plus de transparence dans les discussions menées avec Londres sur les îles anglo-normandes, déplorant que les discussions se fassent "entre quatre yeux".
Les deux ministres se sont aussi prononcés en faveur de la mise en place d’une union bancaire qui doit protéger les épargnants à l’échelle européenne. Michael Spindelegger a ainsi plaidé pour un fonds que les banques alimenteraient elles-mêmes, tandis que Jean Asselborn a appelé la locomotive économique qu’est l’Allemagne à bouger dans ce sens.