Dans son édition datée du 4 avril 2013, l’hebdomadaire Le Jeudi publie un entretien que le secrétaire général du LSAP, Yves Cruchten, a accordé au journaliste Maurice Magar.
Pour Yves Cruchten, si les pays européens ont tant de mal à sortir de la crise, c’est que la politique européenne est conduite par des gouvernements qui sont tous, "à l’exception de la France, conservateurs et libéraux". Le pacte budgétaire est "largement marqué par ce libéralisme économique", déplore le secrétaire général du parti, qui juge que les critères de ce pacte sont "trop sévères et empêchent les investissements". Yves Cruchten est en effet "convaincu que la dette est une bonne chose si elle sert à financer les infrastructures ou la recherche, par exemple". Par ailleurs, il déplore que le pacte se limite au volet des dépenses quand il faudrait selon lui "une stratégie commune pour relancer la croissance", ainsi qu’une politique économique commune au service du marché intérieur.
"Il faudrait que les Etats de l’Union européenne arrêtent de se combattre mutuellement et de créer des richesses sur le dos des autres", plaide encore Yves Cruchten qui souligne que, pour être compétitive au niveau mondial, l’Europe doit rester unie. Or, "cela fait maintenant cinq ans que nous nous lamentons sur la crise, sans qu'il y ait de changements", regrette le secrétaire général du LSAP qui retient que "la seule voix qui s'élève dans tout ce brouhaha est celle de François Hollande".
La solution, ce serait selon lui d’expliquer aux gens que la situation est compliquée et qu'il faut garder à l'œil les dépenses, mais également faire contribuer les citoyens les plus aisés pour augmenter les recettes. Mais ce serait aussi d’arrêter le discours catastrophiste et de dire aux gens qu'ensemble il est possible de surmonter la crise. Ce qu’il appelle "un message socialiste ou social-démocrate".
Les partis membres du Parti socialiste européen (PSE) devraient s'unir et collaborer plus étroitement pour porter ce message à Bruxelles, préconise Yves Cruchten qui espère que les prochaines élections en Allemagne vont "changer un peu la donne". Selon lui, une coalition rouge-vert donnerait plus de poids au PSE, mais il a en revanche peu d’espoir que la situation ne s’améliore si Angela Merkel était réélue.
Lorsque le journaliste du Jeudi lui demande si la crise est à l’origine des sentiments anti-européens et de l’essor de l’extrême droite, Yves Cruchten se dit convaincu que "les gens croient encore en l'idée européenne", mais qu’ils n’ont "plus confiance en la politique parce qu’elle est devenue plus compliquée". Le chef économiste du FMI a récemment avoué que les conséquences de l’austérité sur la croissance étaient deux fois pires que ce qu'il avait prévu, rapporte Yves Cruchten qui dit comprendre que "ce genre de discours suscite la colère et le désintérêt des citoyens". Il trouve d’ailleurs "tout aussi compréhensible" qu’ils aient envie de voter pour un comique en Italie. En revanche, selon Yves Cruchten, l'émergence des droites n’est pas liée à la crise, ces mouvements ayant connu un essor avant qu’elle n’éclate. Un essor qu’il explique aussi par la complexité croissante du discours politique.